À Nuits, le « bourru » dévoile les vins de France

Les 21 et 22 octobre, la Fête du vin bourru de Nuits-Saint-Georges convie les vignobles de la France entière. Entre Languedoc, Bordelais, Corbières, Champagne, Beaujolais, Vallée du Rhône, Alsace, Jura et Muscat, on trouvera aussi quelques bourgognes. Mais laissons à Jacky Rigaux et Michel Smolarek le soin d’en parler.

© Clément Bonvalot

Par Jacky Rigaux et Michel Smolarek
Photos : Christophe Remondière

En 2017, la Fête du vin bourru innove doublement. Non seulement elle présente un salon des artistes de la Route des Grands Crus qui permettra de prendre le pouls de la créativité locale, mais elle propose aussi un salon des vins de toute la France. Dans un contexte quasi solennel, le comité de dégustation de dijonbeaune.fr et Bourgogne Magazine s’est intéressé à cette offre qui balaie une grande partie des vignobles de la France.
Jacky Rigaux nous en dit plus, laissant le soin à Michel Smolarek de commenter son coup de cœur : un saint-georges-saint-émilion de belle facture. Nul n’est prophète en son pays. Pour s’en assurer, rendez-vous samedi et dimanche sous les halles de Nuits-Saint-Georges…

La Bourgogne

À tout seigneur tout honneur, la Bourgogne est représentée par 4 domaines, du Chablisien au Mâconnais.


• Chablis (2015), domaine Gérald Lavantureux. Sa robe dorée tire l’œil, sa bouche ample est marquée par la générosité du millésime qui estompe la minéralité classique de ce beau vignoble septentrional.
11 euros.


• Bourgogne hautes-côtes-de-nuits, Les Dames Huguettes (2015), domaine Paul et Colette Simon. C’est un climat emblématique des Hautes-Côtes, offert dans un millésime exceptionnel. Attaque souple, texture soyeuse, arômes floraux et fuités, un vin gourmand, salivant, à la sapidité radieuse.
12 euros.


• Pommard, Les Vaumuriens, « Vieilles Vignes » (2015), domaine François et Sylvie Gerbeaut. Né au-dessus du village, sur un terrain très calcaire, sa vivacité est bien marquée, ses tannins encore un peu fermes, mais de belle facture, vont se déployer avec l’avancée en âge pour offrir une texture savoureuse.
25 euros.


• Saint-Veran, Champ Rond (2016) Rastin Vins. On est en présence d’une belle appellation Village qui mérite le statut de Premier Cru qui lui est promis. Belle attaque, longue texture soyeuse, arômes floraux et fruités délicats en rétro-olfaction, tout est là pour le plaisir, à l’apéritif ou en accompagnement de poissons ou de belles viandes blanches…
11 euros.

Ses proches vignobles

Entre Beaujolais, le voisin du sud, Jura, le voisin d’en face, l’Alsace, le vignoble plus à l’est, les terroirs bourguignons sont cernés. La preuve par trois.

• Chénas, l’un des dix crus du Beaujolais. Un vin magnifique, trop méconnu en raison de la possibilité qui lui est offerte d’être commercialisé sous le nom de son prestigieux voisin, Moulin-à-Vent. Avec le domaine des Bruyères, conduit par Nicolas et Sandrine Durand, il est revendiqué pour lui-même en millésime 2016. Une certaine légèreté sur une consistance affirmée, une vivacité alerte, une fin de bouche épicée. On peut se régaler dès maintenant sur la fraîcheur du fruit, mais on pourra l’attendre quelques années également sans problème pour qu’il délivre tout le message de son lieu de naissance.
10 euros.


• Le Vin Jaune, Côte du Jura 2006, domaine André Bonnot. Vin emblématique du Jura. Somptueuse robe dorée, nez envoûtant évoquant les épices les plus nobles, texture satinée, saveurs inimitables, longueur impressionnante. À déguster avec un comté ou une poularde au vin jaune et aux morilles…
22 euros.


• Alsace, domaine Fritz, Gentil d’Alsace. L’Alsace affirme haut et fort la qualité de ses terroirs qui ne se déclinent pas que sur le calcaire, mais également sur le granit, les schistes ou encore les roches volcaniques… C’est le vignoble le plus complexe au monde. C’est le Domaine Fritz qui le représentera avec en particulier son Gentil d’Alsace, terme utilisé aujourd’hui pour un vin élaboré par un assemblage de cépages, une ancienne tradition locale. Belle livrée dorée, nez avenant, bouche souple.
7 euros.

Vins d’ailleurs

Bordelais, Vallée du Rhône, Champagne, Languedoc et Muscat, les plaisirs n’ont pas de frontières. A chacun de choisir son passeport pour la table !

Le Bordelais sera présent avec Château Divon 2012, sis sur Saint-Georges-Saint-Emilion. La dimension argileuse du terroir génère une belle texture, une bouche aux séduisantes rondeurs, des arômes évoquant les fruits noirs. Bordeaux tiendra son rang ! Le coup de cœur de Michel Smolarek, qui nous le présente en ces termes : « La robe est d’un rubis pourpre sombre et brillante. Le nez est très mûr, sur des notes des notes de cassis, myrtilles, balsamique, cuir fin et tabac. La bouche est imposante, pleine complexe et profonde, belle persistance tannique bien intégrée, équilibrée par une finale alliant finesse et épices, d’une bonne longueur en fin de bouche. À servir à 16° en carafe de préférence afin d’assouplir la texture, accompagné avec une côte de bœuf rôtie de Charolles aux cèpes. »
10 euros.


• Vallée du Rhône. C’est un village du Vaucluse qui portera les couleurs du vaste et beau vignoble de la Vallée du Rhône : beaumes-de-venise 2013, domaine Le Rocher des Dames, 2013. De ses sols légers, peu caillouteux, composés de calcaires tendres harmonieusement mariés à des molasses sableuses, naît un vin souple au nez agréable qui se dégustera dès maintenant et escortera par exemple un tendre gigot d’agneau.
10 euros.


• Languedoc. Le vignoble du Languedoc sera présent avec le plus « montagnard » de ses terroirs, Les Corbières, millésime 2015, domaine Fanny Tisseyre, « Grain de fanny ». Chaleureux et généreux, tout en rondeurs, il est « le rouge à palabrer ».
10 euros.


• Champagne ! La fête du Vin Bourru ne saurait se faire sans le vin de la fête par excellence, le Champagne ! Il s’exprimera avec brio en version rosée, avec un vigneron de l’Aube, Dominique Cousin. Nez très élégant de groseille et de framboise, belle attaque, jolie consistance, bouche gourmande, on le dégustera à l’apéritif ou à table.
16 euros.


• Muscat. Pas de belle dégustation de beaux vins de France sans un vin mœlleux ou liquoreux. C’est le muscat de Frontignan du Mas de la Plaine Haute d’Olivier Robert qui officiera. Très beau vin avec ses délicates évocations de fleur de raisin et de fruits blancs, de pêche en particulier, avec une bouche remarquablement équilibrée en fraîcheur et suavité, noble rencontre du sucre et de l’acidité. Sapidité remarquable.
9 euros.