Dijon rêve d’une côte

© CBonvalot
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Dijon et le Dijonnois rêvent d’une consécration pour leur futur climat vedette Le Chapitre, d’un destin œnotouristique pour le domaine de la Cras, voire d’une côte viticole à leur nom. Jouable.

Dimanche soir, Dijon a connu sa première paulée. 150 personnes réunies dans le cellier de Clairvaux, représentant les vignobles de la Bourgogne et de l’Afrique du Sud, l’invité d’honneur de la Foire gastronomique. Les échanges furent riches, les promesses nombreuses, mais ce n’est là, finalement, que la partie visible d’une montagne d’intentions pour favoriser les rêves de vin de la capitale bourguignonne.

Dans son numéro de novembre, le mensuel gratuit Dijon-Beaune Mag(*) consacre ainsi un dossier à ces liaisons torrides et tourmentées entre Dijon et le vin. « Au début du XIXème siècle, rappelle Jacky Rigaux, Dijon et Beaune ont pratiquement la même population (ndlr : 25 000 habitants) et leur réputation viticole est d’égale importance. » Pendant que la deuxième choisira la voie du négoce plutôt que de grossir, la première fera le pari de l’industrie et de la démographie galopante. Le Montre-Cul, le Clos du Roy à Chenôve, le vin de Talant, mais aussi et surtout l’excellent Chapitre que l’on dit promis à un classement supérieur (digne d’un grand cru ?), sont les survivants banlieusards de l’hécatombe viticole. Il a même fallu compter sur Robert Poujade, en 1981, pour replanter quelques ceps aux Marcs d’Or, après 14 années d’une totale disparition de la vigne sur la commune même.

Le ban dijonnais

Puis il y a le cas du domaine de la Cras. Neuf hectares sur des parcelles situées entre 360 et 400 mètres d’altitude à Plombières. Du pinot et du chardonnay, nourris par les vertus géologiques du calcaire et de la pierre de Dijon. Ce vignoble, comparable à certains Hautes Côtes de Nuits selon Jacky Rigaux, attend son vigneron. C’est au Grand Dijon qu’il appartient de le choisir. Les résultats de l’appel d’offres seront bientôt révélés, avec un projet œnotouristique à la clé. Il semblerait que La Cras sera confié à un jeune viticulteur, qui travaille actuellement dans un domaine de Vosne-Romanée ayant lui-même un pied dans le Dijonnois. Mais peu importe qui. Le plus encourageant est de voir à quel point la future Cité de la gastronomie qui se profile à l’horizon 2016, donne à Dijon l’envie de réapprendre le vin. Et pourquoi pas de rêver à l’émergence d’une troisième côte viticole en Côte-d’Or, réunissant tout le potentiel du Dijonnois.

Désormais engagé aux côtés des autres élus dans une démarche de reconnaissance par l'Unesco, François Rebsamen doit tirer la pleine mesure de ce que lui apporte le petit domaine viticole réveillé par son prédécesseur Robert Poujade. Exploitant du domaine de la Ville, Pierre Derey fournit chaque année des bouteilles de chardonnay et de pinot noir (photo archive © JLPetit - 2008)
Désormais engagé aux côtés des autres élus dans une démarche de reconnaissance par l’Unesco, François Rebsamen doit tirer la pleine mesure de ce que lui apporte le petit domaine viticole réveillé par son prédécesseur Robert Poujade. Exploitant du domaine de la Ville, Pierre Derey fournit chaque année des bouteilles de chardonnay et de pinot noir (photo archive © JLPetit – 2008)

François Rebsamen ne l’a jamais caché, le chemin sera long et l’approche devra être pédagogique. Dijon-Beaune Mag, pour en avoir le cœur net, a donc sondé plus de 1100 Dijonnais sur leur connaissance de l’histoire des vins dans leur cité. Les questions, de l’aveu même de leurs concepteurs étaient piégeuses. Mais à la lecture des réponses, on s’aperçoit quand même que la majorité des Dijonnais pensent que le ban bourguignon est né dans le château du Clos de Vougeot plutôt que dans leur ville. Et bien non, l’hymne bourguignon serait le fruit de l’imagination stimulée de quelques francs buveurs du quartier de Montchapet. Qu’ils en soient fiers !

Dominique Bruillot

(*)Numéro disponible sur internet dès demain, en version papier dès la semaine prochaine

DBM36-01-COUV

Voir aussi notre article sur Les Climats