Gustave Jossot, le Dijonnais révolté

Né à Dijon en 1866 et mort à Sidi Bou Saïd (Tunisie) en 1951, Henri Gustave Jossot est une référence en matière de caricature de presse, une source d’inspiration pour l’équipe de Charlie Hebdo notamment. Le grand public peut le (re)découvrir à l’occasion de l’exposition que lui consacre la Région Bourgogne.

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Par Amandine Eymes
Extrait du dossier « Esprits libres » publié dans Dijon-Beaune Mag

Si, pour de nombreux Dijonnais, le nom de Gustave Jossot n’évoque pas grand-chose, de nombreux dessinateurs de presse, parmi lesquels Cabu et Honoré, le considèrent comme une référence majeure. En hommage à cette figure emblématique de la liberté de la presse, la Région Bourgogne a renouvelé son exposition sur le caricaturiste dijonnais Gustave Jossot. L’occasion de découvrir un aperçu de son œuvre variée (dessins, mais aussi affiches ou peintures à l’huile orientalisante), à côté de dessins originaux des auteurs disparus dans l’attentat de janvier dernier.

Gustave Jossot publie ses premiers croquis dans la presse dijonnaise alors qu’il n’a que 20 ans. A partir de 1894, il collabore à La Plume, revue de l’avant-garde symboliste. Il s’attaque férocement aux principales institutions de la société: la bourgeoisie, le gouvernement, l’armée ou l’Eglise. A la veille de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il publie A bas les calottes!, l’une des premières affiches politiques illustrées en France, mais également trois albums (Artistes et bourgeois, Mince de trognes et Femelles!), ainsi que de nombreuses caricatures dans le journal satirique L’Assiette au beurre dont il est l’un des principaux collaborateurs. Son humour virulent et son trait acerbe font de lui l’un des caricaturistes les plus célèbres de son temps, la Belle Epoque.

Converti à l’islam

En 1896, la mort tragique de sa fille marque une rupture et transforme sa révolte en misanthropie. Il quitte l’Occident pour l’Orient, et s’adonne à la peinture. Provocateur et curieux, il se convertit à l’islam proche du soufisme et se fait appeler Abdu’l-Karim, « l’esclave du Généreux », avant de reprendre quelque temps après ses habits d’occidental et son nom. Il meurt à Sidi Bou Said (Tunisie) en 1951 après avoir rédigé ses mémoires, Goutte à goutte, qui n’ont jamais été éditées.

Son coup de crayon avant-gardiste lui a pourtant largement survécu, inspirant encore plus d’un dessinateur de presse: Cardon, dans Le Canard Enchaîné, Riss ou encore Honoré se sont notamment approprié sa frise Les Oies, parue dans L’Assiette au beurre (voir ci-contre) qui assimilait le comportement grégaire de l’Eglise à un troupeau d’oies.

*Gustave Jossot, l’artiste révolté, du 6 février au 25 mars, à l’hôtel de la Région Bourgogne (galerie François Mitterrand), 17 boulevard de la Trémouille, à Dijon. Entrée libre de 9 à 18 heures du lundi au vendredi.

Avant-gardiste, Gustave Jossot a inspiré de nombreux dessinateurs de presse. Critique de l’Eglise catholique, Les Oies ont notamment été détournées par Cardon, Riss et Honoré.