La Saint-Vincent à Saint-Aubin: nos meilleurs rouges

© Clement Bonvalot
© Clement Bonvalot

Historiquement, le rouge dominait à Saint-Aubin. Aujourd’hui il représente à peu de choses près un tiers de la production locale. A l’approche de la Saint-Vincent, c’est l’occasion ou jamais de se souvenir que la Côte de Beaune aime aussi beaucoup le pinot noir. Jacky Rigaux nous explique pourquoi et propose une sélection des meilleurs flacons de l’appellation. En toute modération, bien entendu. 

Diversité des sols et des sous-sols, diversité des expositions, diversité des pentes, présence d’argiles de factures différentes selon les endroits, un zeste de marnes ici, plus de limons là… tout est rassemblé à Saint-Aubin pour faire chanter le pinot. Moins connus, mais aussi fiers de leur terroir d’origine qu’ils révèlent dans une diversité d’expression enchanteresse, les saint-aubins rouges sont de plus en plus recherchés. Comme à Chassagne, ils représentaient la moitié de l’encépagement à la fin du XIXe siècle. Et, comme à Chassagne, avec encore plus d’évidence, ils s’imposent avec tendresse et fruité, accentuant ici une texture veloutée, là une consistance plus soyeuse, un peu plus loin une éclatante vivacité qui fait vibrer une chair gourmande, après encore une présence tannique un peu austère dans leur jeunesse, mais qui se déploie sur une sensation satinée avec l’âge… Bref, l’amateur averti comme l’amateur en quête d’initiation trouvent en ce beau finage de Saint-Aubin une mine inépuisable d’émotions gustatives sans cesse renouvelées. Comme partout dans la Côte, le vieillissement transcende ces beaux vins rouges, des vins de haute gastronomie , accompagnant viandes rouges ou en sauce, gibiers à poil ou à plume, volailles rôties ou truffées, fromages affinés… et, pourquoi pas aussi, les préparations au chocolat.

C’est en quittant le village de Saint-Aubin pour rejoindre La Rochepot que l’on trouve les plus nombreux climats aptes à faire vibrer le pinot : on commence avec Sur le sentier du Clou, qui réussit fort bien au chardonnay également, pour terminer avec En l’Aubépin qui donne l’exclusivité au pinot, en passant par En Choilles, Le Puit, Les Castets, Le Ban, Champs Tirant, Les Pucelles… Dans le prolongement des célèbres premiers crus emmenés par En Remigny qui prolonge le célébrissime Montrachet, on trouve également quelques climats rouges, En Gamay, La Fontenotte, Sous les Foires, En Goin… et Derrière chez Edouard qui, lui, s’affiche dans les deux couleurs !

Saint-Aubin 1er cru, Sur le Sentier du Clou, 2011, domaine Larue

2011 est l’année des « climats » qu’elle révèle admirablement sur les vins qui en naissent, dès leur jeunesse. Démonstration avec ce vin qui s’impose dans sa stature minérale de manière éclatante. Belle attaque souple et fraîche, vivacité alerte qui fait chanter une remarquable consistance, grande texture veloutée. Charnu, gourmand et minéral dans un même élan… tout est en place pour un grand vin d’équilibre et de force. Le ton est donné, on est bien ici dans le concert des grands vins rouges bourguignons !

Saint-Aubin 1er cru, Derrière la Tour, 2011, domaine Jean-Claude Bachelet

La robe est d’un beau rubis éclatant, brillante et limpide. Elle « tire l’œil » selon la belle expression du regretté pape des vignerons, Henri Jayer ! Promesse d’un beau vin… L’attaque est franche, laissant s’exprimer une délicate vivacité qui laisse le vin s’épanouir sur une longue texture, une densité qui monte en puissance pour donner une finale longue, de belle intensité aromatique sur les épices, les fleurs et les fruits… « Un vin ambitieux, sophistiqué, de grande gastronomie », laisse échapper un des dégustateurs enthousiasmé par ce grand vin.

Saint-Aubin 1er cru, Derrière chez Edouard, 2011, domaine Hubert Lamy

Olivier Lamy, le fils d’Hubert, est un des jeunes vignerons les plus brillants de Bourgogne. Passionné par cette belle philosophie des climats, il s’emploie à les faire vibrer en blanc, comme en rouge. Ses blancs avaient enthousiasmé le comité de dégustation de la revue Bourgogne Magazine, ses rouges ont confirmé le talent du vigneron ! La matière est dense mais énergique, elle entre en bouche avec souplesse et délicatesse pour s’imposer en une texture soyeuse qui laisse s’exprimer une belle rétro-olfaction sur des éventails de notes florales, épicées, puis de nectar de fruit…

Saint-Aubin 1er cru, Derrière chez Edouard, 2012, Domaine Hubert Lamy

Confirmation de la grandeur du climat Derrière chez Edouard en rouge, avec la version 2012 ! La robe est brillante, tirant l’œil avec les prémisses du grand vin… L’attaque est un peu plus ferme qu’en 2011, mais la consistance s’impose également avec grâce, transcendée par une noble vivacité qui laisse la dimension minérale se déployer subtilement. La finale se donne sur une note de poivre blanc des plus éclatantes. « Ce vin accompagnera magistralement une belle entrecôte charolaise persillée, grillée sur son socle de fonte », selon les dires d’un dégustateur en train de saliver !

 

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