Carrière de Villars-Fontaine: les Climats de Bourgogne en feront un haut lieu du spectacle

Villars-Fontaine a racheté sa carrière abandonnée. Pierre Lignier, maire du village et créateur du festival Vill’art, promet d’en faire un lieu multiculturel à l’échelle de la Bourgogne-Franche-Comté. Le Plan paysage bassin carrier de Comblanchien mis en place dans le cadre de l’inscription des Climats de Bourgogne au patrimoine mondial devrait l’y aider.

Villart

Par Dominique Bruillot
Photo: Jean-Luc Petit, D.R.

Il était une fois, à mi-chemin entre Villars-Fontaine et Nuits-Saint-Georges, dans le territoire des Hautes Côtes, une carrière abandonnée, livrée à elle-même, abusivement squattée par quelques golfeurs sans herbe et autres tagueurs plus ou moins inspirés. Sans oublier tous ces indélicats qui y laissent leurs remblais. Son dernier exploitant a rendu l’âme, mort sur un front économique parfois difficile pour les carriers. Depuis, elle semble tombée dans l’oubli.

Cette carrière n’est pourtant pas anodine, elle a du caractère. Elle a de la gueule même. La grande plaie ouverte dans le flanc de la Côte ressemble à un cirque, un peu comme on en trouve dans les montagnes voisines du Jura. Elle a tout donné de ses entrailles pour construire et magnifier la Bourgogne, pour autant, ne pourrait-on pas lui accorder une nouvelle vie? Après tout, que recommande expressément l’Unesco dans le cadre l’inscription de nos Climats au patrimoine mondial? Un vaste « plan paysage du bassin carrier » n’est-il pas engagé pour concilier l’histoire d’une exploitation avec la dimension patrimoniale d’un secteur désormais placé sous haute surveillance?

200 mètres linéaires, 13 à 15 mètres de hauteur: la carrière de Villars offrira le grand show promis sur fond de pierre de Comblanchien. ©D.R.

Le Cirque des Climats de Bourgogne

Pierre Lignier, dont on connaît l’infatigable esprit d’entreprise au service des arts, créateur du festival Vill’art et de Clim’art, a pris les devants. La commune dont il est le maire a fait l’acquisition de ladite carrière en ce début d’année. Il dira, mercredi soir, devant le comité de pilotage du Plan paysage bassin carrier de Comblanchien réuni à Nuits-Saint-Georges, pourquoi et comment il faudra faire de ce site « un lieu unique en Bourgogne-Franche-Comté, avec l’ambition d’être la vitrine culturelle incontournable dédiée à des événements culturels et artistiques en plein-air, tirant parti de la singularité du lieu pour oser toutes les programmations! » Une longue phrase qui ouvre le champ des possibles, vers un no limit créatif. Rock, classique, folklore ou jazz pour ce qui est de la musique; théâtre, danse ou spectacle de rue pour ce qui concerne l’expression corporelle; festival ou one-man show; humour ou drame, son et lumière ou séance de cinéma grandeur nature… ici, à Villars-Fontaine on the roc, tout est désormais possible.

PIERRE LIGNIER JLP
Pierre Lignier, maire de Villars-Fontaine, « exploitant carrier culturel » depuis le début de cette année. ©Jean-Luc Petit

Une fois encore, le pari n’est pas mince. Le site fermé, d’une surface de plus de 2 hectares, permet « un espace suffisant pour recevoir public et installations dans des conditions optimales ». Avec 12 à 15 mètres de hauteur, sur 200 mètres linéaires, le cirque de pierre de Villars, que l’on oserait déjà baptiser le « Cirque des Climats de Bourgogne », est un fond visuel aux dimensions épiques. Imaginons un seul instant ce que peut offrir un tel décor aux « façades très lisses, de teintes claires, au veinage naturel de la pierre de Comblanchien! » De quoi faire pâlir d’envie, toutes proportions gardées, Vienne, Avignon, Aix-en-Provence et tous les sites qui font le pari du plein-air artistique.

Street Art on the roc

On se souvient qu’en 2013, l’événement Climats on the roc avait attiré 4500 personnes dans un même esprit. Une étude approfondie du site, « définie dans le cadre des actions retenues par la Communauté de communes, maître-d’œuvre du projet d’aménagement des sites carriers », devrait être conduite assez rapidement. Pour une exploitation que Pierre Lignier prévoit dès l’été 2017.

2016 sera donc une année de transition; celle du nettoyage des graffitis sauvages, des mousses sur les parois verticales, du nivellement des sols, de la purge des cailloux en haut des falaises er de l’aménagement des accès. La sixième édition de Vill’Art aura lieu du 21 au 28 août de cette année. Le festival profitera d’un aménagement a minima du site pour y organiser Street Art on the roc, un événement d’appel à la découverte de la carrière. Il s’agira, avec le soutien de la Drac, de mettre à profit la mise à nu des façades pour exécuter des fresques monumentales.

« En invitant des artistes à partager leur créativité, leur tracé, leur gestuelle, tout en explorant les valeurs des territoires des Climats de Bourgogne, c’est une manière de donner une deuxième vie à ce lieu et à notre patrimoine », en conclut Pierre Lignier. Le multiculturel au service de l’universel est, il est vrai, une bien belle approche de notre relation aux paysages inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité.