L’immobilier pour des prunes ?

Nos politiques ont sans doute d’autres dossiers au sommet de la pile… Tout de même, l’immobilier et la politique du logement demeurent des piliers du quotidien. À ce sujet, le nouveau gouvernement semble tiraillé de part et d’autre. Ce qui, dans le pire des cas, ne fera pas les affaires de chacun.


Par notre chroniqueur immobilier
Cyrille de Crépy (Sopirim)

Jamais l’immobilier n’aura à ce point été absent du débat électoral présidentiel. Personne ne peut affirmer qu’il en sera de même concernant la politique du logement de ce nouveau gouvernement. Le candidat Macron avait annoncé « vouloirfaire perdurer les dispositifs fiscaux existant, pour redonner confiance aux investisseurs mais aussi aux promoteurs » qui s’engagent sur des cycles longs de production (environ quatre ans) et qui ont besoin d’une certaine lisibilité.

Retard rattrapable, mais…

Le dispositif actuel Pinel donne de bons résultats en matière d’emploi du bâtiment maintenus, voire créés. Autre point positif, est en train d’être rattrapé le retard pris dans la construction par rapport à la feuille de route annoncée par les précédents gouvernements. On ne vas pas vous faire un dessin : cela participe considérablement à la croissance de l’économie nationale. Maintenir la loi Pinel serait un gage de stabilité. Ne dit-on pas « quand le bâtiment va, tout va » ?

Cependant, la disparition d’un ministre du logement dédié, fusse-t-il englobé dans le terme « ministre de la cohésion des territoires » (poste auparavant occupé par Richard Ferrand, désormais par Jacques Mézard) ne ressemble par au message positif que nous attendions. La compétence semble dévolue au ministère de la cohésion des territoires par la seconde partie de l’article 1er du décret n°2017-1075 du 24 mai 2017 (pardon pour cette partie indigeste), mais cette autorité sur les hautes sphères de l’aménagement, du logement et de la nature se partage avec Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire. L’entente promet d’être limitée…

Le risque des investissements en bourse

Lors de la campagne, le candidat Macron avait annoncé un moratoire des nouvelles normes qui renchérissent le coût de construction avec, pour certaines, une  efficience limitée, voire une perte de qualité d’usage tout en désolvabilisant notre clientèle. Il n’est pas fou de se demander comment tenir cette promesse avec une compétence tiraillée entre une politique écologiste du logement, certes volontariste mais dispendieuse, et une nécessitée de rendre du pouvoir d’achat aux acquéreurs.

De surcroit, la volonté de réformer la fiscalité pour « taxer la rente immobilière » et ainsi favoriser les investissements productifs ne devra pas se traduire par une taxation de l’immobilier sans discernement de l’investissement dans le logement neuf. Ce dernier point est en effet un vecteur d’emplois non délocalisables en France et de croissance. Sinon, l’investissement des particuliers se reportera sur les valeurs boursières de groupes dont l’optimisation fiscale et le goût de la délocalisation n’est plus à démontrer… Ne gémissons pas, mais espérons de la qualité d’écoute chez le président Macron.