Meurtres en Bourgogne, encore un téléfilm au goût de bouchon

Diffusé pour la première fois le 26 décembre sur France 3, le bouchonné Meurtres en Bourgogne mène une fois de plus au constat que la Bourgogne subit une maltraitance audiovisuelle et cinématographique assez chronique. Peut-être est-elle trop complexe ? Petit coup de gueule, car c’est la vraie Bourgogne qu’on assassine.

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Par Dominique Bruillot

Meurtres en Bourgogne s’inscrit dans la collection policière Meurtres à…, une série de téléfilms dont l’intrigue est un prétexte pour découvrir nos patrimoines régionaux. Soit. À chaque fois, l’histoire se déroule dans un village ou une région française différente. Réalisée par Jérôme Navarro, cette recette est louable dans ses intentions, mais le résultat est, en qui nous concerne, plutôt indigeste.

Dans les épisodes bourguignons, on parle ainsi d’un aristocrate fin de race au style gothique, marquis descendant d’un duc de Bourgogne bidon, chantre d’une confrérie risible de grands bourgeois affairistes réunis sous la coquille de l’escargot dans son château de Commarin, chroniqueur gastronomique « influent et implacable » et gros niqueur insatiable. Mais dans ce téléfilm soi-disant dédié à la cuisine et à la Bourgogne, on ne parle ni de cuisine ni de vin. C’est à peine si on survole quelques clichés.

Comme dirait Chichi, en voilà une histoire abracadabrantesque. Celle d’un ancien flic converti en chef étoilé meurtrier, qui est l’homme à abattre d’un pitch à deux balles : une dans le crâne d’un commissaire en 99, l’autre dans le pare-brise de sa fille elle-même devenue commandant de police, 16 ans plus tard. Pour brouiller les pistes, l’assassin confronte la cuisine moléculaire au génie de Buffon dans une mise en scène épuisante de ridicule.

Quand la Bourgogne aura-t-elle droit à la représentation qui lui est due ?

Américanisés façon « Experts », les bureaux du commissariat de Dijon sont transportés dans les locaux flambants neufs de la CCI boulevard Carnot sous le seul prétexte de nous offrir quelques cartes postales de la ville. De quoi faire rire (jaune) les flics de la place Suquet pas vraiment logés à la même enseigne.

Que dire d’autre sur ce téléfilm une fois de plus navrant pour l’image de la Bourgogne, que nos subsides ont soutenu et qui a tout de même attiré 4,1 millions de téléspectateurs pour son épisode du 3 janvier…

Bref, après le très superficiel et caricatural Premiers crus et la poussive série Le sang de la vigne, on a décroché le pompon sur France 3 hier soir. Quand la Bourgogne aura-t-elle droit à la représentation qui lui est due ? Cédric Klapisch, dont le film Ce qui nous lie sortira le 14 juin, va-t-il enfin sauver notre région de cette maltraitance audiovisuelle et cinématographique à répétition ? On va brûler un cierge pour ça. Ou boire une bonne bouteille, ce sera toujours ça que les ignares n’auront pas !


Meurtres en Bourgogne : bande-annonce

À lire aussi : le reportage de Sparse, dont les auteurs avaient assisté au tournage à Dijon en juillet 2015. On sentait alors l’excitation (légitime, après tout) à l’époque. Au final, ont-ils apprécié le résultat?