Patois bourguignon made in Berlin

Le patois bourguignon ? Et si c'était un allemand qui nous en parlait le mieux ?
Le patois bourguignon ? Et si c’était un allemand qui nous en parlait le mieux ?
©DBB

Alors étudiant à Berlin, Wulf von Kries découvre Saint-Romain en 1960. Cinquante ans plus tard, l’idylle continue. Elle vient même «d’accoucher» d’un petit glossaire fort réussi, une petit décile qui vous évitera de devenir un Bôchon d’épeurne.

C’est dans les vignes que Wulf von Kries fait ses premiers pas en Bourgogne. Nous sommes au début des années 60. Etudiant en droit à Berlin, il découvre alors Saint-Romain. « J’ai vu une annonce à l’université et via l’ANPE, je suis arrivé dans une famille de vignerons pour participer aux vendanges, se souvient celui qui n’a plus quitté le village depuis. J’y suis revenu rapidement deux ou trois fois, puis mon père a décidé, en 1962, d’y faire l’acquisition d’une maison secondaire. Une ancienne maison vigneronne à Saint-Romain-le-Haut. » 

Par la suite, durant toute sa carrière professionnelle brillamment menée au Centre aérospatial allemand à Cologne, ce juriste va passer une grande partie de ses week-ends et de ses vacances en famille à Saint-Romain. Petit à petit, ces « estrangers » vont être adoptés par les gens du village. Aujourd’hui en retraite, Wulf partage sa vie entre le canton de Berne en Suisse et sa maison de la Côte de Beaune. Passionné par les mots, il a décidé d’écrire sur son village bourguignon. Un premier ouvrage Le village de Saint-Romain vu par un amateur d’outre-Rhin, paraît en 2008, suivi au printemps dernier par un petit glossaire issu du folklore local. « Rapidement, je me suis intéressé à ces mots de patois qui émaillaient les conversations, les noms de lieux aussi. J’ai très vite cherché à comprendre leur étymologie, et j’ai commencé à les noter sur un carnet. Au fur et à mesure, les mots se sont accumulés et, il y a quelques années, l’envie m’est venue d’en faire un livre. Mais attention, pas un ouvrage savant ! Je n’avais aucune prétention scientifique, mais j’ai voulu faire un livre coup de cœur, le travail d’un ami allemand passionné. ». Un beau projet qui a débouché sur un petit livre exquis, mis en mots grâce aux témoignages de certains habitants du village et au nom « d’un patrimoine culturel menacé de toute part« .

Merci à Wulf von Kries de nous avoir permis de publier quelques mots de son Petit glossaire de Saint-Romain (éditions Vonkries, juin 2013), en vente (20 euros) notamment à L’Athéneum à Beaune.

Mots choisis

DBB1
©DBB

Arpion : enfant polisson, gosse dégourdi (dans ce sens, vient probablement de « harpioner », c’est-à-dire quereller, disputer), mais le terme a aussi le sens d’orteil, les doigts de pied étant appelés les « artos » en patois.

Bôchon d’épeurne : buisson épineux, roncier ; se dit aussi d’une personne malgracieuse, irascible inabordable.

Ecouetté : être écouetté signifie être très fatigué, écrasé, effondré. Ainsi les hommes en rentrant des vignes disaient qu’ils étaient écouettés.

Gandoise : histoire mensongère, blague (raconter des gandoises) ; les « gandoiseries » sont des histoires un peu frivoles.

Lôner : tarder à travailler, ne rien faire, perdre son temps ; des lôneries sont des affaires qui vont lentement.

Pigueugner : picorer, manger du bout des lèvres. Synonyme de piocher également.

Reuillot : le rhume ou la « crève » plus familièrement. Avoir le reuillot, c’est être enrhumé, avoir la voix voilée, enrouée.

DDB3
©DBB