14-18: la Veuve Ambal sur le front… épistolaire

« N’oublie pas de m’écrire… »: c’est le titre d’une exposition à voir encore jusqu’à la fin de la semaine dans les locaux de la maison Veuve Ambal à Montagny-lès-Beaune. C’est surtout une histoire, celle du soldat Toinot et de sa belle, Mamad. Durant une grande partie de la Première Guerre mondiale, les deux époux vont échanger leurs cartes postales au cœur de l’histoire.

Par Michel Giraud – Document : Anonyme, Cartes postales patriotiques, années 1910 © musée Nicéphore-Niépce, Ville de Chalon-sur-Saône

gloire à la France

« Le 7 mars 1915 / Ma chérie / Deux mots pour te donner de mes nouvelles qui sont excellentes. J’espère qu’il en est de même chez vous. Il y a trois jours que je ne t’ai pas écrit car je n’ai pas eu le temps, je me suis déplacé hier et avant-hier et je n’ai pas eu un moment pour t’écrire. Je suis à Euville à 5 k. en avant. Tu vois que ça va bien puisqu’on avance. Je t’assure que j’ai eu beaucoup de travail pour installer une nouvelle infirmerie, car nous ne pouvions pas trouver de local, enfin après m’être débrouillé j’ai trouvé un petit logement, et surtout une brave femme pour faire notre popote. […]  J’ai trouvé enfin, nous sommes très bien, nous mangeons dans des assiettes et nous buvons dans des verres, tu vois mon ange que nous ne souffrons pas. Je sais me débrouiller pour mes hommes. Je couche dans la paille, mais demain, je peux avoir un lit chez de braves personnes qui me l’ont offert. (…) » 

En cette année de commémoration du centenaire du début de la Première guerre mondiale, ce plongeon dans les collections du Musée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône prend tout son sens. Ce dernier a conservé la quasi-totalité de la correspondance d’un couple bourguignon. Toinot est parti au front, sa dulcinée, Madeleine, est, elle, restée chez eux, dans les environs de Chalon-sur-Saône.
« Comme tant de soldats partis au combat dès le mois d’août 1914, Antoine tente de rassurer son épouse, précisent les documentalistes du musée Niépce. Au fil de sa correspondance avec Madeleine, il réitère inlassablement les mêmes propos rassurants, seuls à pouvoir passer le contrôle de la censure mise en place par l’armée. En plein conflit, ce sont des millions de cartes et de plis, bénéficiant le plus souvent de la franchise postale qui transitent journellement par le Bureau central de la poste militaire. Ces images à caractère nationaliste – mise en scène de studio ou photomontages – sont éditées dans toute la France, et particulièrement à Lyon. Outre les pensées affectueuses qu’elles véhiculent, elles sont comme les photographies diffusées par la presse, un outil de propagande contrôlé. »

Ce jour de mars 1915, Toinot adresse une nouvelle missive à son épouse. Volontairement positive, volontairement rassurante. Comme celle-là il y en aura des dizaines, pendant toute la durée du conflit. Des milliers même, quotidiennement, pour rassurer les familles, avec des écrits souvent éloignés des réalités de la guerre. Certains poilus auront quand même trouvé dans ces correspondances un moyen d’extérioriser leurs angoisses. D’autres pour ne pas être oubliés. Tout simplement. Un témoignage émouvant précieusement valorisé par le musée Nicéphore-Niépce.

www.museeniepce.com ou 03.85.48.41.98

Cartes postales de poilus

lettre

Dans le cadre du partenariat noué il y a quatre ans avec le musée Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône, dont elle est l’un des mécènes, la maison Veuve Ambal (Le Pré Neuf à Montagny-lès-Beaune) accueille, jusqu’au 31 août, une exposition mettant en scène quelques-unes de ces cartes postales de poilus. Une exposition à double sens, entre récits de guerre et découverte de ces cartes postales typiquement Belle Epoque qui servaient à l’échange.

Entrée libre. www.veuveambal.com – 03.80.25.90.81