159e Vente des vins des Hospices de Beaune : record or not record ?

589 pièces de vin du domaine des Hospices de Beaune pour la bonne cause. Tel est l’enjeu de cette 159e vente aux enchères placée sous la présidence d’Ophélie Meunier, Tony Parker, François-Xavier Demaison et Christophe Lambert. À votre bon cœur !

Ludivine Griveau, régisseuse du domaine des Hospices.

Par Alexis Cappellaro

Soudain, un gilet jaune d’une autre nature trouble la halle de Beaune. C’est la stupeur dans l’assistance de la conférence de presse du BIVB, à quelques heures de l’ouverture de la vente. Vêtue aux couleurs flavescentes de la côte, la très élégante journaliste Ophélie Meunier donne le ton d’entrée pour cette 159e vente des Hospices de Beaune : lumineuse.
Elle est escortée par François-Xavier Demaison, l’autre parrain de l’association Autour des Williams. Tony Parker enfilera son maillot de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière dans le tout dernier quart temps, au moment de la vente de la pièce de charité (228 litres de corton Bressandes). Gérard Depardieu, certainement bien où il est, paisible, à la fraîche, décontracté du « blanc », a été remplacé en dernière minute par Christophe Lambert. Voilà pour les « peoples » en première ligne de cet événement hautement caritatif. 

C’est qu’il y aura de grandes causes à défendre, cela va de soi, et un millésime 2019 unanimement présenté comme « dans la droite lignée des années en 9 » à vendre au quatre coins du monde. Cette année fut toutefois « singulière et extrêmement contrastée, avec son lot de stress », reconnaitra François Labet, le président du BIVB. Le gel habituel, une floraison délicate en juin, des bourrasques de vent parfois destructrices, une canicule perturbant les maturations… Tout n’a pas été rose au pays des rouges et blancs, mais les vendanges se sont déroulées dans des conditions optimales, offrant finalement des raisins « à pleine maturité, équilibrés, joliment millerandés ». Il y en aura certes moins cette année : d’après les estimations du BIVB, la Bourgogne a produit 1,2 million d’hectolitres (quelque chose comme 160 millions de bouteilles), contre 1,8 million l’an passé. Sur la dernière décennie, seul l’ingrat 2003 a fait moins, ce qui est notable.

François Labet, président du BIVB.
Ophélie Meunier et François-Xavier Demaison, deux des présidents, présents le matin pour la traditionnelle conférence de presse de l’interprofession.
Christophe Lambert dans la cour des Hospices de Beaune, au côté du maire Alain Suguenot.

Encore un casse-tête

De son côté, fidèle à ses principes, le domaine des Hospices de Beaune conduit par Ludivine Griveau a fait état d’un « casse-tête pour l’élaboration du planning de vendanges, avec une approche encore une fois par climats », chose devenue habituelle ces dernières années. Il parait que le jeu en vaut la chandelle. Un confrère habitué à déguster les vins primeurs du domaine a osé un constat qui n’engage que lui : en 40 ans de carrière, il n’a jamais vu pareille qualité. La régisseuse s’en est trouvée naturellement émue, ce qui dit beaucoup de son engagement et de la charge émotionnelle d’un événement au rayonnement planétaire, de ce troisième dimanche de novembre pas comme les autres.

Cette qualité, il faudra que les acheteurs en soient intimement persuadés pour passer à l’acte. Le record historique de 2018 (14,2 millions pour 828 pièces) n’a aucune chance d’être bousculé compte tenu des 589 pièces en vente cette année. Subsiste un espoir pour la pièce de charité, dont le record datant de 2015 (480 000 euros) tient toujours. L’aura américaine de « TP » pourrait exciter, murmure-t-on, la générosité outre-Atlantique, dans un contexte franco-américain amical quoi que sensible* en hautes sphères. Cela, il faudra attendre les coups de marteau de Christie’s pour le savoir, car nul ne peut lire dans le marc de Bourgogne. Comme toujours, les généreux participants donneront quand ils auront envie de donner.


* 7,5 milliards de dollars de produits européens seront taxés en réponse à l’affaire des subventions accordées à Airbus au détriment de Boeing. Les vins français font l’objet de droits de douane supplémentaires (+ 25 %) depuis le 18 octobre.