2040, millésime boisé pour le Bâtiment

La Société Est Métropoles (SEM) planche déjà sur ce que seront les agglomérations de 2040. Son prestataire Mathias Romvos, dont les Dijonnais pourront bientôt toucher du doigt les projets bois, expose sa vision d’avenir. Sans surprise, l’architecte promet un millésime 2040 boisé.

Par Michel Giraud
Pour Dijon-Beaune Mag #70
Photos : Graam Architecture

Son expertise s’exporte jusqu’à Dubaï. Plus de quinze ans maintenant que Mathias Romvos mène des projets autour du bois avec Graam. L’agence de Seine-Saint-Denis a fait du matériau le pivot de sa réflexion architecturale, en réalité moins par effet de mode que par conviction intime. « Il y a clairement une prise de conscience collective de l’aspect environnemental de la construction », note en premier lieu l’expert, pour qui « demain, le bois ne sera plus un phénomène de mode mais bien une composante indispensable ».
Cela en prend doucement le chemin, même si le « tout bois » n’est pas une finalité. Star des Trente Glorieuses, le béton souffre, « et le sable connait des difficultés, il faut donc le remplacer, cela pose problème. Et l’avenir du béton semble délicat, techniquement et philosophiquement. En parallèle, le Bâtiment s’industrialise de plus en plus. Les Chinois commencent par exemple à imaginer des bâtiments avec des imprimantes 3D. D’ici 20 ans, les modèles économiques feront la part belle à la préfabrication, on voudra tout maitriser, et le bois devient alors un allié idéal par ses qualités. »

Obsession du futur

Plus grand ensemble de bois du secteur tertiaire en France, le siège de la Caisse d’Épargne régionale et son parking de 563 places sont prévus pour début 2020.

L’architecte prêche donc pour sa paroisse boisée. Comment lui en vouloir ? Si le matériau représentait seulement 9 % des parts de marché dans notre pays en 2016, certains experts estiment qu’il pourrait suivre une trajectoire « à la scandinave », où 15 à 20 % des constructions neuves sont ainsi réalisées. « À mon sens, le béton va péricliter. Le métal restera présent, ne serait ce parce qu’il est indispensable pour réaliser les connexions entre les matériaux. La pierre restera un matériau noble, même si elle reste lourde et complexe à gérer. Je crois aussi beaucoup à une montée en puissance des matériaux composites, mais aussi à la terre, pour laquelle on développe de plus en plus de technicité. Surtout, je suis certain que le bois va connaître une poussée exponentielle notamment dans le tertiaire, où la recherche de bâtiments démontables et recyclables va devenir une obsession. »
Le tableau semble idyllique pour le matériau. Il comporte malgré tout son lot d’incertitudes. Mathias Romvos ne nous apprend rien, « le bois est un matériau qui pousse ! » Il est donc assujetti « aux intémpéries, au changement climatique… il y aura donc des fluctuations. Il faut donc réfléchir à une utilisation raisonnée et raisonnable. Aujourd’hui, on travaille principalement le résineux, mais je milite pour la filière des feuillus. Ils représentent 80% de nos forêts mais on n’en utilise que 5%, le reste finissant en parquet ou partant à l’étranger. » La maîtrise intelligente de cette ressource et ses techniques d’exploitation sont donc les autres défis de demain. Sur la base de son expérience pointue d’aménageur, la Société Est Métropoles et son président Thierry Coursin en prennent le pari.

63m2, taille standard

Et l’habitat en lui-même, changera-t-il d’ici 2040 ? Pour le coup, l’analyse est moins catégorique : « La structure familiale ne va pas trop changer en 20 ans sous nos latitudes. On restera sur une modèle d’un couple avec deux enfants. Aujourd’hui, le 63m2 est un standard dans les grandes villes de France, à Dijon comme à Bordeaux ou à Paris. C’est un format dans lequel on peut moduler du studio au 3 pièces agréable à vivre. On ne reviendra pas à un modèle avec beaucoup d’enfants par famille, en tout cas pas en Europe. » Et à Dubaï, alors ?


 Dijon fait feu de tout bois 

« Le bois n’est pas un choix, mais une philosophie », répète à loisir l’architecte. Cela dit beaucoup de la démarche de son agence Graam Architecture, basée à Montreuil, avec laquelle il développe depuis 2002 une architecture centrée sur le bois. Partenaire de la Société Est Métropoles, on lui doit notamment le projet de l’immeuble de bureaux Ecopolis (livré en 2019) au cœur de l’Ecoquartier Heudelet 26 et pour lequel Graam a recu le prix du concours ADIVBois dans la catégorie « Immeubles à vivre en bois. » C’est aussi avec le concours de Mathias Romvos et ses équipes que sortira de terre, début 2020 à Valmy, le siège de la Caisse d’Épargne Bourgogne-Franche-Comté, sur plus de 9 000m2. Soit deux projets d’envergure pour la SEM.

Dans l’écoquartier dijonnais Heudelet 26, l’immeuble de bureaux Écopolis sera opérationnel fin 2019. Ce projet de 4,5 millions d’euros figure parmi les 24 sites lauréats de l’appel national à manifestation d’intérêt ADIVbois.