Alésia s’engage dans la bataille des Climats de Bourgogne

Marc Frot préside le Muséoparc Alésia. C’est une exposition sur l’histoire dans la publicité qui fera l’événement en 2016. Mais il rêve d’une interaction avec les Climats de Bourgogne. Une bataille pas dénuée de sens tant les Romains ont joué un grand rôle dans la naissance de nos vignes.

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Propos recueillis par Dominique Bruillot

Entretien cash avec le « chef des Gaulois » de la Côte-d’Or, qui sera aussi l’invité de l’émission  le Café des bourrus sur France Bleu Bourgogne samedi et dimanche à midi.

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Marc Frot, Président du Muséoparc d’Alésia

Marc Frot, comment un paysan peut-il devenir le président d’un outil culturel comme le Muséoparc ?
Dans ce projet culturel, dès le départ, il y avait une idée force autour de l’animation d’un territoire un peu oublié. C’est donc un projet économique autant que culturel. Faire venir 88000 visiteurs en 2015 dans le coin c’est plutôt bien non ? Même si 120000, ce serait encore mieux.

4 ans après le début de l’aventure, il y a donc de quoi être fier!
Cela structure l’offre touristique de tout le secteur (ndlr: Alésia est près de Fontenay, Bussy-Rabutin, Flavigny-sur-Ozerain), et je suis franchement contrent du résultat. Malgré tout, on n’a peut-être pas assez impliqué les gens du milieu associatif dans ce projet. Dans les années à venir il faudra être plus ouvert à ça.

L’objectif de fréquentation à terme est toujours le même…
Les deux premières années, avec plus de 140000 visiteurs, ont rassuré. 100000 en moyenne est donc un but raisonnable.

Peut-être qu’en visant déjà le local…
Grâce à une communication soutenue dans le métro, tout le monde a entendu parler d’Alésia à Paris. Mais malgré la proximité du TGV, la fréquentation en provenance de la capitale ne dépasse pas 18%. Les Parisiens ne font pas facilement le déplacement. Il faut donc travailler le local qu’on a un peu laissé tomber et faire du Muséoparc une destination de premier plan à l’échelle de la région.

Et en développant la dimension scientifique et archéologique du projet ?
On est plutôt bordés au niveau scientifique, c’est un problème de musée. Ce qui nous manque, c’est de montrer les trésors emmagasinés, il faut un musée, quelle que soit la forme, indépendant ou pas, pour mettre en avant ce que l’on a trouvé.

Les fouilles auraient donc de quoi dire ?
On a des trésors cachés à Alise-Saint-Reine, dans un magnifique bâtiment qui, techniquement, ne peut pas être ouvert au public. Le jour où on pourra les montrer ça fera un vrai boum !

En attendant vous démarrez l’année sans directeur.
Il y avait besoin d’un second souffle. Laurent de Froberville a construit une véritable équipe de cadres compétents et interactifs avant de partir. On recrute. Mais sur les bases d’une équipe bien en place. Il faut un pilote, peu importe qu’il vienne de l’intérieur ou de l’extérieur. Il ne faut pas se leurrer sur les regards neufs, pourquoi toujours chercher ailleurs?

L’histoire à travers le regard de la publicité est le thème de la grande exposition de cette année. Après Astérix en 2015, on reste donc dans une démarche ludique.
C’est assumé, on veut ouvrir à l’humour. Cette expo est magique, drôle, ludique, magnifique. On y retrouvera le paquet de gauloises avec son casque légendaire en même temps qu’un Louis XIV buvant de la Suze. Il y aura des affiches de grande qualité et dans des matériaux très divers. Elle m’a littéralement scotché !

On va encore dire que vous faites dans la caricature populiste.
On veut être à la fois pédagogique et scientifique. On part du principe qu’un musée intéresse 10% des gens. Un musée ce n’est pas la mort ou l’ennui mais une manière de voir les choses. Le Muséoparc a gagné ce pari. Les gens restent en moyenne 3h30 sur place, il y a donc un fil. Ils ont le choix entre bien des curiosités au-delà de l’exposition permanente: reconstitutions historiques, combats de Gaulois et de légionnaires, balades sur la terrasse pour voir les reliefs. Même quand il fait mauvais, Alésia c’est joli. Quand il fait beau, c’est encore plus joli. On affiche un taux de satisfaction de 98% parmi les visiteurs, tout cela sans leur mettre le glaive sous la tempe !

Malgré tout, l’archéologie sera un outil de fidélisation.
Oui, tout à fait. Faire revenir les gens est notre préoccupation, c’est tout le chemin qui nous incombe. Nous y travaillons.

En attendant, les Climats et Dijon sont vos deux cibles privilégiées.
Il faut imaginer un événement, un projet avec les Climats de Bourgogne. A une heure de route de la zone inscrite au patrimoine mondial, il faut saisir notre chance. Doit-on rappeler le lien que les Romains ont avec l’implantation de nos vignes ? Il y a tant de lieux pour le faire savoir : le Dijon historique, les vignes, une carrière pourquoi pas (ndlr : lire aussi notre article sur la carrière de Villars-Fontaine). Avec l’équipe du Muséoparc on se dit qu’il faut jouer cette carte. On verra si on est bon ou pas. D’ailleurs, si on échoue, c’est qu’on est mauvais !