Astérix en « guest star » à Alésia

En 2015, Alésia va plancher sur Astérix qui s’invitera au Muséoparc. On saura alors si la BD est tombée dans une potion plus mythique que magique, si les idées reçues sur les Gaulois (moustaches, cheveux longs, sangliers et tout le reste) tiennent leur rang face à l’Histoire avec grand H.

Astérix- le Domaine des dieux - Universum films/SND
Astérix- le Domaine des dieux – Universum films/SND

Par Dominique Bruillot et Michel Giraud

Uderzo et Goscinny se sont beaucoup documentés au moment de créer leurs irréductibles Gaulois. Ils n’ont jamais renié, non plus, des effets comiques injectés par leurs soins malicieux dans la série, ces ponts imaginés pour faire le lien avec la société contemporaine.

Le succès incontesté des aventures d’Astérix et Obélix est plus manifeste que jamais. Il culmine au sommet du box office grâce à la toute dernière création cinématographique sur les deux Gaulois les plus célèbres au monde. Il tient beaucoup aussi à l’art de l’anachronisme maîtrisé. Ainsi, de manière subtile, le gros et le petit héros en ont plus appris à des générations de Français sur leurs ancêtres, que l’école. N’en déplaise au regretté Henri Salvador, célèbre interprète d’une chanson sur le sujet.

Alors, se pose LA question: où est la frontière entre l’Histoire avec un grand H et le fantasme de la bande dessinée? La BD nous fait croire que les Gaulois furent des inconditionnels du sanglier rôti alors qu’ils leur préféraient légumes et céréales, tout comme nos petits du troisième millénaire à l’heure du petit « déj' ». Non, ces Gaulois bardés de bardes n’habitaient pas vraiment dans de rondes maisons de pierre. Ils n’étaient pas non plus les tailleurs de ces menhirs chers à Obélix, érigés bien avant eux.

Alors oui, Astérix et ses clichés agacent certains historiens. D’autres applaudissent la qualité de la vulgarisation. René Goscinny, lui-même, s’est d’ailleurs souvent amusé du fait que les historiens eux-mêmes n’arrivent pas à se mettre d’accord! Il aurait pu les convoquer au banquet de la discorde, pour qu’ils s’envoient leurs arguments respectifs à la tête comme le ferait le poissonnier du village irréductible sur celle du forgeron.

Une potion mythique

Dans une interview récente accordée à LCI (voir via le site de 20 minutes), Uderzo compare malicieusement son petit héros moustachu au président de la République. Selon lui, il y aurait un peu d’Astérix chez François Hollande. On voit bien jusqu’où le délire du dessinateur et du scénariste peut conduire. Après tout, n’est-ce pas la meilleure façon, en se jouant du sérieux et de la prétention liée à une connaissance trop rigide des choses, que l’on séduit le plus un public, les enfants les premiers?

Il est malgré tout logique de remettre l’église au centre du village gaulois. Le Muséoparc d’Alésia a toute légitimité pour rétablir la vérité. Du 25 avril au 30 novembre 2015, le centre d’interprétation accueillera une grande exposition temporaire: Astérix à Alésia, Du mythe à la réalité. « Loin des idées toutes faites et des clichés bien ancrés, nous instaurons pour la première fois un dialogue entre le monde de la bande dessinée et celui de l’archéologie pour démêler le vrai du faux et expliquer les mythes et les réalités », précise-t-on en préambule de l’événement.

On attend beaucoup de cette initiative qui doit sans doute beaucoup à l’expérience du patron opérationnel du Muséoparc. Laurent de Froberville, avant de rejoindre l’Auxois, avait en effet la charge du musée dédié à un autre héros de la bande dessinée, un certain Tintin. Des extraits d’albums phénomènes vont ainsi donner le change, et vice versa, à des objets archéologiques commentés par de savants spécialistes.

Et, pour ne pas perturber cette prodigieuse aventure culturo-distractive, il a déjà été recommandé au commissaire de l’exposition de museler Assurancetourix. Au nom de la vérité, par Toutatis!

Astérix à Alésia: du mythe à la réalité
L’exposition temporaire 2015 au MuséoParc Alésia, du 25 avril 2015 au 30 novembre 2015. Entrée: 9,5 euros pour les adultes, 7,5 euros pour les enfants, gratuite pour les moins de 7 ans.
L’accès à l’exposition donne aussi accès à l’exposition permanente du Centre d’interprétation et aux démonstrations de combat.

crédit photo : DR
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