Super-Cocotte, la sexy sexagénaire

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Même si MONSIEUR s’est désormais mis à la cuisine, 60 ans après, la cocotte-minute SEB est toujours plébiscitée

Il y a quelques jours, tout le personnel du site SEB de Selongey fêtait « en famille » l’anniversaire de la célébrissime Cocotte-Minute. A 60 ans et quelque 70 millions d’exemplaires (tous sortis de l’usine côte-d’orienne), la vieille dame est en pleine forme et méritait bien un petit hommage.    

Par Geoffroy Morhain

Le tchou-tchou de la soupape qui chante dans une cuisine embuée, au milieu des odeurs de pot-au-feu; le livre de recettes de Françoise Bernard posé sur le grand buffet; les réclames pleines de ménagères modernes et heureuses prenant la pose avec leur cocotte providentielle sur une table en formica… Ces souvenirs ancrés dans la mémoire collective font de la Cocotte-Minute SEB un véritable personnage, qui a partagé la vie de la plupart d’entre nous et tient une place symbolique particulière dans nos cuisines.

SEB

L’amie de la ménagère

Née en 1953, la Super-Cocotte, comme elle est baptisée, va grandement faciliter le quotidien des mères de famille alors en pleine conquête du monde du travail. Très vite, le livre de recettes qui l’accompagne va devenir l’outil indispensable des repas familiaux.

La concurrence en matière de cocottes à vapeur ne manque pas, mais, dès le départ, l’entreprise familiale des Lescure, née du savoir-faire de plusieurs générations de ferblantiers à Selongey (à une bonne trentaine de kilomètres au nord de Dijon, dans le canton d’Is-sur-Tille), va imposer sa supériorité technique : la SEB (Société d’emboutissage de Bourgogne à l’origine) utilise le procédé de l’emboutissage à partir d’un disque d’aluminium laminé, plutôt que celui du moulage, qui donne un produit rigide et beaucoup plus cassant.

Dans les années 60, l’aluminium laisse progressivement la place à un nouveau fuselage inox. De 130000 pièces commercialisées en 1954, les ventes de la Super-Cocotte atteignent plus de 500000 en 1960 et bondissent à plus de 800000 modèles en 1965 ! Cette même année, SEB rachète la marque Cocotte-Minute®, devenue depuis l’emblème de l’autocuiseur.

Comme pour la télévision, la Cocotte-Minute® passe en couleur dans les années 70, s’habillant de laque rouge ou de motifs fleuris, pour atteindre son pic de ventes en 1975 avec 1727733 de pièces vendues (environ 1,3 million aujourd’hui).

©JL PETIT
©JL PETIT

Pas si bête la cocotte

Les années 80 verront l’arrivée d’une nouvelle génération de cocottes avec Sensor®, un autocuiseur ultra-rapide, muni d’un système d’ouverture à baïonnette, qui devient l’emblème de la cocotte aussi bien en Europe qu’en Asie. Une évolution qui se poursuivra dans les années 90 avec la gamme Clipso®, une cocotte du troisième type, avec un système d’ouverture automatique à pression, une vitesse turbo pour la décongélation et une soupape silencieuse.

De nos jours, si l’inox a définitivement remplacé l’alu, le process de fabrication de la cuve et du couvercle demeurent quasiment inchangés. L’évolution du produit se fait désormais surtout à travers le «soft», le cerveau électronique qui rend désormais nos Cocottes-Minutes plus intelligentes. A l’image du Nutricook®, l’autocuiseur dernière génération de SEB, un concentré de technologie doté de 4 programmes et 2 temps de cuisson pour une préservation optimale des nutriments et vitamines des aliments.

Une ouverture au numérique relayée par l’application smartphone «Mon autocuiseur », qui détrône progressivement le bon vieux livre de recettes SEB pour s’imposer aux nouvelles générations. Bref, la Cocotte-Minute a encore de beaux jours devant elle…

Et dire que rien de tout ça ne serait arrivé si, un beau jour de 1857, un rétameur ambulant du nom d’Antoine Lescure n’était tombé amoureux d’une fille de Selongey, pour laquelle il a posé ses valises et installé son entreprise.

> Découvrez la longue histoire d’amour entre SEB et Selongey, son histoire et ses perspectives, dans le prochain Bourgogne Magazine n° 35 de janvier-février 2014.