Bareuzai ou le vendangeur aux bas rosés à Dijon

C’est aux « bas rosés » d’un vendangeur foulant le vin que la place du Bareuzai doit son nom et sa notoriété. Une drôle d’anecdote qui rappelle que Dijon et le vin ont une vieille histoire commune.

Chouette secret est une chronique réalisée en partenariat avec l’Office de tourisme de Dijon.

Par Eva-Marie Debas

Bareuzai ancien 2

Début XIXème siècle, cœur du vieux Dijon. Une place irrégulière encerclée de maisons à colombages et de terrasses de cafés. La reconnaissez-vous? La place François Rude (du nom d’un célèbre sculpteur né à proximité), ou plus communément appelée « place du Bareuzai ». Toujours aussi fréquentée aujourd’hui, elle n’en demeure pas moins un symbole majeur de l’histoire viticole de la région.

Depuis 1904, se dresse, perché sur la fontaine centrale, une statue bien connue des dijonnais: le Vendangeur. Du haut de son piédestal, cette œuvre du sculpteur Noël-Jules Girard veille. La statue représente un vigneron qui, les pieds dans une cuve de vin, foule le raisin. Ne vous méprenez pas pour autant, ce n’est que de l’eau qui jaillit de la fontaine!

C’est à ce personnage qu’on doit le nom de « Bareuzai », en référence au raisin qui colorait les pieds des vignerons. Si si, essayez donc de dire « bas rosés » en prenant l’accent du patois bourguignon de l’époque! Pour la petite histoire, cette statue a été érigée en hommage au vin, peu après une catastrophe qui faillit décimer le vignoble bourguignon.

Bareuzai ancien

A l’époque, le Grand Dijon était extrêmement viticole. Plus de 1500 hectares de vignes s’étendaient de Chenôve à Daix, en passant par Dijon, Talant et Plombières-lès-Dijon (dont quatre-vingt ares seulement appartenaient à la ville de Dijon). En 1878, un insecte provenant d’Amérique s’attaque cruellement aux vignes bourguignonnes, et à leur quantité. Cette sorte de puceron ravageur nommé phylloxera ne laissera pratiquement rien des vignes après son boulimique et meurtrier passage (http://www.dijonbeaunemag.fr/phylloxera-serial-killer-viticole/).

Le chimiste Paul Thénard viendra alors secourir les terres bourguignonnes, et même européennes (car l’insecte s’est étendu!), en pratiquant de la greffe sur des plants américains naturellement résistants au phylloxéra. Le sauveteur a donc tout naturellement sa place sur l’une des plaques de rues de Dijon. Le point positif de ce fléau: les vignerons prennent conscience qu’il est préférable de faire du vin de qualité plutôt que d’en produire en quantité.