Beaune, capitale de la bière?

Le spectacle de la Vente des Hospices n’est pas forcément ce qu’il y a de plus intéressant. Avec tout le respect que l’on doit à la belle Adriana, intéressons nous un peu aux coulisses de l’affaire. Pour s’apercevoir, parmi mille choses, que Beaune sait aussi être la capitale… de la bière.

trois glorieuses - Beaune © Clement Bonvalot-7

Par Dominique Bruillot
Photos: Clément Bonvalot

La vente aux enchères des Hospices de Beaune c’est, à la base, une immense conférence de presse qui rassemble des journalistes du monde entier, pas forcément que du vin, surtout si les jambes de la star du jour ont autant de longueur qu’un grand bourgogne. Adriana Karembeu est bien évidemment au cœur des conversations. Mais en attendant les enchères (Vivement dimanche!, comment oublier ce bon vieux Drucker), le monde épicurien se réunit autour de Beaune et organise son business heureux.

La saga de ce long week-end extraordinaire commence dès le vendredi. Alors que les officiels paradent et vantent les mérites du millésime 2014 au Palais des congrès, la fourmilière relationnelle, internationale et « bacchusienne » s’agite. Ne jamais oublier ainsi que derrière la façade d’une vente officielle, un monde souterrain (celui des caves après tout), se rassemble et vit avec une inhabituelle excitation.

On se retrouve donc agréablement surpris, au cours d’un événement privé au château de Santenay, par la rencontre avec le nouveau propriétaire du château de Pommard. Michael Baum est désormais partagé entre la Silicon Valley dont il est l’un des maîtres, et l’humilité qu’impose le terroir bourguignon. Dans son regard, on sent déjà que cet homme ne transige pas et qu’il fera le « job ».

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Invité de Jean-PIerre Nié (Compagnie des vins d’autrefois, maisons Jaffelin et Vincent Girardin), il a vite compris que la convivialité est le premier de tous les arguments pour pénétrer business bourguignon, celui des rangs de vignes. Sans forcer sa nature, le voilà qui chante sur scène, avec les Joyeux bourguignons, comme un vieux copain de noces. Bingo, on a décroché le gros lot, bienvenue Michael Baum.

Marie-Jo dans Latour

Des événements dans l’événement il y en a plein autour de la Vente des vins. Il fallait voir, vendredi soir, Marie-Jo Perec se faufiler dans le labyrinthe de la maison Latour à Aloxe-Corton avec son habileté de championne. Latour, partenaire majeur du semi-marathon sait recevoir en amont de cette compétition qui permet à ses acteurs de traverser les beaux climats près de Beaune. L’épreuve du lendemain semble alors moins impressionner les coureurs de fond dans les caves que la mycologie ambiante des lieux.

Ainsi va la vie autour de la Vente des Hospices. Business, fête et élégance sont les éléments moteurs d’une aventure qui a son versant populaire grâce au comité des fêtes local que préside Laurent Gauthier. Pendant que les grands spécialistes vont chercher la mangue et la framboise dans les fûts des hospices, les gens « normaux » ont, à l’initiative du CFDB, tout loisir d’admirer le défilé des Lusitaniens et la finesse assumée des costumes des Enfants du Morvan.

Au milieu de cette dimension populaire d’un rendez-vous « surmédiatisé », le village des artisans rappelle que la vraie vie, en dehors des cours du vin, existe. Il nous a été donné, dans ce contexte, de récompenser l’exposant qui le vaut bien. Après avoir fait le tour des étals, en compagnie des deux autres membres communicants du jury (Yolande Coent-Margerit pour la parité et notre confrère suisse Jean-François Guyard pour la neutralité), un gagnant est sorti du lot: Belenium.

Belenium - trois glorieuses - Beaune © Clement Bonvalot-2

Nous y sommes. Beaune, ville capitale des vins de Bourgogne, Mecque du pinot et du chardonnay a, autrefois, produit de la bière. Un fait ressuscité avec adresse par trois Beaunois qui, s’armant d’un marketing de territoire efficace (toits vernissés, référence à la charte de création de la ville, à la déesse Belna dans le nom), ont décidé de faire mousser le contre-courant en créant une bière, la Belenium.

Nous l’avons goûtée. Elle est plutôt bonne (ou « Beaune »), ambrée, riche et harmonieuse. Celle de Noël « intéressante et complexe » certifie notre ami suisse. Le projet est malin et porteur. Il mérite d’être soutenu. C’est pourquoi nous lui avons remis le trophée de Bourgogne Magazine, consacrant, le temps d’un samedi pas vraiment ordinaire, la ville de Beaune comme une capitale… de la bière.