Le bénaton, panier à souvenirs

Les jolis paniers d’osier qui font le charme des brocantes d’aujourd’hui étaient autrefois les symboles du travail dans les vignes et de la récolte. Le bénaton ou « b’nâton » comme dirait notre vigneron consultant Maurice Dugat, est un élément du patrimoine à placer sous haute protection.

En partenariat avec L’Imaginarium
Par Dominique Bruillot – Photo : L’Imaginarium

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A une époque pas si lointaine que cela l’osier était partout. La plaine de Saône, terreau idéal de sa production, en vivait bien. Orgeux dans le Val de Norge aussi. Et la prolifération des systèmes de portage dans les vignes n’était pas étrangère au phénomène.

Les hottes et les paniers sont indissociables de l’image d’Epinal des vendanges. Cela dit, le bénaton ou « b’nâton » comme on le prononce ici, est une signature propre à la Côte de Nuits. « Chacun d’entre eux pouvait transporter une trentaine de kilos, avec une dizaine de b’nâtons on pouvait donc fournir pour faire une pièce, soit 300 bouteilles », précise notre mémoire viticole Maurice Dugat.

Ce bel objet artisanal aux formes galbées a pris du galon. Il est devenu un élément de décoration privilégié dans les maisons et appartements aux tonalités rustiques, entre le pot de confiture de grand-mère et la grande table en bois. C’est chic et chaud et cela entretient volontiers les madeleines de Proust qui sommeillent en chacun de nous.

Pour autant, ne pas oublier qu’il fut l’outil du labeur, avant que le monde du plastique, plus léger et mieux « normé », ne l’évince.

Le bénaton, quand il ne chouchoutait pas le raisin qu’on allait égrapper en se frottant à lui, pouvait servir, entre deux vendanges, à transporter les patates et d’autres légumes. Mais ça c’était avant, à une époque où la polyculture était le gage de survie dans les terroirs.

« Je me souviens que dans la Côte de Beaune, le panier à porteur était plus volumineux et qu’il nécessitait trois personnes: deux pour le soulever, une troisième pour le porter sur son dos », s’amuse notre vigneron à la retraite. Une façon un peu espiègle, pour Maurice Dugat, de rappeler que d’une côte à l’autre on ne se chauffe pas avec le même bois: « Eux [ndlr : les Beaunois] ce sont les Eduens, nous [au nord de Vougeot] les Lingons. »

Ce qui, à défaut de sceptiques nous laisse… « celtiques ». 

* Exposition « Sacrée Vigne! », ouverte tous les jours de 10 à 19 heures, sauf le lundi (de 14  à 19 heures) – Avenue du Jura, 21700 Nuits-Saint-Georges Tél.:03.80.62.61.40 – www.imaginarium-bourgogne.com

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