La bibliothèque de Dijon, temple du savoir et trésor du passé

La bibliothèque municipale de Dijon est un lieu à part. Son ancienne vie de collège jésuite, qui a connu nombre d’élèves lumineux, comme sa collection de milliers de documents en font un temple du savoir riche d’histoire. 

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Par Eva-Marie Debas
Rubrique « Chouette Secret »,
en partenariat avec l’office de tourisme de Dijon
Photos : BM Dijon

La tentaculaire bibliothèque patrimoniale et d’étude existe depuis 1701. Elle fait partie d’un réseau de huit bibliothèques, avec une spécialité pour chacune, sur l’agglomération dijonnaise. Un trésor contenant pas moins 400 000 documents. Bout à bout, ce sont quatre kilomètres de livres qui serpentent le bâtiment de la rue de l’École de Droit. On trouvera principalement de la lecture historique et théâtrale à Fontaine-d’Ouche, des sciences humaines à la Nef, etc. La plus ancienne des huit possède d’ailleurs le plus riche ensemble de patrimoine écrit de la région. En traversant les immenses salles, qui rappelleraient presque l’école de Poudlard, les visiteurs découvrent un univers où le livre est un élément presque sacré. Quoi de plus normal lorsqu’on est la plus ancienne bibliothèque publique de Bourgogne et que nos livres multi-centenaires attirent de nombreux chercheurs, étudiants et curieux du patrimoine.

Lumières de Dijon

Avant d’être une bibliothèque, le bâtiment fut avant tout un collège jésuite. À la fin du XVIeme siècle, Odinet Godran, le président du Parlement de Dijon, fit don de son hôtel particulier à la Compagnie de Jésus. Celle-ci érigea alors un collège avec un système éducatif religieux propre, et reçut bon nombre d’élèves prestigieux : Bossuet, Buffon, de Brosses, Piron, Daubenton, Rameau… Au milieu du XVIIeme siècle, la salle des Devises accueille alors une première bibliothèque, uniquement destinée aux pères.

Des décennies plus tard, Pierre Fevret, conseiller au Parlement, lègue au collège sa bibliothèque personnelle de plus de 6 000 volumes. Sa condition : que la consultation de ses ouvrages soit publique. Grâce à lui, la première bibliothèque publique voit le jour, avec le droit de visite d’une salle deux jours par semaine. Une avancée qui répond aux besoins des intellectuels de la période des Lumières. Ces derniers y organisent nombre de salons littéraires et scientifiques. Le collège devient ensuite royal en 1763, et la Révolution entraîne l’expulsion des jésuites. On embauche alors un bibliothécaire nommé Charles Boullemier pour réunir les 16 000 documents, jésuites et publics, et surtout pour intégrer et classer les 25 000 ouvrages des confiscations révolutionnaires, parmi lesquels on retrouve les célèbres manuscrits de l’abbaye de Cîteaux, qui font de la bibliothèque le premier fonds ancien de Bourgogne.

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Boîte aux livres

Aujourd’hui la bibliothèque est organisée en six salles. Toutes ne sont pas ouvertes au public. Cependant, elle a su se réinventer et met à disposition gratuitement, en plus de ses collections manuscrites, près de 400 livres numériques consultables sur le site bm-dijon.fr. Plus nouveau encore, sa participation aux boîtes à livres disséminées dans toute la ville. Nées à l’initiative de cinq commissions de quartiers, ces 23 boîtes participatives permettent à tous de déposer des livres et d’en prendre d’autres à la place. Une saine initiative pour la démocratisation de la lecture. Et un écho aux grands hommes et femmes de lettres, qui ont marqué le lieu dijonnais.