Au Bureau et « l’esprit Alhambra »

Une façade qui remonte le temps, un écran géant, des thématiques finement scénarisées : la future brasserie Au Bureau fera le lien avec l’historique Alhambra dont elle a pris la place. Richard Texeira, son exploitant, est le réalisateur inspiré d’une imposante production dont on verra le résultat en septembre. Silence, on tourne !

Richard Texeira et son épouse Nathalie, exploitants de la future brasserie place de la République à Dijon.

Par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag #65
Photos : Christophe Remondière

L’Alhambra n’est plus, vive Au Bureau-l’Alhambra ! Un nouveau scénario s’écrit autour de ce lieu mythique pour les Dijonnais. Pour le mythe justement, pour la mémoire, pour toutes ces madeleines de Proust que le vieux cinéma abandonné libérait encore il y a peu entre ses murs défraichis.

Avec la complicité de sa propriétaire Sylvie Massu, Dijon-Beaune Mag lui avait organisé cet hiver une toute dernière séance, le verre à la main. L’émotion des témoins d’un temps que les moins de vingt ans ne pouvaient pas connaître était palpable. Déjà, s’annonçait la suite d’un feuilleton nostalgique, avec l’implantation promise d’une brasserie placée sous l’enseigne Au Bureau.

À la lampe torche !

L’Alhambra sera-t-il complètement oublié pour autant ? Pas vraiment, on vous rassure sur ce point. Tout en respectant le cahier des charges de la chaîne à laquelle il est adossé (Au Bureau appartient au groupe Bertrand), Richard Texeira attache une grande importance à ce lien charnel qui le lie désormais à l’ancien ciné dont il a pris possession. Au milieu d’un chantier impressionnant, entre deux conversations qui avec le maître d’œuvre, qui avec le menuisier, l’homme s’acharne avec passion et méticulosité à transformer, en rugbyman qui se respecte, un ambitieux essai. Une bonne raison à cela : Richard et son épouse Nathalie, depuis trente ans entre hôtellerie et restauration, sont tous deux originaires d’un petit village de l’Autunois. Pratiquement des enfants du pays. Après avoir tenu avec succès puis revendu un hôtel parisien du XIXe siècle, ils auraient pu faire un autre choix. Mais en voyant l’Alhambra, le déclic a opéré. Ce sera ici et pas ailleurs.

Et en même temps commence un parcours du combattant. « La première fois que je pénètre les lieux, c’est le 11 janvier 2016, témoigne Richard. Il faisait froid, on m’avait donné rendez-vous place de République avec une lampe torche et là, waouh ! Tout s’est mis à sonner comme une évidence ! » Comme dans une comédie romantique, le coup de foudre s’est emparé de l’entrepreneur, comme dans un film d’aventures, le suspense est aussi de la partie : « Il a fallu évaluer le chantier, sonder la faisabilité du projet, on savait que cela allait être imposant. »

La superbe corniche sera restaurée et aura toute sa place dans la nouvelle brasserie.

L’Alhambra des débuts

Pas faux, car après le temps des négociations, il y aura le temps des travaux, dans un plan d’investissement pour le moins conséquent, 2,5 millions d’euros. En septembre prochain, la brasserie Au Bureau ouvrira 7 jours sur 7, jusqu’à minuit du dimanche au mercredi, 2 heures du matin les autres jours. 25 salariés travailleront dans un établissement capable de proposer près de 300 places : une trentaine dans un patio vraisemblablement très prisé les beaux jours, un peu plus d’une centaine à l’intérieur, 90 sur l’historique balcon préservé et consolidé et une soixantaine devant l’établissement.

Au Bureau fera une offre de type burgers – pas seulement, en témoignent les appétissantes viandes locales – avec des produits frais, un bar de qualité et une touche bourguignonne dans le coin des vins que s’efforcera de développer le propriétaire. Pas de prise de tête, à tout instant, tout sera organisé dans un esprit de convivialité.

La facade du cinéma dans les années 1950. © Dijon 1900

Comme en 1910

Surtout, cette brasserie se nourrira abondamment de sa vie antérieure. La façade, ô surprise, reprendra ainsi son allure originelle de 1910. En filigrane, c’est l’Alhambra qui retrouvera sa toute première jeunesse. Bien joué. À l’intérieur, un écran géant de 15 m2 promet des rendez-vous cinéphiles qui seront particulièrement appréciés des convives installés sur le balcon-corniche en vis-à-vis. Renouer avec le fil de l’histoire est l’un des objectifs de ce Au Bureau feu l’Alhambra qui inscrira dans ses gênes un peu de septième art. Des soirées à thème sont déjà entre les mains de scénaristes inspirés dont nous seront les premiers spectateurs. L’Alhambra n’est plus, vive Au Bureau-l’Alhambra ! λ