Catherine Petitjean (Mulot & Petitjean) : « Vivre cette expérience comme une opportunité plutôt qu’une contrainte »

Nouvel épisode de nos diagnostics d’entreprises avec Catherine Petitjean, de la célèbre maison dijonnaise de pain d’épices Mulot & Petijean. Positive, la dirigeante repense l’avenir de son entreprise née en 1796.

Résolument positive, la dirigeante de Mulot & Petitjean « refuse de (se) plaindre » et pense à l’après. © Jean-Luc Petit

Origine, poids et taille de votre entreprise. 
Mulot & Petitjean pèse 5,7 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous sommes un peu moins de 50 salariés et fabriquons du pain d’épices.

Votre entreprise est-elle fiévreuse, juste confinée ou dans un état préoccupant ?
Nos magasins sont fermés depuis le 15 mars et notre production a été réduite par trois avant de cesser complètement depuis le 10 avril, faute de commandes. 

« Une de mes amies m’a dit : « La terre était à bout de souffle, elle nous a pris le nôtre. » J’aime assez la formule. »

Imaginez-vous des séquelles au-delà de la rémission ?
La situation nous inquiète, bien sûr, mais nous nous préparons à l’avenir et évaluons le temps qu’il nous faudra pour sortir de cette mauvaise passe. Une de mes amies m’a dit : « La terre était à bout de souffle, elle nous a pris le nôtre. » J’aime assez la formule. Qu’est-ce que sera le monde d’après ? Personne ne peut le prévoir.

Quand avez-vous vraiment pris conscience de l’ampleur de cette catastrophe sanitaire ?
Très précisément le jeudi 12 mars au matin, suite à une conférence téléphonique de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) qui nous mettait en garde de la gravité de cette pandémie. 

Comment avez-vous administré les premiers remèdes ?
La première mesure à ce moment-là a été d’identifier les collaborateurs les plus à risques. Les mesures sanitaires à l’intérieur de l’entreprise avaient déjà été renforcées. Ensuite, tout s’est précipité.

Les boutiques dijonnaises ont fermé le 15 mars. © Côte-d’Or Tourisme

Avez-vous le sentiment que les dispositifs mis en place sont à la hauteur du défi ? 
Quels que soient les dispositifs, il faut que chacun d’entre nous soit responsable pour que cela marche. Dans l’agro-alimentaire, nous avons l’habitude des gestes barrières de précaution. Et l’alerte à la grippe H1N1 nous avait servi d’entrainement il y a quelques années…

Qu’est-ce-qui vous fait tenir face à la pandémie ? 
Ce qui nous motive, c’est l’après. Et pour le moment, c’est ce à quoi nous réfléchissons.

« J’espère que certains pans de l’industrie seront relocalisés en France. Il faudra peut-être accepter de payer plus pour être autonome, et donc vivre différemment. »

Qu’est-ce qui vous traumatise le plus ?
J’ai surtout peur du décès d’un proche.

Pensez-vous que la notion de proximité et de territoire sortira gagnante de cette crise sanitaire mondiale ? 
J’espère que l’attachement à notre territoire nous fera sortir du malaise économique ambiant. Nous devons tous être acteurs de la vie locale. Et j’espère que certains pans de l’industrie seront relocalisés en France. Il faudra peut-être accepter de payer plus pour être autonome, et donc vivre différemment.

À titre personnel, que retirez-vous de cette situation hors norme ?
J’ai tout de suite essayé de vivre cette expérience comme une opportunité plutôt que comme une contrainte. À titre personnel, j’ai exploré une autre façon de vivre et j’en tire malgré tout une certaine joie de vivre. J’apprécie d’avoir un peu plus de temps pour lire, cuisiner et cultiver un lien, même virtuel, avec mes proches. Je refuse de me plaindre, je vis au présent et profite des petits plaisirs de la vie tout projetant l’entreprise dans l’après.

Quelles sont les vertus du pain d’épices en période de confinement ?
Avec le pain d’épices, il faudra du temps avant que je ne meure de faim ! C’est nourrissant, et puis c’est un excellent remède contre la morosité, aussi bien au petit-déjeuner, au goûter ou au dessert.


Lire aussi