Charlieu sublime l’art textile

Jusqu’au 31 Décembre 2015, venez connaître et apprécier l’art textile au musée de Charlieu qui reçoit cinq artistes bien différentes, entre culture de l’esthétisme et monde imaginaire.

Par Eva-Marie Debas – Photos : Jean-Luc Petit

Paso Doble (2002-2003) par Edith L’Haridon, maille destructurée, laine, doublure en tissu, 96 x 79 cm.
Paso Doble (2002-2003) par Edith L’Haridon, maille destructurée, laine, doublure en tissu, 96 x 79 cm.

Cette année, et en parallèle à d’autres événements culturels, la ville de Charlieu organise une exposition temporaire dont le commissaire invité n’est autre qu’Yves Sabourin, inspecteur de la création artistique au ministère de la culture depuis 1996.

Le musée de la soierie abrite entre ses murs, neuf mois durant, les œuvres de cinq artistes plasticiennes de renommée internationale, toutes unies autour d’un matériau dont le rapport au corps humain est privilégié. Un thème fédérateur donc pour Edith l’Haridon, Françoise Micoud, Catherine Noury, Frédérique Petit et Martine Schildge: celui du textile. Une exposition remarquable, première d’une longue série à en croire le commissaire.

Cinq artistes, et autant de parcours et d’horizons artistiques différents, qui, de fil en aiguille, nous plongent dans un environnement hautement émotionnel, où esthétique et voyage imaginaire sont les mots d’ordre. Quand Edith l’Haridon tisse des personnages en pleine action tout droit sortis de contes de fées ou de mythes anciens, Françoise Micoud exprime son intérêt pour les végétaux en les détournant d’une manière originale et raffinée.

Les créations plus poétiques de Catherine Noury font aussi écho au monde végétal, ainsi qu’au monde marin et au corps humain. Frédérique Petit nous offre un subtil mélange de papillons, d’ ombres brodées et de camaïeux qui touchent notre corde sensible. Quant à Martine Schildge, la référence au corps humain est omniprésente dans ses œuvres, et n’est pas sans rappeler l’univers médical, surtout ici à Charlieu où le musée hospitalier touche celui de la soierie.

Le musée de la Soirie est installé dans l’hôtel-Dieu de Charlieu, un bâtiment du XVIIIe siècle.
Le musée de la soirie est installé dans l’hôtel-Dieu de Charlieu, un bâtiment du XVIIIe siècle.

Pour comprendre pourquoi la ville a autant à cœur de mettre l’accent sur la création artistique en lien avec le textile, il faut savoir que sa mission fondamentale est la préservation du patrimoine. Charlieu et le textile, c’est en effet une longue histoire. Dès l’an 1000 – ou même peut- être bien avant, la première mention du bourg de Charlieu date de 875 –, le lieu est prospère, principalement grâce à sa situation géographique. Situé au croisement d’importantes routes médiévales, de nombreux marchands, artisans et tisserands œuvrent indirectement à son expansion. Malgré un déclin économique quatre siècles plus tôt, la ville connaît à nouveau la prospérité au XIXe siècle. Cette époque, où l’on note l’implantation de l’industrie de la soie, marque les débuts d’un essor considérable. En acquérant un savoir-faire unique et une sensibilité particulière aux étoffes de soie, les Charliendins nourrissent alors une réputation qui, en devenant nationale voire internationale, façonnera une identité que sa transmission rendra intemporelle.

La tradition ne meurt jamais… Encore moins Charlieu qui ne lésine pas sur les moyens pour sauvegarder et faire connaître son héritage historique, religieux et commercial. A la différence de bien d’autres villes françaises qui laissent leurs collections prendre la poussière, la petite ville rhônalpine fait littéralement revivre son passé dans l’enceinte de son ancien hôtel-Dieu: une multitude d’expositions, de projections, de stages à destination des adultes (peinture à l’aiguille, dentelle aux fuseaux, etc.) ou encore d’animations pour enfants sont organisées toute l’année, en particulier durant le mois de septembre lors de sa célèbre fête de la soierie.