Christophe Gand sous l’aile de Jeanne Labrune

© Clément Bonvalot
© Clément Bonvalot

Depuis Paris, le Dijonnais Christophe Gand (26 ans) écrit plusieurs projets cinématographiques qu’il aime rapprocher sans cesse de sa Bourgogne natale. Admiratif de sa région et de sa ville d’origine, le jeune réalisateur a déjà cinq courts-métrages et une société de production à son actif. Vendredi dernier, à la marge des Rencontres cinématographiques de Dijon, la Région Bourgogne lui a donné une marraine prestigieuse, la réalisatrice Jeanne Labrune. Pour dijonbeaune.fr, il évoque son parcours et son quotidien. 

Dijonbeaune.fr : Comment est née cette envie de faire du cinéma ?

Christophe Gand : Tout naturellement en fait. Cela a commencé par le visionnage de plusieurs centaines de films, puis par la motivation de raconter moi-même mes propres histoires. Les films de Claude Sautet, Leo Carax ou Sergio Leone m’ont particulièrement bouleversé. Bac en poche, j’ai fait le choix d’une classe préparatoire à Nîmes qui m’a ensuite conduit jusqu’à Paris, au Conservatoire Libre du Cinéma Français (CLCF). Et là, ce fut une très bonne expérience. Notamment du point de vue des intervenants, tous professionnels, ou en grande majorité. Ce qui était moins vrai au niveau de l’enseignement, il était impossible d’aborder concrètement le métier de réalisateur. Apprendre les bases techniques en son ou en montage se révélant plus évident à contrario.

A Paris, tu as pu faire la plupart de tes rencontres professionnelles. Comment se sent-on dans ce petit monde du cinéma parisien, si loin de sa région ?

Loin… et pas si loin que ça finalement. En tout cas je ne me sens pas loin de la Bourgogne, car j’y reviens souvent. Tous mes courts-métrages ont été réalisés dans la région. Je voue pour ma terre natale une grande admiration. Après, on est obligé à un moment ou un autre de vivre ou de passer par Paris, car l’effervescence culturelle y est énorme. On peut aussi faire un nombre important de rencontres, professionnelles ou non. Mais je ne me sens pas seul au milieu de la grande famille du cinéma. La plupart de mes anciens camarades de classe à Paris, pour une grande moitié, ont travaillé sur mes projets. Paris m’a permis aussi de monter des chantiers artistiques ambitieux et de mettre en scène des acteurs comme François Feroleto ou Jacques Boudet (cf. court-métrage : La monnaie s’il vous plaît, 2012). Puis, par l’intermédiaire de ma société de production Parfum de Films créée durant mes études en 2008. J’ai pu aussi produire deux clips de Bertrand Burgalat. Assurément de belles rencontres. Mais après, on se prend aussi des claques. Tout n’est pas rose. Il faut croire en sa chance, dur comme fer.

Finalement, monter sa boîte de prod, tout en étant étudiant, c’est la bonne pioche pour sortir de ses études ?

En montant Parfum de films, je n’avais pas vraiment réfléchi à anticiper la fin de mes études. C’était surtout par rapport aux projets de courts métrages que je développais à ce moment là. Il fallait que je franchisse un cap pour réaliser un projet plus ambitieux et c’est ce qui m’a poussé à la monter. Aujourd’hui je vois le chemin parcouru en l’espace de cinq années. A 26 ans, je vais bientôt pouvoir commencer à réaliser mon premier long métrage Chevillé au corps, après un an et demi d’écriture. La société de production parisienne a déjà été trouvée et il ne reste plus qu’à s’occuper du casting et des rôles plus techniques à attribuer. Mais une nouvelle fois, j’ai écris cette histoire pour qu’elle se passe…

En Bourgogne ?

Assurément (rires).

On y revient ?

Et oui, encore une fois. Et plus particulièrement à Dijon cette fois-ci. Cette ville n’est pas assez mise en avant selon moi. De plus, revenir ici me permet de travailler plus sereinement qu’à Paris. Mes équipes de tournage apprécient aussi le fait de se retrouver ailleurs que dans la capitale. Cette recette me va bien.

Si tu aimes tant ta région, as-tu déjà songé un jour à évoquer un symbole bourguignon dans un de tes futurs scénarios ?

Cela aurait pu se faire avec le vin. J’avais écrit un début d’histoire, mais j’ai tout mis à la poubelle car la trame ne me convenait pas. J’y reviendrai très certainement.

Grâce au Conseil régional de Bourgogne, Jeanne Labrune est devenue ta marraine. Qu’attends-tu de ce rapprochement avec une réalisatrice de cette trempe ?

Christophe Gand reçoit le prix du parrainage en compagnie de Jeanne Labrune, de la vice-présidente du Conseil Régional, Françoise Tenenbaum et du Président François Patriat © Clément Bonvalot
Christophe Gand reçoit le prix du parrainage en compagnie de Jeanne Labrune, de la vice-présidente du Conseil Régional, Françoise Tenenbaum et du Président François Patriat © Clément Bonvalot

Elle va pouvoir me conseiller directement depuis son bureau parisien, ce qui sera largement profitable pour moi. Pouvoir converser avec une réalisatrice qui a mis en scène Jean-Pierre Darroussin, Nathalie Baye, ou Isabelle Huppert est toujours un plus. Bon, je ne vais pas non plus l’appeler tous les quatre matins. Mais avoir son regard d’auteur sur ce que je fais pourra m’être d’un grand secours. J’enverrai le scénario de mon long-métrage dès que possible à son bureau pour avoir son avis.

 

 

Bio express :

2005-2007 : classe préparatoire « ciné-sup » à Nîmes

2008 : licencié en cinéma (Université Paris 1) / Fonde sa société de production Parfum de films (SARL)

2009 : diplômé du Conservatoire Libre du cinéma français (1er assitant réalisateur)

2010 : réalisation du court-métrage Peintre en résidence, primé au festival Armoricourt (3ème prix), prix spécial du jury et prix de la meilleure musique originale au festival Hellemmes

2012 : réalisation du court-métrage La monnaie s’il vous plaît, avec François Feroleto et Jacques Boudet

2013 : écriture de son premier long métrage intitulé Chevillé au corps