Côte-d’Or: soutenir la ruralité c’est soutenir l’agriculture

Parce que le juste équilibre entre ville et campagne construit la dynamique d’un département, la Côte-d’Or a depuis longtemps fait le pari de soutenir la ruralité. Et cela passe par une action quotidienne auprès des agriculteurs. Décryptage.

Extrait du supplément Dijon-Beaune Mag
En partenariat avec la Ferme Côte-d’Or

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A l’image de ce tracteur au labour, l’agriculture fait plus que façonner le paysage, elle l’anime, l’entretient, le fait vivre à travers les générations. © D.R

La Côte-d’Or est riche de sa diversité agricole. On dit souvent d’elle qu’elle est une petite représentation de la France, tant l’agriculture y est variée, des céréales en Plaine de Saône à l’élevage de l’Auxois Morvan, en passant par le lait dans le Châtillonnais et la vigne le long de la Côte. Très tôt, le Conseil Général, devenu aujourd’hui Conseil Départemental au gré de la réforme territoriale, a compris qu’il était plus que nécessaire de soutenir ce pan essentiel de l’économie.

L’accord-cadre du Département

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Derrière la carte postale bucolique des blanches charolaises paissant dans le bocage de l’Auxois (ici, devant Flavigny-sur-Ozerain, un des « plus beaux villages de France »), se cache toute une filière d’élevage extensif qui fait dans la qualité et la traçabilité.

« Ce n’est pas une compétence obligatoire pour les départements, rappelle Marc Frot, le conseiller départemental du canton de Montbard, vice-président du Département en charge de l’agriculture. Cependant, en Côte-d’Or, nous en avons fait notre cheval de bataille. En partant du constat que la Côte-d’Or est autant rurale qu’urbaine, et que nos campagnes ne seraient rien sans nos paysans. Ce sont eux qui sont porteurs de dynamisme et d’emploi. Un agriculteur que l’on maintient dans un village, dans un canton, c’est l’assurance d’avoir des enfants à l’école, de faire fonctionner le commerce de proximité… C’est essentiel au maillage territorial. » Depuis le début des années 2000, le Département a donc décidé d’être un rouage essentiel du soutien à l’agriculture, une aide apportée via un accord-cadre qu’il renouvelle tous les 5 ans avec la Chambre d’Agriculture et les filières. Ainsi, conformément à l’accord-cadre 2015-2019, le Conseil Départemental consacrera 15 millions d’euros à l’agriculture côte-d’orienne sur cette période. « Contractualiser, enchaîne Marc Frot, c’est l’assurance d’agir en toute transparence et de manière efficace. Nos aides sont étudiées, ciblées, évaluées. On n’a pas la prétention de tout régler. Aujourd’hui, l’agriculture doit répondre à de nombreux enjeux environnementaux, avec les aléas climatiques et économiques que cela comporte, mais aussi avec l’actualité que l’on connait sur les prix des céréales, de la viande… On ne va pas sauver l’agriculture à nous tout seuls, mais on est présent le plus concrètement possible pour l’accompagner dans son évolution. »

Pérenniser les exploitations

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Si l’image de la Côte-d’Or n’est pas associée aux « grandes cultures » (céréales, ici en Plaine de Saône, mais aussi betteraves, houblon ou lin), ces dernières occupent quand même un tiers de la surface agricole utile du département. © D.R

Le nombre d’exploitants a connu des périodes de baisse marquée, compensée par un accroissement des surfaces. Ces vingt dernières années, les grandes infrastructures, les autoroutes, les lotissements péri-urbains, ont enlevé 3 500 hectares à l’agriculture côte-d’orienne. Dans ce contexte, dès les années 2000, les premières aides octroyées par le Conseil Départemental concernaient la modernisation des bâtiments d’élevage. Aujourd’hui, le soutien va plus loin. D’abord purement économique, le coup de pouce est aujourd’hui sociétal, environnemental aussi: « On aide par exemple à la diversification, enchaîne Marc Frot. Un exploitant qui veut relancer des cultures oubliées, qui souhaite mettre en place des circuits de distribution courts. On l’aide. Le nombre de dossiers soutenus dans ce domaine a d’ailleurs été multiplié par quatre en cinq ans. »

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Marc Frot, exploitant agricole et conseiller départemental du canton de Montbard, est aussi vice-président du Département en charge de l’agriculture. © Clément Bonvalot

Très attaché à la promotion des métiers, le Conseil Départemental œuvre aussi pour la transmission des exploitations: « On travaille beaucoup sur les installations hors cadre familial. La transmission au sein d’une famille est une chose qui fonctionne bien. Par contre, un couple qui n’est pas du métier rencontrera plus d’écueils sur sa route, nous sommes alors là pour le soutenir. Le Département aide ainsi 80 à 90 installations par an, ce qui est bien au-dessus de la moyenne des autres départements bourguignons. Il est vrai que, dans le même temps, on perd beaucoup d’exploitations, c’est pourquoi nous restons très actifs dans l’aide à l’installation. »

Faire face à de nouveaux défis

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Culture emblématique de la Bourgogne, cousine de la moutarde, le colza (ici dans la vallée de l’Ouche) représente près de 13 % de la surface agricole utile en Côte-d’Or. © Bourgogne Panoramiques

Faire vivre la ruralité, c’est donc le credo, au moment où la profession se retrouve face à de nombreux défis. Car la volonté est clairement de se projeter vers l’avenir. Les paysans sont confrontés à des enjeux financiers énormes, en même temps qu’à des bouleversements économiques et environnementaux dans leur exploitation. De simples producteurs, ils sont devenus de véritables chefs d’entreprises, impliqués jusque dans la vente de leurs produits.

Quelle que soit la filière, la profession se trouve à un tournant dans la gestion des exploitations. Il faut construire de nouveaux modèles économiques et, à l’image du Conseil Départemental de la Côte-d’Or, les collectivités locales se doivent de répondre présent: « Aujourd’hui, conclut Marc Frot, il y a de nombreuses incertitudes. Je sens parfois un abattement chez certains paysans, mais il est de notre devoir de faire vivre la ruralité, et notre politique est clairement menée pour cela. »

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L’imposant stock de fourrage d’une ferme « traditionnelle » pratiquant élevage et polyculture. Face à la recherche de nouveaux modèles économiques, ce type d’exploitation semble de plus en plus menacé. © D.R

Il faut le savoir

35% de surface boisée
On parle beaucoup de la vigne sur la Côte, des grandes cultures dans la Plaine de Saône, de l’élevage dans l’Auxois et le Châtillonnais, mais saviez-vous que la Côte-d’Or est un département forestier? 35% de sa surface est boisée. Ce n’est donc pas un hasard si le Châtillonnais a été choisi pour accueillir, à l’horizon 2017, le 11ème parc national français dédié, entre Champagne et Bourgogne, aux forêts feuillues de plaine.

Un « labo » d’expérience
Créé en 1937, le Laboratoire Départemental de la Côte-d’Or (LDCO) est une direction du Conseil Départemental depuis 1990. C’est à sa manière un soutien à l’agriculture de notre territoire. Cette structure, qui emploie plus d’une centaine d’agents, réalise des prestations de prélèvements et d’analyses (480 000 analyses par an), mais aussi de formation et de conseil. Le LDCO s’adresse à tous les publics, mais son action est principalement tournée vers l’agriculture, et notamment l’élevage à travers une grosse activité d’analyse vétérinaire. Grâce à ses techniques de biologie moléculaire, c’est d’ailleurs un des rares laboratoires français agréés par le ministère de l’Agriculture pour la recherche virologique. Il est aussi garant de la sécurité alimentaire, intervenant par exemple dans les cantines des collèges, et effectue également des analyses d’eau pour les communes et les particuliers.
http://laboratoire.cotedor.fr

Agriculture en Côte-d’Or: 10% du PIB
La Côte-d’Or compte environ 4 900 exploitations toutes productions confondues pour 10000 actifs permanents et un chiffre d’affaires global (hors subventions) de près de 1 milliard d’euros, soit à peu près 10% du PIB départemental. Sa surface agricole utile s’élève à environ 470 000 hectares, soit 53 % de sa superficie totale, répartis en prairies pour l’élevage (près de 150 000 ha), vignes (près de 10 000 ha) et terres arables (près de 310 000 ha). En moyenne, une exploitation côte-d’orienne s’étend sur 116 ha, un chiffre similaire à la moyenne régionale, mais plus élevé que la moyenne nationale (80 ha).
Côté élevage, le 21 possède quelque 230 000 têtes de bovins, 62 000 têtes d’ovins et un peu moins de 10 000 porcs. Elle produit 94 millions de litres de lait par an.