Editions de Bourgogne, dernier chapitre

Signe des temps et d’un désintérêt profond pour le livre en région, les Editions de Bourgogne ont terminé leur dernier chapitre. Une nouvelle qui nous touche directement puisque nous y étions associés, et que commente avec justesse Bernard Lecomte.

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Par Bernard Lecomte

« Ce fut une belle aventure!

Fondées en 2005, les Editions de Bourgogne ont contribué pendant dix ans, à l’aune de leurs moyens, à animer la vie éditoriale et littéraire bourguignonne. A raison de trois à quatre publications par an, nous avons édité des livres de qualité, écrits par des auteurs talentueux, et nous en sommes très fiers. Certains de ces ouvrages ont été des succès à l’échelle de la Bourgogne. Voir tous ces livres disparaître est évidemment un crève-cœur, et une perte pour le patrimoine culturel bourguignon. Si vous en avez rangés dans votre bibliothèque, surtout, prenez-en soin: désormais, ils sont précieux!
Mais sans aide extérieure, hélas, une petite maison d’édition régionale ne peut plus vivre de sa seule production. Les imprimeries ferment (comme Darantière, à Dijon, qui imprimait nos livres), les points de vente se raréfient (comme les sept librairies dijonnaises qui ont disparu depuis sept ans), les salons disparaissent (comme « Bain de Livres » à Saint-Honoré-les-Bains) et les acheteurs eux-mêmes sont de moins en moins nombreux. Nous allons donc rejoindre, avec tristesse, les 613 éditeurs français qui ont disparu ces trois dernières années… et qui seront suivis par des centaines d’autres. C’est ainsi.
Le monde change. La bataille pour le livre continue. Notamment dans le cadre des rencontres littéraires que le Club des Ecrivains de Bourgogne organise chaque mois à Dijon, ou lors du festival « Livres en Vignes » qui se tiendra, comme chaque année, le dernier week-end de septembre. Et comptez sur nous pour imaginer, dans l’avenir, de nouveaux projets dans le domaine du livre, de l’écriture et de l’édition. Une passion est une passion.
Merci à tous ceux qui ont participé à cette aventure qui fut une suite de rencontres riches, chaleureuses, amicales: merci à nos associés(*1), à nos imprimeurs, à nos collaborateurs, à nos graphistes, à nos partenaires de salon, à notre diffuseur parisien, aux libraires qui ont vendu nos livres et aux journalistes qui les ont commentés dans leurs colonnes. Merci, tout particulièrement, à nos auteurs, qui nous ont fait confiance et avec lesquels nous aurions tant aimé poursuivre le voyage !

Très amicalement à chacun d’entre vous,
Bernard Lecomte et Evelyne Philippe »

Dix ans de création, de plaisir, de rencontres…

Relancées en 2005 par le journaliste Bernard Lecomte et son épouse Evelyne Philippe, les Editions de Bourgogne ont publié plus de trente petits livres au graphisme élégant, à l’écriture exigeante et à la vocation clairement régionale.

A son catalogue ont figuré

– des biographies de grands Bourguignons sur lesquels, parfois, n’existait aucune véritable bio, comme Larousse ou Grévin (celle de Paul Bert signée par Jean-Pierre Soisson a dépassé les 2.500 exemplaires).

– des ouvrages sur le patrimoine régional (Alésia, la Puisaye) mais aussi sur le patrimoine viticole grâce à quelques grandes plumes vineuses comme Claude Chapuis (Le chemin des vignes) ou Jacky Rigaux (Le réveil des terroirs).

– des essais engagés signés par des responsables politiques de droite ou de gauche (François-Xavier Dugourd à Dijon, Guy Ferez à Auxerre, Remi Rebeyrotte à Autun) ou par Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon.

– sans oublier quelques jolis romans ou recueils de nouvelles et deux BD, dont La Bourgogne, quelle histoire ! de Jean-Louis Thouard et Bernard Lecomte, qui a approché les 30.000 exemplaires vendus.

La maison d’édition, installée à Messigny-et-Vantoux, faisait travailler exclusivement des régionaux : l’imprimeur (Darantière), l’atelier graphique (Temps Réel), le photographe (Michel Ferchaud), le caricaturiste (Patrick Grillot), etc. Elle représentait dignement notre région dans les salons du livre, notamment celui de Paris – où la Bourgogne, triste symbole, n’a plus de stand depuis 2014.

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