Festival de musique baroque de Beaune : récital numéro 35

Dans le cadre très privilégié des Hospices de Beaune, le festival international de musique baroque jouera sa 35e partition durant quatre week-ends du 6 au 29 juillet. Mondial, l’événement implique un haut niveau de spiritualité et une organisation millimétrée. Analyse d’un récital en quelques chiffres avec ses créateurs Anne Blanchard et Kader Hassissi.

Anne Blanchard est l’inspirée directrice artistique d’un festival à la renommée planétaire. © Jonas Jacquel

Par Maud Mignotte
Pour Dijon-Beaune Mag #70

 35 

Il souffle cette année ses 35 bougies. Joyeux anniversaire ! Lancer un événement de ce genre en 1983 était un joli pari, de l’aveu même de ses créateurs Anne Blanchard et Kader Hassissi. L’indissociable binôme en a fait depuis une référence internationale. Sans fausse modestie, le directeur du festival estime que « Salzbourg a son festival de musique classique, Beaune a le sien pour le baroque ». Difficile de lui donner tort. La recette du succès est simple en apparence : « Capitaliser sur les compositions et les instruments d’époque, avec des musiciens talentueux, capables d’une élégance et d’une rondeur des sons inégalables. » La rareté, encore et toujours, plait.

 12 

Douze représentations animeront ces week-ends baroques : cinq opéras, parmi lesquels Mozart (Le Nozze di Figaro) et Rossini (II Barbiere di Siviglia et L’Italiana in Algeri) figureront en bonne place. Le compositeur italien sera mis à l’honneur « pour commémorer le 150e anniversaire de sa mort ; nous renouerons d’ailleurs avec le cycle des opéras de Vivaldi ». Effet bœuf garanti. Quatre oratorios* complèteront le menu, dont deux nouvelles productions consacrées au maître de baroque Haendel, comme il est de rigueur en ouverture du festival. Enfin, Sylvia Schwart, Vivica Genaux et Andreas Scholl livreront trois récitals de haute volée.

* Œuvre lyrique dramatique dépouillée (sans mise en scène, ni costumes ni décors) généralement composée pour voix solistes, chœur et orchestre symphonique, dont le sujet est le plus souvent religieux.

©D.R.

 120 

Avec un total de 120 opéras baroques (dont 30 réadaptations) organisés à Beaune, Anne Blanchard peut revendiquer une certaine expertise en la matière. Encore plus avec 80 concerts d’oratorios, une quarantaine de récitals, et dix concerts symphoniques dans sa besace de directrice artistique. Ce savoir-faire a même accouché d’une Académie de chant baroque. « Nous avons une production au top, et des conditions que nous ne retrouvons nulle par ailleurs », confirme son alter ego Kader Hassissi.

 500 

Chaque année, 500 musiciens se rendent sur la scène des Hospices de Beaune. Cela suppose une organisation millimétrée. Les organisateurs font passer des auditions en France et bien plus loin pour dégoter les perles rares. Il en va aussi d’une nécessaire réactualisation du festival. « Nous lançons des jeunes et engageons tous les deux ans aussi bien des chanteurs que des chefs d’orchestres », reprend Kader, lui-même « en permanence dans le repérage de nouveaux talents ». Beaucoup de leurs protégés se produisent aujourd’hui sur les plus grandes scènes européennes (Sara Mingardo, Laura Polverelli, Andreas Scholl, Brian Asawa…). « Nos orchestres sont parmi les plus grands d’Europe en terme d’offre. Nous avons notre propre production à Beaune et nous l’exportons partout », apprécie l’intéressé.

 9 000 

Tel est le nombre de visiteurs chaque année. Venus parfois de très loin. Complet depuis plusieurs éditions, le rendez-vous attire mélomanes passionnés mais aussi un certain nombre de curieux. L’opéra n’est finalement pas si élitiste ou austère comme on s’amuse parfois à la caricaturer : « C’est un choc émotionnel, une vibration avec la musique, nuance le directeur. Ce n’est pas un problème de fréquentation, il faut être éduqué à cette musique, apprendre à l’écouter et à découvrir ce large répertoire. »

 2 

Les préparatifs nécessitent deux années complètes de travail. « C’est le minimum pour élaborer la programmation. Sinon, il est impossible de réaliser le festival dans les meilleures conditions, pour qu’il soit digne des éditions précédentes », assure le directeur, qui s’appuye en outre sur une bonne vingtaine de bénévoles dans le domaine culturel et musical.