FFB 21, fédération en béton

Indépendante dans le fond et la forme, représentante du plus petit artisan aux « majors », la Fédération Française du Bâtiment de Côte-d’Or entend bétonner son assise et valoriser un secteur ouvert à de nouvelles promesses. Petit tour du propriétaire en quelques chiffres commentés. 

Frédéric Demongeot est le président de la Fédération Française du Bâtiment de Côte-d’Or depuis novembre 2016. © Jonas Jacquel

Propos recueillis par Alexis Cappellaro
Pour Dijon-Beaune Mag #69

 1899 

La FFB 21 a été créée en 1899, comme en atteste la sculpture présente dans la cour de l’Hôtel de Frasans, son siège de la rue Jeannin. Le but était simple pour les entrepreneurs : s’unir pour que leur profession existe et que les chefs d’entreprise soient reconnus et défendus. D’accord, mais face à qui ? Cela sous-entend-t-il un manque de reconnaissance général ? « L’époque était sans doute plus corporatiste qu’aujourd’hui », note en préambule Valérie Bernard, secrétaire générale de la FFB 21. « Le secteur pâtit d’une image degradée alors qu’il répond aux besoins primaires de l’Homme. Longtemps, nous n’avons pas bien valorisé nos métiers ; de façon caricaturale, le Bâtiment est encore pour beaucoup constitué à 80% de pousseurs de brouette… » On comprend alors l’interêt d’une revalorisation.

 33 

Plus de 33 métiers sont représentés par la FFB 21 au travers de 9 chambres professionnelles. Elle défend les intérêts aussi bien de l’artisan travaillant seul que des majors de type Vinci, Bouygues ou Eiffage pour ne citer qu’eux. Ce qui en fait la première organisation représentative des entreprises du Bâtiment. « Un adhérent est un adhérent, petit ou grand, confirme le président Frédéric Demongeot. Notre travail consiste à leur éviter tous les petits cailloux dans la chaussure, à les encourager à prendre de la hauteur. Un major a besoin d’être protégé au niveau des marchés. Une petite entreprise ou un artisan seul a besoin de conseils juridiques et sociaux. Un devis, une facture, une feuille de paye pour un apprenti… Ce n’est pas inné ! » L’aide a ses limites : la FFB agit volontairement comme consultant sur la base d’une expertise éprouvée, pas d’une « nounou » à start-up. « D’autant qu’un chef d’entreprise est par essence quelqu’un qui a choisi de maîtriser son destin. »

 11 000 

À peu de choses près, le Bâtiment pèse 11 000 emplois « directs, non délocalisables et qualifiés » en Côte-d’Or.  « On dit qu’un emploi dans le Bâtiment représente deux emplois induits dans les activités connexes », ajoute Valérie Bernard, pas mécontente de constater que cette donnée est de plus en plus considérée. « Il y a une prise de conscience pragmatique des clients. On commence à comprendre que faire travailler local encourage un cycle vertueux et que la qualité a un prix. »

 25 

25 membres composent le conseil d’administration de la FFB Côte-d’Or, lui-même formé d’un comité exécutif au four et au moulin. « Ce ne sont que chefs d’entreprise en activité dans le bâtiment, sans jeton de présence, et on ne fonctionne que sur la base de nos cotisations, appuie Valérie. Cette absence d’argent public garantit notre indépendance. » Quid de cette double casquette de patron et de représentant ? N’encourage-t-elle pas à tirer la couverture pour soi ? « Tout l’enjeu d’une fédération est d’éviter cela ! Nous sommes un peu les gardiens du temple ; un corps de métier doit être conscient des réalités de l’autre. Rassembler implique de mettre l’accent sur ce qui unit plutôt que sur ce qui divise. »

 2 

Sur un chantier, en moyenne, 2% des travailleurs sont des femmes. La Côte-d’Or n’échappe pas à la tendance lourde, même si la secrétaire générale s’efforce de positiver : « Beaucoup de TPE comptent une femme secrétaire, qui est en réalité le bras droit du dirigeant. » Et de convenir, lucide, que ce taux reste très bas. Le changement pourrait arriver plus vite qu’on ne le croit. « Il ne faut pas se voiler la face, un maçon restera très majoritairement un homme. La féminisation pour la féminisation n’a pas lieu d’être. Mais les formations en génie civil, par exemple, se féminisent. Les métiers de demain poussent heureusement au brassage : pilote de drone ou d’imprimante 3D,  BIM manager*… »
* Développe et met en place le processus BIM (« Building Information Modeling » – Maquette numérique) autour de la conception, de la construction et de l’exploitation de l’ouvrage tout au long de son cycle de vie.

 10% 

C’est la part du Bâtiment dans l’économie côte-d’orienne en terme de chiffre d’affaires généré, soit 3 milliards. « En France, le total s’élève à 126 milliards. Ce qui, en considérant le nombre de départements français, n’est vraiment pas si mal. » Au-delà de cette richesse créée, il convient de respecter quelques règles d’économie élémentaires : le résultat net des entreprises concernées laisse en réalité assez peu de marge de manœuvre pour investir. La raison ? « Les vieux maux du Bâtiment au niveau de la productivité, de la main d’œuvre qualifiée et, il faut balayer devant sa porte, sans doute aussi de problèmes de management. Mais tout cela est en train de changer. »

 1 

Dijon est numéro 1 des villes du Nord-Est « où il fait bon vivre et travailler » selon une étude de L’Express. Pôle naturel de la Côte-d’Or, la capitale régionale est un terrain de jeu fertile. « Il n’est pas plus facile ou plus compliqué de construire ici que dans le Vaucluse, nuance Frédéric Demongeot. Il n’y a simplement pas les mêmes traditions et, de fait, la même nature de travaux. Ici, on est plutôt tuile vernissée que tuile canal  ! (sourires). La Côte-d’Or a toujours eu une tradition de gros œuvre ; les acteurs du Bâtiment ont un devoir envers son patrimoine : la pierre, le monde viticole… Il existe quelque part une vraie responsabilité vis-à-vis de l’art de vivre.  À ce titre, nous n’avons pas le droit d’abandonner des métiers séculaires (tailleurs de pierre, staffeurs)… »

 2016 

L’année du début de mandat du président de la FFB 21. Élu pour trois ans en novembre 2016 (bail renouvelable une fois), Frédéric Demongeot porte le projet « Bâtissons équitable ». Un grand cahier des charges « œuvrant pour la compétitivité des entreprises, encourageant la coactivité entre les corps de métiers, rééquilibrant les relations entre les différents acteurs de la construction… » En clair, « travailler en bonne intelligence ». Difficile de lui donner tort.