Grands crus: Patrick Lebas tient bien la route

C’est à boire et c’est à voir, c’est le road-book qu’il nous faut. Ludique, efficace et pertinente en cette période faste pour la région, la dernière parution de Patrick Lebas dépoussière un genre vieillissant. Tweet interview (moins de 160 signes par réponse) de l’auteur du Guide qui tient la route des grands crus de Bourgogne, qui sera présent à Livres en vignes ce week-end.

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Site, édition, produits dérivés: on s’amuse bien à ce que je vois en Bourgogne?
Le côté feuilles de vignes en plastique, c’est pas trop mon truc. Le vin, le terroir… c’est pas forcément vintage! Avec du pinot, la fête est plus folle, non ? In pinot noir we trust, camarade!

Au fait, Mémé(*) est définitivement enterrée?
Mémé coule pour l’heure des jours heureux mais elle est toujours là, elle sommeille en chacun de nous, en particulier pour défendre le bien-manger, le bien-boire et le bien vieillir.

Franchement, c’est souvent ennuyeux les bouquins sur le vin, non?
Le vin est trop souvent considéré comme une science. Ceux qui parlent, qui écrivent sur le vin prennent une posture de scientifique. Ils oublient que le vin est un bien culturel.

Ton guide s’appuie sur les grands crus et donc sur cette vieille nationale mythique qui les traverse? Tu penses qu’on pourrait la rendre plus sexy ladite route?
C’est très bourguignon de cacher sa richesse… Ce n’est pas et ça ne sera jamais la Riviera. Les beautés cachées se méritent et ça les rend d’autant plus belles.

Les climats désormais universels promettent de bouleverser les habitudes. Tu penses que ça va profiter à la conscience écologique dans nos vignobles?
Que tous les dieux t’entendent! C’est vrai que la route n’a pas été conçue comme une attraction touristique. Il faut en revanche que cette inscription déclenche une vraie et belle prise de conscience.

Les grands crus c’est bien, mais plus grand monde n’a les moyens de les acheter par chez nous. T’as d’autres pistes pour aborder la Bourgogne?
Prendre de la hauteur, aller rencontrer des vignerons des Hautes Côtes, des appellations moins prestigieuses, j’adore par exemple les vins d’Agnès Paquet, les Monthelie d’Eric Boussey…

La dérive du foncier viticole renforce le caractère exclusif de la Bourgogne, surtout en Côte-d’Or. C’est bon pour l’œnotourisme ça?
La Bourgogne devient un luxe, un oxymore qui ferait bondir les vieux de la vieille mais c’est ainsi. Tu peux aimer le foot et être dégoûté par ce que l’Homme en fait. L’œnotourisme ne doit en tout cas pas être un dommage collatéral.

Les Bourguignons eux-mêmes ont-ils un intérêt à investir dans Le guide qui tient la route des grands crus de Bourgogne?
Je les incite en tout cas à connaître leur terroir pour mieux le défendre. On a une chance incroyable d’être en Bourgogne, il ne faudrait pas assister impuissants à l’export de nos crus!!!!

Ton grand cru préféré?
Le prochain que l’on ouvrira à l’apéro, tous… tous les deux!

Ton bourgogne générique préféré?
Je serais tenté de faire la même réponse… Les bons domaines ont tendance à produire des génériques de grande qualité, c’est une chance pour nous, le peuple, de goûter de bons choses, je pense notamment à Vincent Dancer…

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(*)Mémé est une publication esthétique et un brin décalée qui faisait le bonheur des amateurs de bons produits.