Groupe Arcades : la positive attitude des futurs pros du vin

Ils sont élèves de la formation commerce international des vins, spiritueux et œnotourisme (FCIL) du groupe Arcades Dijon. On leur a demandé comment ils vivent la situation actuelle. Par le texte et l’image, ces futurs ambassadeurs de la Bourgogne viticole ont répondu par la positive attitude.

Par Dominique Bruillot,
parrain de la promotion 2020

Cette formation créée il y a bientôt dix ans par Catherine Grataroli et Irmine Carterot s’adresse à des jeunes en post-bac ou BTS désireux d’acquérir une expérience profitable à une carrière nationale ou internationale dans le vin, les spiritueux et l’œnotourisme. Elle inclut 14 semaines en entreprise et repose sur un cahier des charges servi par une vingtaine d’intervenants professionnels. Voyages à l’étranger, visites dans les vignes, maîtrise des langues étrangères, dégustations, stages et diplômes sont au programme d’un cursus exigeant, relayé par un réseau de grands professionnels dans le monde. L’emploi est au bout de la route.

Chaque année, Catherine et Irmine font appel à des parrains pour une promotion qui rassemble en moyenne une quinzaine d’élèves. Ils ont pour nom Aubert de Villaine (domaine de la Romanée-Conti), Louis-Marc Chevignard (confrérie des Chevaliers du Tastevin), François Rebsamen (alors Ministre du travail), Christophe Bouchard (président de Bouchard Père et Fils), Georges Blanc (chef 3 étoiles Michelin), Dominique Loiseau (présidente groupe Loiseau), Philippe Crevoisier (ex DG de SEB, président de l’Association de la Cité de la Gastronomie et du Vin) et Erwan Faiveley (PDG domaine Faiveley). En 2020, le groupe des Arcades a proposé à l’auteur de ces lignes (en photo) de parrainer sa promotion. Très honoré, mais aussi conscient des responsabilités qu’engage une telle proposition, je me suis donc permis de demander à tout ce petit monde comment il vit le confinement et ce qu’il entrevoit de son avenir.


Catherine et Irmine, unies par le vin

Catherine Grataroli et Irmine Catertot sont les inséparables fondatrices de la formation commerce international des vins, spiritueux et œnotourisme. Pendant cette mise en retrait forcée, elles ont en premier lieu assuré l’animation des cours en visioconférence, webimaires, quiz, vidéos, liens, tutoriels et autres … « Nos jeunes n’ont jamais été aussi heureux de revoir leurs professeurs ! », reconnait Catherine, confinée au centre-ville à Dijon « avec le luxe d’un petit jardin et de quelques palmiers ». On la voit ici, apparaissant discrètement derrière un gevrey premier cru Lavaux Saint-Jacques de chez Faiveley, non seulement en clin d’œil à Erwan Faiveley qui fut l’un des parrains de la promotion, mais pour rappeler, au-delà de cette période de Zoom-dégustation, « qu’on se reverra tous en terrasse des cafés, au soleil, en levant nos verres à la joie retrouvée ! » Pour Irmine, la quête des œufs de Pâques a été l’occasion de sortir de derrière les fagots quelques petits joyaux « envoyés par les cloches bourguignonnes ». Complices et pétillantes, les deux amies.

Lucie et l’inspiration fraternelle

Seule avec son chat Lala à Dijon, Lucie Menestrier a choisi de partager avec lui un vin du domaine Aurélien Febvre, En Aparté 2015. « S’agissant de mon frère, c’était une évidence pour moi de faire un lien avec ma famille, et je continue à exercer mon palais, même si le vin est initialement source de partage et de convivialité », commente la jeune femme de 24 ans qui, de formation comptable, veut faire son chemin dans le monde viticole et sa commercialisation. Une vocation révélée par les échanges fraternels bien sûr, mais aussi au contact de vignerons comme Sylvain Pataille ou Emmanuel Giboulot, chez qui la formation l’a conduit pour un stage. « J’ai trouvé ma voie, travailler dans un domaine viticole dans lequel je pourrais être totalement polyvalente ».

Chloé et son « matou pot de colle »

Autre Dijonnaise, Chloé Munschi, 23 ans, espère faire son stage à Montpellier, « si le Covid nous le permet ». Son objectif : « Me préparer à la licence en œnotourisme ». Le millésime 2020 n’est certes pas le meilleur pour ce secteur cruellement touché par la crise sanitaire. Mais c’est peut-être le moment pour se réinventer dans ce genre de métier. Petit livre du sommelier du médiatique Gwilherm de Cerval dans une main, verre dans l’autre, Chloé est studieuse. Elle a plutôt intérêt, à en croire le regard sévère de son « matou pot de colle » qui veille sur elle comme la prunelle de ses yeux.

Elaine, maman avec vue sur le monde

Ses ambitions sont internationales. « Je veux m’épanouir professionnellement dans le commerce des vins et l’œnotourisme qui font la fierté de notre région », affirme clairement Elaine, 33 ans. Confinée dans son appartement de Longvic avec sa fille de 6 ans, elle a déjà pu faire un premier stage riche d’enseignements au Goût du Vin à Quetigny. Maintenant, c’est au Château de Marsannay que la jeune maman compte parfaire sa formation avant de s’ouvrir au monde. Un très bon choix, que nous approuvons pleinement.

Agathe dans son jus à Auxey-Duresses

Bien dans son jus, Agathe Prunier (un nom qui respire le vin en Bourgogne), se retrouve au cœur des vignes du domaine familial Prunier-Damy, en Côte de Beaune, à Auxey-Duresses. Donc pas vraiment confinée puisque le terroir, lui, n’a que faire d’un virus (lire nos chroniques vigneronnes). Il n’est pas non plus nécessaire d’en dire plus sur les motivations qui ont poussé cette fille de vigneron âgée de 21 ans qui, en toute logique, a choisi de se mettre en scène dans son environnement « qui représente mon quotidien, entouré de vignes et de bon vin ». Agathe, c’est un peu comme un certain Gaulois corpulent livreur de menhirs, elle est tombée dedans toute petite.

Louis muscle sa connaissance du vin

Il partage sa vue entre Angoulême et Izier. « Il y aura un après Covid-19, les Français vont fêter la fin du confinement comme il se doit », promet Louis Chaussat. Confiné en famille chez sa maman, le jeune homme de 23 ans a fait le choix de la formation « pour découvrir le terroir bourguignon et accroître ma connaissance des vins de Bourgogne ». Pour finaliser sa quête de savoir, il vise un stage au Goût du Vin, une bien belle maison pour apprendre effectivement. On sent même qu’il a hâte d’en découdre. Cette posture haltérophile avec une bouteille au bout de chaque bras, que l’on pourrait rebaptiser « dés-haltérophile » (néologisme inspiré du verbe désaltérer) trahit son impatience. « Pendant le confinement il faut bien s’occuper ! », justifie en retour l’intéressé.

Jonathan, cœur militant et palais libre

Pour le confinement, Jonathan Finat s’est replié dans son Auvergne natale. Autrement, il est plutôt partagé entre Marseille et Dijon, qu’il a donc rejoint pour ses études. « J’espère que les Français regarderont plus loin que le bout de leur nez après cette crise, qu’ils penseront aux changements sociaux et climatiques nécessaires à appliquer », explique, avec la force de conviction de ses 24 ans, ce fan des « vins libres et nature » pour lesquels il veut ouvrir un jour un bar à vins, caviste et restaurant. Un bien beau projet, qu’il a approché en effectuant son stage chez Antoine Dengis, le gérant de la cave Vins Natures à Lyon. Jonathan a le cœur militant et le palais libre.

Lucille au pays des spiritueux

Le monde des vins, elle ne connaissait pas. Mais à travers lui, Lucille Fayard, 20 ans, a découvert celui des spiritueux. « C’est dans ce domaine que je veux poursuivre ma formation », explique la Dijonnaise. Si l’annonce du confinement a mis en stand-by son projet de stage à Porto, un passage par le bar à vins La Fine Heure lui aura déjà permis de renforcer ses connaissances. « Il y a eu un avant, il y aura un après. Me dirigeant vers le service et la restauration, je sais qu’il faudra plusieurs années pour que ce secteur se remette de la crise », analyse-t-elle avec lucidité. Après avoir profité du balcon ensoleillé de son petit appartement de Dijon, Lucille a rejoint ses parents à Saint-Rémy, en Saône-et-Loire. Le temps d’un confinement studieux : « Je me suis employée à améliorer les méthodes de dégustation, à réviser sérieusement le livre du WSET car nous passons le niveau 2 dans quelques semaines ». Photo à l’appui.

Marieke, inspirée par la Bourgogne

On la voit dégustant un vin italien, le regard posé sur la magnifique cathédrale Saint-Jean, « pour me préparer au WSET, cet examen que j’espère tout de même passer à Londres cette année ». L’image romantique d’une jeune femme de 29 ans, confinée dans l’un des plus beaux quartiers de Lyon, ne laisse aucun doute sur la sensibilité de celle-ci en tant que future professionnelle de l’œnotourisme. La Bourgogne a d’ailleurs été une muse pour Marieke Le Maigat : « J’ai découvert la Côte-d’Or, appris à différencier les vins, les associer, les présenter, en classe et lors d’un stage à la cave Roosevelt de Lyon ». Promis, juré, craché comme en dégustation, tout en nourrissant des rêves de voyages pour plus tard, elle reviendra « le prochain été pour balader les vacanciers en Côte de Nuits et Côtes de Beaune ».

Jules boit haut et voit loin

« Je suis confiné à Dijon, avec mes bouteilles, ma sœur et ma grand-mère, je veille sur nos doyens ! » Il n’y va pas par quatre chemins, du haut de ses 20 ans, Jules Larcher. À la lecture des étiquettes qui couvrent la pelouse de son lieu de confinement, on voit qu’il a déjà de quoi faire saliver plus d’un amateur éclairé. Avec un commentaire qui en dit long sur les motivations du garçon : « J’ai effectué cette photo car pour moi le vin est un art plus qu’une appellation. » Jules est du genre à vouloir en apprendre toujours plus. Après un stage chez Nicolas à Dijon, il ne se fait pas beaucoup d’illusion pour le suivant, « cela semble compromis ». Il s’inquiète à juste titre pour cet après Covid-19 qui va empêcher la venue des grands amateurs de bourgognes que sont les asiatiques. Mais c’est le moment de ne rien lâcher : « Il faut penser aux gens qui travaillent pour nous offrir des bouteilles qui font rêver. » Jules boit haut et voit loin.

Claire et le feu de la passion

Cette chanceuse a fait son stage à Saint-Martin, aux Antilles, avec le Goût du Vin. « Titulaire d’un BTS viticulture œnologie, mon objectif était de me diversifier et d’avoir les bases de la commercialisation », résume Claire Chambon, 21 ans, confinée avec sa mère et son chien à Chevigny-Saint-Sauveur. Claire a une vision claire mais ouverte de son parcours. En convoitant par exemple « une licence pro en commerce international des vins et spiritueux » ou « en se dirigeant plus significativement vers l’œnotourisme ». Mais c’est déjà la crise sanitaire qui la touche en premier lieu. « Sapeur-pompier volontaire, je suis amenée à partir en intervention sur des cas de Covid-19. Tout comme mes collègues pompiers et les soignants, nous devons nous protéger et protéger la population en portant des masques, gants… », martèle celle qui aura une attention particulière aux gestes barrière dans son parcours professionnel.

Charlyne et ses rêves d’œnotourisme

C’est la plus jeune de la promotion des Arcades. Charlyne Petit, 18 ans, a vécu son confinement à Couternon. On l’imagine studieuse, comme le montre sa photo qui « prouve qu’on peut apprendre en se faisant plaisir». Mais le Covid-19, encore lui, a battu en brèche son projet de stage dans l’œnotourisme. « Après la formation, je voudrais être dans la vente de vin, la communication et l’organisation d’évènements », maintient Charlyne. Qu’elle ne soit pas inquiète, à son âge, on a tout le temps devant soi.

Arthur, « papa nez » de ses vins

Mais pourquoi diable glisser une bouteille dans sa salopette ? Arthur Mangani n’en fait pas le secret, pour lui, « un vin c’est comme notre enfant, comme un proche qu’on chérit et qu’on voit grandir au fil des années. On observe son élevage, on ne fait qu’espérer le meilleur pour lui ». Enfant du sérail, Arthur sera donc un papa exemplaire, un « papa nez » si on veut bien nous pardonner cette expression inventée de toute pièce, car « la réussite d’un vin passe et dépend de la reconnaissance des autres ». Pour parvenir à ses fins, il se voit déjà voyager et « apprendre, que ce soit dans le domaine du vin ou pas, car toutes les expériences sont bonnes à prendre ».

Théo, de côtes de bœuf en Côte de Nuits

Au quotidien, confinement ou pas, il travaille au rayon boucherie d’un supermarché. Titulaire d’un bac pro « avec mention assez bien », tient-il à préciser, Théo Roux est aussi « un amateur de vins et spiritueux ». Ce gros bosseur n’a donc pas eu peur de relever le défi de la formation proposée par Catherine Grataroli et Irmine Carterot, « elle était pour moi un moyen de développer mes connaissances dans ce domaine ». Super Théo assure donc le ravitaillement de ses clients tout en suivant ses cours. « Pas facile à mener de front », reconnaît l’intéressé. Mais quand on est capable de ça, on est capable de beaucoup de choses. On ne serait d’ailleurs pas surpris de le voir, un de ces jours, l’ami Théo nous enseigner l’art des accords entre une côte de bœuf et Côtes de nuits.

Gael, en mode troisième mi-temps

Le gars du Sud-Ouest passe la crise au bercail, à Vinassan et ses beaux coteaux du Languedoc. Gael Masdupuy, 20 ans, a le style méditerranéen qui lui colle à la chemise : son premier stage, il l’effectué au Verre d’Un à Carcassonne, « pour me familiariser avec l’art du service ». Bientôt viendra Vie d’Oc à Narbonne pour « apprendre à être un bon commercial », résume-t-il sobrement. C’est déjà un début, en effet. Après le Covid-19, il vise un BTS en alternance comme technico-commercial. Avant l’objectif suprême, « devenir barman à mon compte ». Le choix de l’indépendance est courageux, surtout par les temps qui courent. Il faudra savoir gérer et évacuer la pression. Posé en terrasse, le gazier sait déjà faire : « J’aime beaucoup me détendre, réfléchir à plus tard, à toutes les éventualités de la vie, philosophe-t-il. Et pour le whisky, c’est simplement parce que je suis un petit amateur ! »