Hep sommelier! La subtile culture du cigare (3/6)

Pour ce troisième temps de notre série Hep sommelier! consacrée au cigare, Michel Smolarek aborde la partie culturale de la production. Une fois encore, les parallèles avec le vin sont légion.

fabrication

« Pour comprendre un plant de tabac, durant ses mois de culture, il faut observer le paysage de la Vuelta Abajo qui se recouvre de champs de tabac d’un vert éclatant, lumineux et de longs voiles blancs, le tout sous une température de 35° venue du soleil des Caraïbes.
Il y a là deux types de culture du tabac destiné au célèbre Havane: le tabaco del sol, cultivé à l’air libre, et le tabaco tapado (tabac recouvert), cultivé sous des voiles de coton blanc.
Les plants recouverts sont ainsi protégés contre les insectes, les fortes pluies, les rayons directs du soleil, ces feuilles sont destinées à former la « cape » du cigare, c’est-à-dire son enveloppe extérieure.
On leur demande d’êtres belles, larges, sans tache et sans déchirure, plutôt que de se charger d’arôme ou de force, comme les feuilles cultivées à l’air libre. La cape joue essentiellement un rôle esthétique et n’influence pas le goût du cigare. Elle influence le visuel et offre un premier plaisir à l’amateur de havane.
Les plants à l’air libre (tabaco del sol), eux, servent à fabriquer la sous cape et la tripe du cigare, c’est-à-dire son corps. Ici le plant de tabac s’élève à hauteur d’homme et s’habille de feuilles diversement chargées de sève, de soleil, de force et d’arôme, que le veguero (le planteur) différencie en six paliers, cités ci-dessous de bas en haut.
Trois paliers apportent goût et arôme léger: libre de pie, uno y medio, centro ligeroLes trois autres paliers de la plante se nomment: centro fino, centro gordo, corona. Ils se situent au centre et à l’extrémité et apportent la force et l’équilibre. Plus on monte, plus la feuille est riche en sève, en soleil, en goût.
Les premières cueillis sont les feuilles du bas (libre de pie), les plus anciennes sur le plant, puis sept jours plus tard environ, les uno y medio, et ainsi de suite jusqu’aux corona. Un long procédé est ensuite en marche qui consiste à la fermentation. Elle peut durer de un à trois ans, la plus longue durée étant préférable. »

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