Héros ordinaires #6 – Sébastien Mirek, anesthésiste-réanimateur au CHU Dijon et politique : « On a eu chaud, mais jamais été débordés »

Ils sont les petites pierres apportées à l’édifice de notre rémission. Portraits de ces travailleurs ordinaires sous l’œil du photographe Jean-Luc Petit. Épisode 6 : Sébastien Mirek, anesthésiste-réanimateur au CHU Dijon et référent départemental En Marche.


Photos : Jean-Luc Petit

Chez Sébastien Mirek, anesthésiste réanimateur au CHU de Dijon, mais également délégué départemental En Marche, il y a les actes, et la parole. Côté actes, le médecin de 37 ans a été en première ligne pour lutter contre le Covid-19, aidant à la mise en place, dans les premiers jours, de la stratégie locale de gestion de la crise, en lien avec son « patron », le professeur Belaid Bouhemad. « Je suis médecin capitaine réserviste, et je suis formé à la médecine de guerre. Le plan de mobilisation sur lequel j’ai travaillé avant le début du confinement a eu pour objectif d’éviter la catastrophe, ce qui est vraiment l’essence du métier de la réanimation », explique-t-il.

« Avec des confrères italiens, d’autres de Strasbourg, ou de Paris, nous avons mis en commun, en continu, nos connaissances et découvertes, par le biais d’un groupe de discussion. »

Durant les huit semaines de confinement, Sébastien partage son temps entre le service de réanimation et des activités de formation aux procédures, destinées à tout le personnel médical. « Avec des confrères italiens, d’autres de Strasbourg, ou de Paris, nous avons mis en commun, en continu, nos connaissances et découvertes, par le biais d’un groupe de discussion. J’ai tourné des vidéos de formation à distance, par exemple pour montrer comment s’habiller et se déshabiller lorsque l’on est en contact avec les patients Covid, et aidé au développement d’une application sur iPad regroupant les check-list que devaient suivre les soignants. »

350 formés en dix jours par Sébastien Mirek

Il forme ainsi plus de 350 personnes en dix jours, une sacrée prouesse. Tandis que la crise avance, le nombre de malades grimpe en flèche, mettant tout l’hôpital en tension. « Au fur et mesure de l’arrivée de patients, le service de réanimation est sorti de ses murs. La salle de réveil est devenue salle de réa, puis ça a été le tour de la salle d’opération, et ainsi de suite », se souvient le médecin, natif du Creusot. « On peut dire qu’on a eu chaud, mais que nous n’avons jamais été débordés au CHU de Dijon », assure-t-il.

On entre cette fois dans le domaine de la parole, que Sébastien Mirek maîtrise également pour écarter les critiques sur l’action du gouvernement. Et là, il faut bien avouer, le discours lissé du médecin politique peut lasser ses opposants : les soignants ont tenté d’alerter sur l’état du système de santé, certes, mais le gouvernement n’en est que marginalement responsable, payant « 30 années de politique et de choix antérieurs ». Concernant l’absence de stock de masques et le fait de les avoir déconseillés à la population dans un premier temps, c’était pour éviter que les gens ne se « ruent sur les soignants pour s’emparer de leurs masques ». Bien sûr, l’engagement politique de Sébastien Mirek ne se limite pas à la communication. « Je veux voir le bon côté des choses, être force de propositions. C’est ce qui m’a séduit chez Emmanuel Macron, ce côté à aller de l’avant, et à dépasser le clivage droite / gauche. »

Selon le médecin, l’heure n’est pas encore à la sortie de crise, celle-ci étant appelée à durer encore de « longs mois ». Elle est par contre à tenter d’éviter la banqueroute sur laquelle peut déboucher le désastre économique. « Pendant la crise, on a vu que ce qui marchait, c’était de mobiliser le tissu socio-économique local. Il faut rapatrier certaines productions sensibles, renforcer à la fois l’échelon régional et l’échelon européen », analyse-t-il. Fils d’une famille polonaise venue travailler dans l’industrie et les mines du Creusot, Sébastien Mirek ne se cache pas d’être toujours un européen convaincu.


Déjà parus

Épisode 1 : Carole Descharmes, médecin généraliste à Gergy (71)
Épisode 2 : Romain Bormel, conducteur de benne à ordures à Dijon
Épisode 3 : Magali, caissière au Super U d’Arc-sur-Tille
Épisode 4 : Lakhdar Zelbouni, président de l’épicerie solidaire Le Cœur Dijonnais
Épisode 5 : Vanessa, ASH volontaire au CHU Dijon