Jean-Philippe Girard, ou l’importance du premier regard

Entre sérieux et décontraction, dans un style qui lui est propre, Jean-Philippe Girard passe en cabine. Habillé en Bayard, le PDG d’Eurogerm énonce un principe valable dans bien des cas, y compris professionnels :  « Pensez à votre premier regard, il guidera souvent la suite. » Interview.

Propos recueuillis par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag #71
Photo : Jean-Luc Petit

L’habit fait-il le patron ?

On pourrait spontanément répondre non. Mais en poussant un peu la réflexion, je me demande si « être bien dans ses habits » ne rime pas avec « être bien dans sa vie ». Ne dit-on pas parfois de quelqu’un que ce costume est trop grand pour lui ? L’ habit peut aussi donner confiance… ou appréhension ! N’a-t-on pas regretté un jour d’avoir la mauvaise tenue lors d’un rendez-vous ou d’une soirée ? Trouver son style de vêtements, le bon tissu, les bonnes couleurs, les bonnes sensations, sont incontestablement des atouts pour réussir. 

Justement, un chef d’entreprise doit-il adapter sa tenue aux circonstances ? C’est encore une règle pour faire de bonnes affaires ?

J’aurais tendance – joli jeu de mots – à dire oui. Certes, on peut tenter de casser les codes mais rares sont ceux qui ont réussi durablement. J’ai pourtant en tête de très belles réussites, mais elles sont si rares… Prenons l’exemple de Mark Zukerberg, dont la signature vestimentaire est le t-shirt. Il n’a pas hésité à le troquer pour un costume – peut-être un Bayard, qui sait ? – pour rencontrer les sénateurs américains. Autre exemple : confiriez-vous 100 000 euros à un patron de banque qui vous recevrait en short, sandalettes et chemise à fleurs ? Bien sûr, je caricature, mais tout cela mérite réflexion.

Êtes-vous attaché à ce genre de choses ?

À mon sens, l’habit doit avant tout respecter celui ou celle que vous rencontrez. Chaque matin, je regarde mon planning avant de m’habiller. Je suis très sensible à la tenue, au choix des vêtements et des couleurs sans toutefois porter de jugement. Mais l’habit peut réveiller nombre de « capteurs internes » qui peuvent décider d’un rendez-vous ou d’un entretien. Pensez à votre premier regard, il guidera souvent la suite…

Et en Bayard, eu égard à votre amitié pour Patrick Oudet ? Vous sentez-vous l’âme d’un chevalier ?

Je ne sais si j’ai l’âme d’un chevalier, mais j’ai l’esprit de conquête, l’esprit d’entreprendre ! C’est ma vie, c’est mon moteur. La conquête, si elle est noble, est un merveilleux carburant pour vivre pleinement chaque instant. Elle écarte la fatigue et booste vos équipes. En fait, sans le savoir, j’ai sûrement l’âme d’un chevalier Bayard, sans peur et sans reproche, habillé – pardon, habité – par cette devise : Accipit ut det. Il reçoit pour donner.