Klapisch critiqué : Ce qui (ne) nous lie (plus) à Paris

Sorti le 14 juin et ayant tout juste dépassé les 500 000 entrées, Ce qui nous lie nous avait plu, donnant le sentiment heureux que le cinéma avait enfin offert à la Bourgogne le film qu’elle méritait. Enfin, c’est ce que nous pensions. Parce que du côté de la presse parisienne, on nage à contre-courant, comme toujours.

Après une série navrante de réalisations cinématographiques et télévisuelles caricaturales autour de la Bourgogne, Klapisch semblait avoir enfin donné à notre vignoble le film qu’il méritait. C’est que nous pensions dans la région en tout cas, après l’avoir apprécié en avant-première. Mais entre Paris et la Province, par principe sans doute, on ne doit pas avoir les même yeux, encore moins les mêmes critères de jugement.
Nous, les ploucs, avions trouvé le ton assez juste et les problématiques évoquées plutôt en phase avec la réalité de notre environnement, celui qui nous lie au quotidien. On avait même apprécié l’approhe assez fine de la culture de la vinification dont a profité ce long métrage, grâce à l’intervention notamment de l’acteur-vigneron Jean-Marc Roulot.

« Bêtassou »

Mais il faut croire que du haut de leurs certitudes et de leurs (plus ou moins) bon mots, les « vrais » critiques cinéphiles ont un point de vue différent. Ils ont vu, dans Ce qui nous lie, un « gentil feuilleton familial » « où tout est un peu bêtassou » (Le Figaro), proche de « l’ennui » (Le Monde), plein de « trémolos nostalgiques sur les racines et la famille (qui) sentent le renfermé »… En fait, il se trouve « toujours à la limite du reportage touristique sur le terroir bourguignon » (L’Humanité). Comme à son habitude, Libération l’a jouée soft, tout en mesure : « Le cinéaste plante cette fois sa caméra en terres bourguignonnes, pour célébrer les noces franchement effrayantes de deux sous-genres du cinéma français […] : le film de vignes et la fiction d’héritage. » Quid de la mise en scène de Klapisch ? Hé bien, sachez qu’elle « capte à peu près tout à l’identique, avec la même tendresse mollassonne« .

Ces réactions sont révélatrices de l’époque dans laquelle nous vivons, dans une France partagée entre une Province qui travaille dans le silence et une capitale dominée par une minorité donneuse de leçons, qui a des avis sur tout, y compris sur la façon dont on doit parler de la Province.
Bref, tous ces commentaires n’étant pas à jeter aux orties (certains sont plus nuancés que d’autres), laissons aux Bourguignons qui ont apprécié Ce qui nous lie, le soin de se faire une idée du regard que l’on porte sur eux depuis les bureaux des savantes rédactions parisiennes.