La place de la Lib’ (Dijon), témoin de l’Histoire

© Clement Bonvalot
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De « Place Royale » à « Place de la Libération », la place centrale de la ville de Dijon incarne depuis son aménagement en 1686 les grands changements de l’Histoire de France. Rien d’étonnant pour cet hémicycle qui fait face au Palais de Ducs de Bourgogne, haut-lieu du pouvoir depuis le XIVème siècle.

A son aménagement – entre 1681 et 1686 – la place Royale a une double utilité pour son architecte Jules-Hardouin Mansard (1646-1708) surintendant des bâtiments du roi, à qui l’on doit notamment les grands aménagements du Château de Versailles : elle doit à la fois cacher les constructions hétéroclites de l’ancienne basse-cour en unifiant le style classique du lieu face au Palais des Etats de Bourgogne en construction, et servir d’écrin à la statue de Louis XIV commandée en 1686 à Etienne le Hongre, sculpteur des statues du parc du Château de Versailles. Mais Louis XIV, qui rendit l’âme en 1715 ne vit jamais la statue puisque achevée en 1790, on ne put la transporter plus loin qu’Auxerre où elle demeura jusqu’à son rapatriement en 1725 – le socle lui ne fut terminé qu’en 1742. D’architecture classique constituée d’arcades, la place en forme d’hémicycle est aménagée d’une rue qui la lie à la Porte Guillaume en 1721 par Martin de Noinville. En 2006, l’architecte Jean-Michel Wilmotte dirige les travaux de restauration qui lui redonnent son cachet de place centrale de Dijon.

 D’Armes, Impériale, Royale…

© Wikimedia Commons
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La place Royale est le symbole des changements politiques en France : rebaptisée place d’Armes en 1792 – la statue de Louis XIV est alors détruite et fondue -, elle devient place impériale en 1804, redevient royale en 1814, d’armes en 1831 durant la Monarchie de Juillet. Devenue place de Maréchal Pétain en 1941, elle est rebaptisée place de la Libération après la seconde Guerre-Mondiale. C’est de là que Pétain puis De Gaulle prononcèrent leur discours lors de leur venue à Dijon. C’est aussi là qu’en 1945, le commissaire de police Jacques Marsac, âgé de 29 ans, fut lynché et empalé sur les grilles de l’Hôtel de Ville par la population qui lui reprochait sa collaboration avec l’occupant et d’avoir arrêté les cinq auteurs de l’attentat du foyer des soldats du Reich, place du Théâtre, qui ne fit pourtant aucune victime. Ces cinq résistants furent fusillés le jour même de leur arrestation.

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