L’Alhambra à Dijon a vécu sa toute dernière séance

Entre les murs blessés du vieux cinéma abandonné depuis 38 ans, à peine ressuscité par une ultime toilette, près de 200 invités privilégiés et parfois émus ont participé à sa toute dernière séance. Puis le rideau sur l’écran est tombé. Célébré, l’Alhambra peut s’éteindre et renaître bientôt sous les traits d’une brasserie. Nouvelle vie, nouveau rôle…

Par Dominique Bruillot
Photos: Christophe Remondière

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Voyage en lieu inconnu

Les vieux Dijonnais en parlent avec émotion, la tête pleine de ces petits bonheurs réveillés par le spectacle de ces retrouvailles. Les plus jeunes ne soupçonnaient même pas l’existence d’un tel lieu.
Sous la corniche à l’italienne fatiguée par 38 ans d’abandon et de squat, entre les murs blessés d’une salle qui connut les joies du cinéma familial et des rencontres amoureuses entre deux bouchées de pop corn, l’Alhambra renaît comme par miracle, le temps d’une Soirée en lieu inconnu, non dénuée de suspens. Car, comme l’indique son nom, la surprise de la destination a été préservée jusqu’au dernier moment à près de 200 invités triés sur le volet.

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Mort cliniquement

Nous sommes jeudi soir, il fait très chaud. Chacun a alors le sentiment de se faire une toile en 3D et de voir le film surréaliste de quelques souvenirs qui se mélangent à l’étonnement et l’émerveillement. Autant de sentiments qui constituent les ingrédients d’un cocktail plus décalé que mondain, que seul un scénariste surdoué aurait osé imaginé.
Depuis 1978, l’Alhambra était donné pour mort cliniquement. Depuis quelques années, un grand panneau publicitaire lui servait de cache-misère. Maintenant, après avoir été célébré dignement, il va pouvoir disparaître sous les travaux avant de renaître dans les détails d’une brasserie de l’enseigne Au Bureau (Groupe Bertrand), dont l’ouverture est prévue au printemps prochain.
Mais cela est déjà une autre histoire dont les réalisateurs auront à cœur (ils en ont fait la promesse) de préserver l’âme d’une salle mythique qui appartient à la mémoire collective dijonnaise.

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Le rideau est tombé

L’initiative de cette toute dernière séance revient à un trio de partenaires bien décidés à ne pas s’arrêter au premier épisode de leur entreprise: Sylvie Massu, la propriétaire de l’Alhambra, exploitante du Darcy et de l’Olympia; l’agence événementielle EMA et son dirigeant Sylvain Camos; le groupe de presse des Régionaux Indépendants (Dijon Capitale, Bourgogne Magazine, Femmes en Bourgogne, Dijon-Beaune Mag et dijonbeaune.fr) représentés par ses deux éditeurs, Thomas Barbier et Dominique Bruillot.
Pour ravir les papilles, trois cuisines dijonnaises ont emprunté les voies du cinéma: celles de Cinecitta pour A Tavola, Hollywood pour Colombo et Nouvelle vague pour la Musarde. Un pétillant crémant de Bourgogne de la maison Bouillot, un pernand blanc et un chorey rouge de la maison beaunoise Jaffelin (dont c’est cette année le bicentenaire), donnent la réplique à ces savoureuses propositions. Le Bal’tazar s’occupe de la bande son, prêt à pousser le plaisir jusqu’au bout de la nuit.
Puis le rideau tombe définitivement sur l’écran. Clap de fin pour l’Alhambra.

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