Lambert Wilson, président « AOC » du Festival du film policier de Beaune

Lambert Wilson présidera le jury de cette 10e édition. Le charismatique acteur est tout sauf un inconnu par ici. Son rapport puissant à la Bourgogne et sa nature en ferait presque un président d’appellation d’origine contrôlée ! Puis, les indices s’accumulaient…

Lambert Wilson ici, à Beaune, c’est un peu plus qu’une belle gueule et un CV. L’acteur au flegme britannique est en réalité profondément attaché à la Bourgogne. C’est notoire, car il répète souvent à qui veut l’entendre ses voyages familiaux en voiture à traverser les paysages bourguignons, ceux de l’Yonne en particulier. Ses souvenirs ont forgé une histoire d’amour. Lambert Wilson eut un coup de cœur pour les vallons qui mènent à l’Abbaye de Fontenay, un autre pour le château de Tanlay ou pour le marché de Chablis. C’est d’ailleurs tout près de là, dans le Tonnerrois, que l’homme possède un moulin où il aime revenir entre chaque projet, sentir la nature, inviter des amis. Plus de 25 ans que ces deux-là ne se quittent plus, et ce n’est pas une posture de « bobo ». Grand amateur de vin blanc, Lambert Wilson est un ambassadeur de notre région, naturellement intronisé au Clos de Vougeot et président des enchères de la vente des Hospices de Beaune en 1993.

Remarquable gentleman

Le président de cette édition 2018 ne pouvait être que ce gentleman. Figure emblématique et majeure du cinéma français, il a tourné avec les plus grands cinéastes, les plus exigeants aussi : Claude Chabrol, André Téchiné, Andrzej Zulawski, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Alain Resnais… Comédien aux multiples facettes, plébiscité, il s’illustre au cinéma comme au théâtre, rare acteur à pouvoir passer avec une aisance remarquable de La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier à Jet Set de Fabien Onteniente. En 2010, son interprétation « habitée et bouleversante » dans le film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, Grand Prix au 63e Festival de Cannes, lui avait valu sa sixième nomination aux César.

Drôles d’indices

Dernièrement, il incarnait le commandant Cousteau dans L’Odyssée de Jérôme Salle, avant de se muer en chef d’entreprise charismatique et féroce dans Corporate. Monsieur le président, véritable caméléon, est aussi chanteur. Pour preuve, son rôle dans la comédie musicale A Little Night Music ou la sortie en 2016 d’un album hommage à Yves Montand. Et le policier dans tout ça nous direz-vous ? Il sera prochainement à l’affiche du polar Les Traducteurs de Régis Roinsard. À ce propos, Des hommes et des dieux sera projeté le 26 mai sur les nobles murs du dortoir des moines de l’Abbaye de Fontenay, à l’occasion du lancement de la saison culturelle Épiques Époques 2018 pilotée par Côte-d’Or Tourisme. Le film de Xavier Beauvois, inspiré de l’assassinat des moines de Tibhirine en Algérie, est un drôle de polar… Tous ces signes burgondo-bourguignons sont bien déconcertants, monsieur l’inspecteur.


Président du plat pays

Lucas Belvaux sera le président du Jury Sang Neuf, une compétition qui explore une « approche nouvelle et originale du genre policier ». Celui qui fut acteur sous Claude Chabrol (Poulet au vinaigre est un classique !), Jacques Rivette ou encore Olivier Assayas, est à la réalisation depuis plus de 20 ans. Le Belge aime les intrigues policières tout autant que les enjeux sociaux. En témoignent deux de ses films marquants : La Raison du plus faible, polar féroce et humaniste présenté en compétition au Festival de Cannes en 2009 et 38 Témoins, qui lui valut le Prix Claude-Chabrol du Festival de Beaune en 2013.