Le Grand Dijon se paie un vrai domaine viticole

QuilleLaCras_001 © Clément Bonvalot-3

Le domaine de La Cras, racheté avec 160 hectares de terres par le Grand Dijon, sera confié à Marc Soyard, un jeune viticulteur porteur de valeurs bios. Il sera l’étendard viticole de la collectivité qui va par ailleurs développer un vaste programme pédagogique autour de l’agriculture. Joli pari.

Par Dominique Bruillot

On a tout entendu sur le sujet. Tout et son contraire. Oui, le Grand Dijon s’est offert 160 hectares de terrain en même temps qu’un domaine viticole. Non, ce ne sera pas pour faire que du vin. Il y aura, d’un côté, le Domaine de la Cras, qui sera confié à un jeune viticulteur, comme nous vous l’annoncions le 5 novembre dernier. Marc Soyard est actuellement chef de culture au domaine Jean-Yves Bizot (Vosne-Romanée), qui compte parmi les ardents défenseurs d’une approche naturelle de la viticulture et de la vinificatoon.

De l’autre côté, les terres agricoles disponibles seront destinées à différents projets pédagogiques, visant à rapprocher le monde urbain du monde agricole. Bien au-delà des cultures céréalières, certains métiers inattendus seront de la partie. Parmi eux, un apiculteur et un trufficulteur.

L’acquisition de l’ensemble s’est faite pour un montant proche de 1,3 million d’euros. Dans une conférence de presse qu’ils donneront ce vendredi, François Rebsamen et les différents intervenants de l’opération fourniront les détails d’une démarche innovante et audacieuse pour une collectivité comme le Grand Dijon. On voit bien, désormais, que le projet de la Cité de la gastronomie va bousculer les codes de la capitale bourguignonne.

Tendance « bio »

Le domaine de La Cras, pour sa part, n’a rien d’un vieux domaine. Ses premières vignes furent plantées en 1983 par Jean Dubois. « Là où les grands-pères lui avaient dit de planter », confiait alors avec amusement le viticulteur. Cette façon de réconcilier le Dijonnois avec son histoire viticole avait d’autant plus de force que Jean Dubois était natif de Plombières. Hectare après hectare, méthodique et paysan dans l’âme, il a construit un domaine cohérent, produisant un blanc aux arômes « qui rappellent certains vins de Meursault » et un rouge gouleyant. A son décès, en 1999, c’est son neveu Christophe Perrin qui prend le relais, dans une même philosophie, le développant quelque peu aussi du côté de Talant. Mais il disparaîtra lui aussi prématurément, à la fin des années 2000.

Depuis, certains baux ont été confiés à d’autres vignerons, avec plus ou moins de réussite. Mais le Grand Dijon, qui veille sur le grain de raisin, se cherche un destin viticole. Il en a même fait une question politique. L’acquisition du Domaine de la Cras porte sur huit hectares de vignes exploitées (trois en chardonnay, cinq en pinot noir). Selon les règles du métayage, et sur la base de calculs fournis par la Chambre d’agriculture, le futur exploitant choisi parmi trois candidats, sera redevable annuellement de 2 000 bouteilles. Indubitablement, la tendance bio sera donc à l’ordre du jour et les cocktails dijonnais se feront bientôt avec les jolis flacons que nous promet le domaine collectiviste.

Sur les 160 hectares acquis, les spécialistes imaginent que l’on pourra en transformer une grosse douzaine en vignes et les greffer à l’exploitation existante. On est donc loin de certains fantasmes qui ont agité les esprits, notamment du côté de Beaune, avançant que Dijon allait planter des vignes tous azimuts. Le reste des terrains sera en effet partiellement affecté à d’autres projets sur le thème de la diversification et de la pédagogie. On nous dira tout cela vendredi, en présence du fermier en chef, François Rebsamen.

Pour aller plus loin : l’analyse du terroir par Jacky Rigaux