Le gratin international au festival Street Art on the Roc

L’édition 2019 du festival de Villars-Fontaine, du 18 au 25 août, reçoit un exceptionnel trio de fondateurs du street art, ainsi qu’un concert acoustique unique du rappeur Ménélik, avec l’Orchestre National Dijon Bourgogne. Entre autres shows. Tout simplement immanquable.

Ménélik sera de la partie au mois d’août, à la Karrière de Villars-Fontaine. ©Jean-Luc Petit

Par Arnaud Morel
Photos : Jean-Luc Petit

C’était le coup d’envoi, lundi 8 juillet, dans les salons du Grand Hôtel de La Cloche, du festival Street Art on the Roc 2019. L’année s’annonce exceptionnelle, « un grand cru » pour Pierre Lignier, le maire du village des Hautes-Côtes de Nuits, responsable de la manifestation, avec la venue de trois des fondateurs mondiaux du street art : l’historique Futura, le volubile Mode2 et le conceptuel Delta. Et pour garder la note de l’excellence, une performance live exceptionnelle du rappeur français Ménélik, associé pour l’occasion à l’Orchestre National Dijon-Bourgogne. Une édition 2019 à graver dans le marbre.

Sortir les gens de leurs pantoufles

Devant une salle comble, et en présence de nombreux médias nationaux et régionaux, Mode2 et Ménélik ont assuré le show, et dit tout le bien qu’ils pensaient du festival. « Je vis à Berlin, après avoir longtemps vécu à Paris. Et ce qui me crispe, quand je reviens ici, c’est cet incroyable centralisme parisien », lâche tout à trac l’artiste Mode2. « Il faut faire sortir les gens de leurs pantoufles, et le festival de Villars-Fontaine constitue une occasion rêvée d’y parvenir ». Du 18 au 25 août prochain, sur le site de la Karrière de Villars-Fontaine, Mode2 officiera avec deux de ses compères historiques, reformant à l’occasion le trio Defumo : le patriarche américain Futura, l’un des premiers graffeurs new-yorkais, et le talentueux batave Delta, qui tire le street art vers l’abstraction et la 3D. Rarement, l’ancienne carrière marbrière, dont les parois de coupe lisses servent de toiles aux artistes de Street Art on the Roc, aura connu tel niveau artistique. Le trio s’appropriera les deux dernières faces de coupe disponibles sur le site , pour y composer une œuvre collective en diptyque, qui s’annonce vraiment exceptionnelle d’intensité.

Pour parachever l’explosion de couleurs de l’édition 2019, l’espagnol Sea 162 réalisera une fresque naturaliste sur une face accidentée de la Karrière, tandis que le français Romain Froquet déploiera son sens aigu de la géométrie appliqué à son monde végétal stylisé.
Le soir venu, la Karrière de Villars-Fontaine s’anime pour devenir théâtre à ciel ouvert, un écrin exceptionnel pour le rappeur Ménélik, qui chantera en acoustique avec l’Orchestre National Dijon Bourgogne. Lui aussi quinquagénaire, il chantera le samedi 24 août à partir de 20 heures, interprétant avec l’ODB les titres de son dernier album, Qlassiks. De « l’atemporap » comme il dit, où il rappe sur de célèbres morceaux classiques, de Beethoven à Litz. « Je suis très heureux d’exprimer mon art de manière différente.  J’ai commencé il y a fort longtemps, et malgré mon grand âge, j’essaye toujours de renouveler un peu les choses », précise-t-il avec un large sourire. Son flow, les fulgurances de Defumo, la chaleur de l’été et des bénévoles du festival sont autant d’étoiles alignées pour une édition d’exception.

Mode2, légende du graf, signera une œuvre à plusieurs mains sur les pans millénaires de la Karrière. © Jean-Luc Petit

Rencontres chaque jour

Tous les jours, pendant la durée du festival, les artistes travailleront à leurs œuvres, et espèrent bien rencontrer le public. « Ces occasions de rencontre deviennent si rares, et presque iconoclastes dans notre monde de selfies Instagram. On me demande souvent, lors de mes rencontres avec de jeunes amateurs, de poser pour un selfie, et je dis, « non pas de selfie, mais on peut discuter si tu veux ». Et quasi systématiquement, la réponse c’est un haussement d’épaule et le gars qui s’éloigne », s’amuse Mode2. À 52 ans, ce Mauricien de naissance a vu passer toutes les modes, défiler les « crews » de graffeurs ; il en tire une sagesse pétillante, qu’il déploie dans son art, tout entier tourné vers le mouvement et les formes des corps. L’homme est aussi un amateur de technologie, et se promène avec un trio de vieux boitiers photos à pellicule argentique, qu’il chérit. Un personnage extraordinaire à découvrir, dans le fabuleux album de la Karrière.

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