Le nouvel Unpact patronal

Tous unis ! CPME, Medef, CCI, Chambre des Métiers et de l’Artisanat et bientôt Union des Entreprises de Proximité (U2P) : comme les 5 doigts d’une main, les chefs de file des syndicats patronaux de la Côte-d’Or ont créé Unpact pour faire front commun sur les sujets qui les rassemblent. Ce qui a donné à la rédaction de Dijon-Beaune Mag l’idée d’un jeu, le « Qui dit quoi ? »

Propos recueillis par Dominique Bruilllot
Pour Dijon Beaune Mag #68

À l’origine de cette volonté commune d’agir, la nouvelle Agence Economique Régionale (AER) boudée par les syndicats patronaux qui se sont sentis un peu écartés de cette initiative. Mais pas que… Depuis longtemps déjà, les chefs de file de l’entreprise côte-d’orienne rêvaient de sortir de leurs guerres intestines pour parler d’une seule voix. C’est tout le sens de l’astucieux acronyme « Unpact ».

En attendant l’intégration programmée de l’U2P (Union des Entreprises de Proximité) à Unpact, les têtes élues et les permanents en chef des 4 autres syndicats (CPME, Medef, CCI et Chambre des Métiers et de l’Artisanat), ont présenté officiellement à la presse leur indéfectible entente. Un peu taquine, histoire de tester la réalité de cette voix commune, la rédaction de Dijon-Beaune Mag a posé à chacun de ces présidents 3 questions simples. Les réponses sont données ci-dessous, sans en mentionner leur auteur…

A vous, cher lecteur, de trouver qui a dit quoi ? Le résultat est publié en fin de sujet. Malgré certains indices, vous ferez sans doute le constat, qu’à bien des égards, ils parlent d’une même voix. Il est d’ailleurs utile de préciser que Benoit Willot (CPME), Pierre-Antoine Kern (Medef), Régis Penneçot (Chambre des métiers) et Xavier Mirepoix (CCI) ont répondu séparément, sans consultation commune. Un constat « Unpactant ».


Q1. Avez-vous le sentiment que le monde économique a été délesté de ses prérogatives par le monde politique ?

A. Pas du tout, mais chacun a ses priorités. Et c’est en travaillant ensemble que nous ferons progresser le débat et les décisions.

B. Malheureusement oui. L’agence de développement économique régionale se fera sans les représentants légitimes des entreprises. Ce sont des élus qui ne connaissent pas ou peu l’entreprise qui vont seuls « penser » le développement économique de la région. Je ne suis pas optimiste…

C. Le monde change, l’organisation territoriale aussi. Le temps politique n’est pas le temps économique. Il n’est pas délesté mais entravé dans son action par trop de contraintes. On est un peu déçu par les orientations économiques de la région, mais on doit reprendre le dialogue. La CPME n’est pas un syndicat dogmatique mais un syndicat de projets.

D. De manière générale peut-être pas, sur certains cas particuliers comme l’AER oui. Le monde des entreprises des syndicats patronaux a été écarté, un signe particulièrement ennuyeux. On aurait pu participer aux débats et nommer des représentants. On se sent légitimes pour ça, on espère avoir une liaison avec l’AER. 


Q2. Unpact, au-delà de l’effet d’annonce, quelle réalité ?

A. C’est quelque chose de concret. Nous nous réunissons chaque mois, pour un rendez-vous préparé par nos différents secrétaires généraux, de manière à traiter des sujets que nous pourrons porter ensemble. A 4, bientôt 5, pour faire des propositions le cas échéant aux collectivités et à nos entreprises.

B. A des degrés différents, nous sommes tous patrons, avec des points convergents. On va apprendre. L’idée est de parler d’une même voix. Le projet de loi de finance est voté actuellement, ça va avoir un impact fort sur l’entreprise. Là encore le dialogue doit reprendre le dessus, surtout dans des dossiers sensibles comme les cotisations sociales et l’apprentissage, une articulation intelligente est à faire avec le département et Impact21, la Cité de la gastronomie, la Région.

C. Vous savez bien que le monde économique est avant tout pragmatique ! Nous sommes décidés à travailler en commun sur des dossiers qui sont pour nous tous prioritaires, comme la Cité de la gastronomie par exemple.

D. Une vraie réalité qui s’appuie sur un constat de (beaucoup) trop d’années à être divisés ! Aucun syndicat n’en a profité et certainement pas non plus la cause des entreprises. Maintenant, certains ne pourront plus dire moqueurs « Le patronat, combien de divisions ? », ou alors, dans un autre sens !


Q3. Êtes-vous sûr que tout le monde jouera vraiment collectif, que les intérêts individuels et séparés de chaque organisation ne prendront pas le dessus ?

A. Je suis confiant car c’est une alliance à quatre et bientôt cinq, ensembles, et pas 10 accords bilatéraux. Les entreprises attendent cette unité et que nous soyons plus efficaces. Cette alliance est ce qui renforcera davantage l’attractivité de chacun de nos syndicats.

B. On aurait pu le craindre par le passé mais on n’est pas dans cet état d’esprit. J’ai plutôt confiance. Il fallait le temps de trouver une position commune. Les sujets qui fâchent, on ne va pas les porter. Mais dans 80% des dossiers, l’intérêt de l’entreprise qu’on défend tous nous est commun. On fera des porte-paroles tournants, ce sera collégial de fait. Je souhaite qu’on sorte des gué-guerres du passé pour montrer une unité.

C. C’est une première. La prochaine fois on présentera des chiffres globaux de l’activité économique du département. Nous 5 (ndlr: l’UEP comprise), on pourra donner une idée de notre représentation. Dans un collectif, quand on joue collectif on gagne. L’intelligence collective est là. On n’a jamais dit qu’on allait régler l’intégralité des problèmes. Chacun a sa voix, je n’entends pas le Medef parler d’une problématique artisanale.

D. Chaque organisation conserve son ADN, mais partage également beaucoup de valeurs et d’objectifs avec les autres organisations. Comme nous travaillons sur ce qui nous réunit, nous sommes forcément gagnants collectivement.


Réponses : Benoit Willot, CPME (1C, 2B, 3C) ; Pierre-Antoine Kern, Medef (1B, 2D, 3A) ; Xavier Mirepoix, CCI (1A, 2C, 3D) ; Régis Penneçot, CMA (1D, 2A, 3B).