Marsannay vs. Dijonnois : stop à la guéguerre !

Le mot « Dijonnois » serait-il à même de créer une crise d’urticaire chez certains vignerons de Marsannay-la-Côte ? C’est la question que nous nous posons à la lecture de certains commentaires déclenchés sur les réseaux sociaux par un article publié dans dijonbeaune.fr.

Entrée du château de Marsannay.

Edito du Dijon-Beaune Mag #66
Par Dominique Bruillot
Photos : Christophe Remondière

Le château de Marsannay, futur phare viticole du Dijonnois ? » Ainsi intitulé, l’article se voulait plutôt bienveillant, mettant en perspective le potentiel touristique du château. Rien d’autre. Mais on lit aussi sur la page Facebook d’un vigneron local : « J’en ai marre d’entendre parler du Dijonnois !!! Marsannay est une appellation de la Côte de Nuits, on souffre déjà assez de faire partie de la métropole du duc… »

Bon, ça n’est pas vraiment sympa pour François Rebsamen, que l’on imagine visé par le propos. Un autre producteur en remet une grosse couche : « Ça s’appelle de la récupération (…) Quand y’a du bon juste devant sa porte, l’homos politicus arrivera toujours à faire croire que c’est grâce à lui ! »

Pourquoi tant de haine ?

Oups ! Que faut-il comprendre entre les lignes, ou plutôt entre les vignes ? Surtout, mais quel rapport avec la choucroute ? Marsannay, c’est indéniable, est une appellation de la Côte de Nuits, personne ne le contestera jamais. Encore moins dans le contexte d’une prochaine consécration annoncée de plusieurs climats élevés au rang de premier cru. Laquelle renforcera cette identité et, sans doute, le niveau de commercialisation des vins produits. Bravo, à vous, chers amis vignerons, d’avoir fait progresser votre production, bravo de pouvoir rivaliser avec les meilleures appellations de la Bourgogne !

Mais pourquoi tant de haine à l’égard du Dijonnois ? En l’occurrence il ne s’agit pas d’une quelconque récupération mais plutôt de mettre à profit cette montée en qualité sur une zone captive, qui est dans l’attente fébrile d’un boom de l’œnotourisme. Autrement dit, de faire vivre de nombreuses petites entreprises greffées autour du mouvement impulsé par Dijon dans le domaine de la gastronomie. Tout le monde ne vit pas directement de la vigne, il est bon parfois de s’en souvenir. Ce genre de Clochemerle vineux est en tout point stérile !

Ouverts à tous (y compris aux Dijonnais !), les monolithes du château de Marsannay sont une clé de lecture essentielle pour cerner la complexité du terroir.

Marsannay, grand canon de Dijon

Nous ne sommes pas là non plus pour faire l’apologie d’une action municipale. Mais à l’époque de la mondialisation, les guerres de clochers sont indigestes. Si le château de Marsannay a été présenté comme le probable « phare viticole du Dijonnois » des années à venir, c’est qu’il est stratégiquement intégré à une vision transversale de l’économie régionale, qui consiste à faire de la métropole naissante une véritable destination gastronomique et viticole.

Olivier Halley, le nouveau propriétaire du château, a en outre beaucoup investi, tant dans les vignes que dans l’approche pédagogique. Ainsi, par exemple, ces monolithes conçus avec l’Université de Bourgogne, qui présentent quelques coupes verticales des sols. Il est donc devenu un formidable outil capable de faire le lien entre le monde urbain et le terroir.

Le marsannay, blanc comme rouge, rosé aussi, continuera quant à lui à se vendre dans le monde entier, personne ne doit s’en inquiéter. Pas plus qu’il ne sera dissocié de sa côte originelle. Mais serait-il totalement insensé d’imaginer que l’appellation, dans un accord global avec les filières de la restauration locale par exemple, puisse réserver un peu de sa production et s’offrir une visibilité de premier plan à Dijon ? On aurait plaisir à voir, sur les places de la « Lib » ou de la « Rép », de jolis flacons de Longeroies ou de Champs Perdrix présentés comme LES grands canons de la proche région.

Formidable réputation

Ces instruments de fierté permettraient alors aux habitants comme aux touristes de passage à Dijon, de respirer dans leur verre et, sans quitter la ville, un peu de la Route des Grands Crus. L’encourager serait aussi idiot que cela  ?

Jadis, les vignes de Marsannay produisaient des vins de soif pour l’ouvrier dijonnais. Après bien des efforts louables, cette appellation (de la Côte de Nuits, on ne cessera de le répéter !), jouit d’une formidable réputation. Qu’elle le fasse savoir autour d’elle, plutôt que de se mettre en choc frontal avec l’agglomération. Les habitants du Dijonnois les premiers lui en seront éternellement reconnaissants. Et feront de Marsannay la reine des appellations, toutes catégories confondues !