Martial Jacquey ou les miscellanées d’un fou de vin

Quand le psycho-œnologue Martial Jacquey écrit sa passion du vin, cela donne une cuvée littéraire pleine de saveur, titrant 36 billets d’humeur et une étude universitaire. A lire forcément sans modération.

Par Eric Perruchot – Photo : Marielys Lorthios

Capture d’écran 2015-06-02 à 12.24.32

Lorsqu’on finit une belle bouteille entre amis, pourquoi ne pas en ouvrir une seconde? C’est un peu ce qu’a fait Martial Jacquey en auto-éditant ses « Billets d’humeur », chroniques vineuses écrites pour le site www.terroirs-bourguignons.com. Tenues sur dix ans, entre 2003 et 2013, il les ressort de derrière les fagots pour les partager en 134 pages, textes et illustrations.

Il n’est pas question de « Brèves de comptoir » à glisser aussitôt lues entre deux romans, mais de coups de cœur. Convoquant en vrac Bobby Lapointe, les psychanalystes Freud et Lacan, les saintes Écritures ou Noé, l’actualité qu’il se met à grumer perd tout goût de bouchon. « J’y exprime mon humeur du moment en fonction de l’actualité, de ma philosophie de l’existence et de ma passion du vin », explique Martial Jacquey qui se veut « contre tous les excès, y compris ceux de sobriété. ».

Appétence pour l’humour

On y parle dégustations, au sens propre car ce psychologue de métier anime un club œnologique Le Nez de Saint-Pierre à Dijon et au sens figuré car le lire stimule joyeusement l’appétence pour l’humour, l’impertinence et la réflexion, enfin tout ce qui fait bouche à la connaissance des vins. « La finesse, c’est la force de la Bourgogne », donne-t-il en adage à ses interlocuteurs friands de comprendre ces petits miracles d’un beaune 1er cru Clos du Roi ou d’un mâcon Pierreclos le Chavigne… Celui qui a « servi ses premiers verres de vin en tant qu’enfant de chœur », sait à ravir où sont les clefs du Paradis: « C’est tout simple, ce sont celles de la cave ». Tels sont les mystères de l’homme et du vin, selon Martial Jacquey.

Là, le psycho-œnologue parle indéniablement: « Une personnalité équilibrée sera autant fourmi que cigale ». Ici, c’est le fou de vins pour qui « le vin apparaît comme un remède pour le corps et l’esprit. » A moins que cigale et fourmi fassent cause commune contre « certaines lois ne discernant pas le bon grain de raisin de l’ivrai(ss)e. » Ses plus anciennes chroniques portent bien leurs 10 ans d’âge, se fendant en mai 2006 d’une « Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle », sur le ton de « Dis-moi ce que tu bois, je te dirai ce que tu es. »

In fine, un autoportrait ?

A l’issue de ses miscellanées, Martial Jacquey nous accorde une autre question: « Qu’est-ce qu’un grand bourgogne rouge à votre avis? » Il en a fait son sujet de mémoire de diplôme « Vin et Culture », sous la direction de Jacky Rigaux, de l’Institut universitaire de la vigne et du vin. L’étude donne un tannin scientifique à l’ouvrage, même si l’étudiant Jacquey le dément.

Deux groupes de dégustateurs ont rédigé ce qu’ils attendaient d’un bourgogne et, enjoignant la parole au geste, ont corroboré leur impression par la dégustation à l’aveugle. Une chronique de l’amitié en quelque sorte. Pas chauvin ou si peu, notre homme confie la préface à un Bordelais grand amateur de bourgogne, l’œnologue Franck Dubourdieu, et l’illustration à une fraternelle équipée de peintres, plasticiens et photographes, dont l’artiste dijonnaise Cécile Bart.

Capture d’écran 2015-06-02 à 12.25.57

* Billets d’humeur du terroir bourguignon de Martial Jacquey, préfacé par Franck Dubourdieu, 134 pages, 25 euros. Disponible au Nez de Saint-Pierre, 26, rue Amiral Courbet, 21000 Dijon. Tél. : 03.80.53.03.81 et 06.88.88.03.81 – www.nez-de-saint-pierre.com