Morvan: SOS moules perlières

Le_Cousin_(rivière)

Après un premier chantier concernant les ruisseaux de tête de bassin et leur faune, dont la moule perlière, le Parc naturel régional du Morvan fait partie des quatre candidatures françaises retenues par l’Union européenne en 2011 pour piloter le programme Life + «continuité écologique». Un enjeu considérable pour le «château d’eau de la Bourgogne», qui alimente aussi bien le bassin versant de la Seine (par la Cure et l’Yonne) que celui de la Loire (par l’Arroux et l’Aron).

Par Antoine Gavory / Agence ProScriptum

Article extrait de Bourgogne Magazine n°35 (parution 10 janvier 2014)

Plus que les colliers qu’on confectionnait avec ses perles jusqu’au milieu du XXe siècle, c’est bel et bien la pollution qui a décimé la population de moules perlières (Margaritifera margaritifera ou mulette) qui est passée en quarante ans de 500 millions d’individus à une centaine de milliers en France. Une destruction en masse qui a incité l’Union européenne à placer le Parc régional du Morvan parmi les quatre sites bénéficiant du programme Life + (L’instrument financier pour l’environnement).

Parmi les cours d’eau où elle est encore présente, le Cousin, affluent de la Cure, fait partie des dix sites Natura 2000 qui ont bénéficié d’aménagements entre 2004 et 2009 pour en préserver la biodiversité. Les études avaient démontré que 80 % du linéaire était déconnecté du cours d’eau principal et que, sur 39 km, un obstacle se dressait tous les 800 mètres.

Afin d’assurer le déplacement des truites et des sédiments nécessaires à leur reproduction (lire plus bas), huit ouvrages de franchissement du cours ont été aménagés. Des ponts de bois, des arches sont venus remplacer des buses. Un chenal de contournement a été édifié sur l’étang de Champeau-en-Morvan partageant les eaux en amont afin d’assurer une répartition et un débit constants. Deux moines hydrauliques ont été installés sur les étangs de Fortier et Cheteau, permettant de réguler le niveau des étangs et du cours. Enfin, 7,6 km de berges ont été clôturées pour les protéger de l’impact d’élevage. Les exploitants des parcelles attenantes ont en outre accepté de ne plus amender leurs terres.

Ces divers aménagements ont permis de réduire le réchauffement des eaux, et de favoriser le repeuplement par le chabot. Cependant, la truite fario demeure victime d’autres espèces apportées par les étangs. Et la baisse de la population de moules perlières dans le Cousin devient alarmante… Bref, beaucoup reste à faire.

Des prairies marécageuses du Nord Morvan aux ruisseaux à écrevisses du bassin de l’Yonne, des forêts de ravin de la vallée de l’Oussière à la tourbière du Vernay, l’objectif est le même : protéger et réintroduire des espèces rares, indicatrices de l’état des rivières morvandelles.

Moule perlière DRJamais sans ma truite  

L’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques) a engagé la surveillance de plusieurs espèces animales qui sont de véritables indicateurs de la qualité des eaux. La lamproie de planer, le chabot, l’écrevisse à pattes blanches ou encore la moule perlière. Cette dernière, exploitée depuis l’époque gallo-romaine pour ses perles de nacre, n’est plus présente que dans cinq cours d’eau en Bourgogne, directement impactée par la mauvaise qualité des cours d’eau. Sa survie dépend directement de la truite fario (ou commune), car la moule se reproduit dans les ouïes de la truite, à l’intérieur desquelles ses œufs se développent. La libre circulation des truites et leur accès aux frayères de gravier et de sédiments est donc nécessaire à la reproduction du bivalve. Dans le cycle de l’eau, tout se tient !