Le nouveau destin d’Ahuy, entre Lino et forêt

Au nord de Dijon, à quelques encablures de la Toison d’Or, Ahuy jouit d’une situation privilégiée entre ville et campagne. A l’orée de la forêt et de la Lino, cette petite commune rurbaine de 1 200 âmes a décidé de se remodeler pour lutter contre le vieillissement. Entre combes sauvages et nouveau « Cœur de village », le maire Dominique Grimpret, nous fait découvrir une commune aqueducienne en pleine mutation.

Le futur coeur de village d’Ahuy.

Par Geoffroy Morhain
Pour Dijon-Beaune Mag
Photos : Jonas Jacquel

Au départ de Dijon, la visite de la commune commence plus tôt que prévu, avant même le franchissement de la Lino (la rocade dijonnaise), avec la zone commerciale d’Ahuy qui fait face au Géant Casino de Fontaine-les-Dijon et s’étire le long de la rue du Pré-Potet à partir du magasin Biocoop. « Les taxes foncières générées par cette ZAC nous ont aidé à financer la restructuration du centre-bourg, commente Dominique Grimpret, agent immobilier de son métier et maire d’Ahuy depuis 2014, après une vingtaine d’années passées au sein du conseil municipal. En parallèle, la Lino nous a encore rapproché du reste du Grand Dijon tout en soulageant la commune du passage de quelque 1 700 véhicules par jour. »

En moins de trois minutes de voiture (montre en main) par la D107, au niveau de l’arrêt de bus Divia, on arrive déjà à la place du 19-Mars-1962, le futur « nouveau centre du village » où une grue et son chantier concrétisent la mutation que la commune est en train de vivre. Une commune minée par le vieillissement de sa population (environ 1 400 habitants en 2000, à peine 1 200 aujourd’hui), mais qui œuvre pour ne pas devenir « une maison de retraite à ciel ouvert, selon les mots du maire. Les Aqueduciens sont en grande majorité des propriétaires résidents retraités très attachés à leur habitation. En conséquence, on s’est retrouvé avec un village renfermé sur lui-même, avec très peu de solutions immobilières permettant le renouvellement de la population. Face à ce constat, la municipalité travaille depuis 2002 sur un plan local d’urbanisme qui redessine le centre du village, avec de multiples lieux de vie et une offre locative ouverte au plus grand nombre. »

Dominique Grimpret, le maire d’Ahuy, devant le Bon Vin, le café-épicerie qui anime la Grand’Rue du village.

Esprit village vs cité dortoir

Et de prendre à témoin le premier bâtiment « Cœur de village » déjà opérationnel : « On reproche souvent aux politiques de ne pas tenir leurs promesses. Nous, on réalise ! » En l’occurrence le PLU de 2007, à la lettre. Le chantier va bon train pour réaliser les deux autres bâtiments (livraison en 2017 et 2018) identiques au premier, avec commerces et services au rez-de-chaussée, logements à l’étage (pas plus de deux, ça aussi c’est dans le PLU). Ces bâtiments s’installeront, de part et d’autre d’un bras d’eau (l’ancien vivier), autour d’une grande place genre forum, constituant ainsi le nouveau centre névralgique d’un village qui n’en avait pas vraiment jusque-là. En parallèle, les premières tranches des 600 logements prévus dans la continuité voient le jour, arrondissant ainsi la répartition du bourg tout en déplaçant son  centre de gravité vers le sud.

En poursuivant sur la Grand’Rue, on croise Au Bon Vin, un charmant troquet à l’ancienne dont la rouge façade en bois réchauffe l’atmosphère. Ici, plus que sa chopine, on vient chercher de la compagnie, faire un billard, s’amuser de la grande gueule du patron, gratter un jeu, chercher un colis… Dans la petite boutique attenante, on trouve même des fromages de chèvre de la ferme d’à côté et du charbon de bois fait maison. Comme à la campagne, on vous dit !

Au nord du village, passé quelques carreaux d’asperges, de cassis, de fruitiers ou de plants truffiers, on se retrouve de suite dans une nature préservée (classée en ZNIEFF), entre combes boisées et pelouses calcaires, à l’orée du massif forestier du Val-Suzon classé il y a peu « Forêt d’exception ». « Ici, on peut rentrer dans les bois pour n’en ressortir qu’à Châtillon-sur-Seine… », affirme monsieur le maire. Une nature facilement accessible par les sentiers du Grand Dijon (sentiers du Four à Chaux, des Combes, des Charmes aux lièvres), loin, très loin de la cité dortoir que certaines communes en ceinture de la capitale bourguignonne sont devenues.