Patrick Alexandre, le Dijonnais qui pourrait valoir un milliard

Zeneo®, système d’auto-injection sans aiguille développé par Crossject, est à quelques seringues d’une ambitieuse commercialisation. Les nouveaux locaux du Parc Mazen-Sully, financés avec le concours de la Semaad et de la Caisse d’Epargne, sont une étape importante de la spectaculaire progression de la start-up dijonnaise dirigée par Patrick Alexandre et promise à un avenir mondial.

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Par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag
Photo : Christophe Remondière

La seringue sans aiguille est le genre d’invention qui peut chambouler le monde de la santé. Mais autant le geste qu’elle suppose est rapide – le temps d’une injection donc – autant celui de sa mise sur le marché est un parcours du combattant qui implique patience, détermination et confiance.

Patrick Alexandre a connu une première vie chez Fournier avant de créer sa start-up Crossject. Cela fait plus de 15 ans que lui et son équipe de surdoués de la R&D (Recherche et Développement), travaillent à la concrétisation de ce projet de dimension mondiale, connu sous le nom de Zeneo®, protégé par une impressionnante batterie de 400 brevets. Crossject ambitionne ainsi de devenir le laboratoire leader mondial dans les produits d’urgence, rien de moins.

Le milliard !

« Via les actionnaires et les subventions, nous avons aujourd’hui injecté 80 millions d’euros dans Crossject » confirme son patron fondateur, qui assume fièrement son statut de « laboratoire pharmaceutique porteur de 7 produits en développement ». La vie d’une start-up de la santé est ainsi faite de promesses, de quêtes de financement et de quelques cessions de licences qui permettent de réalimenter ponctuellement la machine, avant de la conduire jusqu’à sa mondiale autonomie.

Crossject a des soutiens et promet, par exemple, de maintenir vers le haut la présence historique et culturelle à Dijon, du secteur pharmaceutique. Autrement dit, dans un « délai de 5 à 10 ans » selon son dirigeant, rien n’interdit de penser que cette prometteuse société cotée en bourse, un peu calée sur le modèle d’Oncodesign, autre prodige local, intègrera sa propre chaîne de production et assurera la commercialisation de ses créations.

Dans un domaine comme celui-là, les perspectives sont toujours impressionnantes. Il est bon aussi de constater que la France, malgré tout ce que l’on peut en dire ou entendre ici et là, sait encore accompagner ce genre de pari. Sans pouvoir être plus précis, et pour cause, « c’est le milliard que nous visons à terme » dit avec un peu de hauteur Patrick Alexandre.

En attendant, étape par étape, Crossject s’installe dans la durée et dans le paysage. « De la même façon que nous évoluons sur le terrain de la sécurité avec nos systèmes d’injection, nous avons clairement l’ambition de nous développer sur le terrain local, sur les bases d’un indéniable savoir-faire territorial » poursuit le papa de Crossject qui, tout en restant dans la logique de son business plan, a voulu offrir à ses chercheurs un espace digne de leur talent, prêt à accueillir d’autres développements. Avec des « locaux pour accompagner la croissance et augmenter les capacités en R&D et production de Crossject ».

Dès novembre, 35 collaborateurs de la start-up intègreront les locaux flambants neufs construits dans le parc technologique de Mazen-Sully, avec le précieux concours de la Semaad et de la Caisse d’Epargne Bourgogne-Franche-Comté. Il s’agit aussi de mettre en place un projet immobilier cohérent, « déterminant pour l’avenir de Crossject, sans entamer le capital réservé à la R&D. »

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La seringue sans aiguille, révolution qui devrait plaire aux phobiques des piqûres. Dieu sait s’ils sont nombreux…

Avec vue sur le CHU

3,8 millions d’euros ont été injectés dans cette affaire, sans seringue, cela tombe sous le sens, et dans la construction de locaux d’une surface totale de 1 800 m2, compatible avec les normes les plus exigeantes, à deux pas des universités. Crossject étant déjà désigné par Bpifrance comme « un acteur de la nouvelle France industrielle », la start-up a maintenant l’assurance d’être un chouchou de l’agglomération dijonnaise.

Du point de vue comptable, « la solution de financement prévoit un échelonnement de 85 % du coût total de l’opération, de 12 mois à 36 mois après la livraison », communique-t-on du côté des partenaires financiers, prenant en compte le fait que les premières échéances de remboursement devraient coïncider avec les premières recettes de Zénéo®.

Pour sa part, l’aménageur, adossé à la Caisse d’Epargne Bourgogne-Franche-Comté, joue son rôle dans l’accompagnement actif de projets d’entreprises. « Depuis 2002, la SEM est l’aménageur du parc Mazen-Sully qui compte 8 hectares entièrement dédiés aux biotechnologies, un secteur en plein essor en Bourgogne », insiste Therry Coursin, le directeur général de la Semaad, non sans faire remarquer en passant, la proximité bienveillante non seulement du pôle université mais aussi… du CHU.