Bienvenue à la table des ducs

De juin à octobre, dans le cadre de lopération « Patrimoines écrits », de nombreux musées, bibliothèques ou services des archives de la Bourgogne Franche-Comté dévoileront des pièces uniques, souvent méconnues du grand public. À Dijon, on se met à table autour dune missive du XIVe siècle érigée en témoin du faste de la cour des ducs de Bourgogne

Banquet

Par Michel Giraud
Photo: archives municipales de Dijon

Deux février 1370. Marguerite de Flandre, l’épouse de Philippe le Hardi, prend sa plume pour écrire aux habitants de Dijon alors qu’elle vient de recevoir des mains du maire de la ville des plats en argent destinés à rejoindre une vaisselle ducale déjà bien fournie.

Cette lettre de remerciements conservée par les Archives municipales de Dijon est l’occasion aujourd’hui de découvrir le sens donné aux arts de la table par les ducs de Bourgogne: « À l’époque, ces objets avaient été offerts par les élus au nom des habitants, précise Eliane Lochot, la responsable des Archives de la Ville de Dijon, d’où cette lettre adressée à l’ensemble de la populationRégulièrement, nous nous intéressons à la table des ducs de Bourgogne sous un aspect gastronomique, à travers ses mets et ses vins. Là, nous proposons au public de s’arrêter sur l’apparat. Il faut bien avoir conscience que, lorsque les grands ducs reçoivent à Dijon, ils le font avec un faste extraordinaire, déployant un train de vie particulièrement luxueux, notamment lors des repas. Cela passe bien sûr par l’opulence des mets, mais aussi par la richesse de la vaisselle, à  laquelle vont donc contribuer ces plats en argent offerts par la commune. D’où la profonde reconnaissance que la duchesse exprime dans cette missive. Plus qu’un simple plaisir, la beauté de la table, du décor, était un signe extérieur de richesse qui faisait partie intégrante des enjeux du pouvoir. »

Dans le domaines, les ducs de Bourgogne sont parmi les plus habiles en Europe. « Le texte est aussi assez significatif de la manière dont on rédige une lettre au Moyen-Âge, poursuit Eliane Lochot. Mais au-delà de l’intérêt historique du document, nous avons voulu montrer que Dijon, désormais Cité internationale de la gastronomie, s’appuie sur un riche héritage culinaire et viticole, ainsi que sur une longue tradition de savoir-vivre et de savoir-être, à table notamment. À ce titre, l’exposition que nous organisons dans le cadre de Patrimoines écrits 2016 présentera de nombreux documents, comme de très belles gravures des cuisines ducales. »

Exposition À la table des ducs, du 21 juin au 21 septembre 2016, aux Archives municipales de Dijon, 91 rue de la Liberté (dans le palais des ducs). Visites guidées les 4 juillet et 6 septembre.

Patrimoines-ecrits-BFCPatrimoines écrits en Bourgogne Franche-Comté

Des conférences, des ateliers, des lectures, des visites de fonds anciens… Du 21 juin au 30 octobre, « Patrimoines écrits » revient pour sa 27e édition en Bourgogne, avec toujours la même ambition : valoriser des documents qui dorment souvent, la plus grande partie de l’année, dans des réserves. Fusion oblige, le Centre régional du livre de Bourgogne s’associe cette année à l’Agence comtoise de coopération pour la lecture, l’audiovisuel et la documentation. Ainsi, la Bourgogne déclinera ses animations durant l’été, alors que la Franche-Comté prendra le relais à l’automne. Dans les quatre départements bourguignons, ce ne sont pas moins de 92 manifestations et 8 expositions qui sont proposées dans un réseau de 28 bibliothèques, musées et Archives municipales – à Auxonne, Dijon, Beaune, Semur-en-Auxois, Clamecy, Marzy, Nevers, Le Creusot, Mâcon, Tournus, Joigny, Avallon, Tonnerre, Sens, Saint-Léger-Vauban…

Programme complet sur www.crl-bourgogne.org.