Philippe Bernard, le « monopolysateur » du vieux Dijon

Tel un amoureux des cases bleues du fameux jeu de société, Philippe Bernard investit à tour de bras dans les plus belles demeures de Dijon, mais reste un quasi-inconnu. Quelle est sa méthode pour « racheter la ville » ?

Par Arnaud Morel
Pour Dijon-Beaune Mag n°63 spécial immobilier
Photos : Clément Bonvalot

Depuis plus de vingt ans maintenant, Philippe Bernard est l’homme dont tout le monde de l’immobilier dijonnais parle ; sa notoriété s’étend jusqu’aux cercles politiques qui s’étrillent parfois autour de sa personne. Le sexagénaire, né à Paris, mais qui a passé son enfance à Gray, achète (presque) tout ce que la ville compte de maisons à colombages et d’hôtels particuliers des XVIIIe et XIXe siècles. Une à une, les plus prestigieuses adresses dijonnaises tombent dans son escarcelle, pour composer un patrimoine considérable, mais extrêmement pointu. La Maison Millière, l’hôtel Chambellan, la Maison des cariatides, les maisons à colombages de la rue de la Liberté et de la rue Jean-Jacques Rousseau…

Pour intéresser Philippe Bernard, une bâtisse doit, en effet, présenter certaines caractéristiques.  L’immeuble doit être à rénover, compter si possible un ou plusieurs locaux commerciaux dans ses niveaux inférieurs, et ouvrir des possibilités de location dans les étages. C’est l’équation économique de Philippe Bernard. Acheter à rénover pour acheter peu cher, et louer à des commerçants, et des particuliers, pour assurer des rentrées régulières. Difficile, cependant, de nier la dimension passion dans ses affaires. L’homme aime le patrimoine, qu’il adore faire revivre. Pour rénover ses propriétés, il dépense sans compter et a recours aux spécialistes de l’art, misant sur son empire pour rassurer les banques. « Quand l’immeuble est beau, il se rentabilisera », résume-t-il.

Discrétion assumée

Compte tenu de la taille des immeubles concernés, Philippe Bernard achète beaucoup à la ville. Ses affaires prennent alors un tour politique. L’opposition dijonnaise accuse la mairie de lui « brader le patrimoine », celle-ci répond qu’elle agit pour la bonne gestion des deniers publics, la ville n’ayant pas les moyens d’entretenir ni de valoriser l’intégralité de ses propriétés, et que Philippe Bernard était en activité bien avant l’arrivée de l’équipe Rebsamen au pouvoir.

C’est, en tout cas, peu dire qu’il suscite des jalousies, et des avis polarisés selon qu’on le considère comme un mécène, ou comme un requin. « C’est invraisemblable ce que les gens peuvent raconter, sans compter que j’ai quasiment toujours le fisc sur le dos », lâche-t-il. De quoi vouloir cultiver la discrétion.

Philippe Bernard, qui n’achète jamais au-dessus des années 1900, possède par exemple le bâtiment abritant la Maison des cariatides.

Le centre-ville, combien ça coûte ?

• Le prix médian (la moitié des transactions est au-dessus, l’autre moitié en dessous) s’établit à  2  205 €/m2, avec une fourchette de l’ordre de 1 800 à 2 500 €/m2 selon les biens et les emplacements.

• Le centre de Dijon est près de 15 % supérieur au prix médian sur l’ensemble de la ville.

• La surface moyenne s’établit un peu en dessous de 70 m2.

• Plus de la moitié des biens vendus sont des 2 pièces ou des studios.

• Moins de 10 % des appartements comportent 5 pièces ou plus.

Données Notaires de France, d’octobre 2015 à septembre 2016.