Le renouveau de la « Jam »

Rénovée, la célèbre Rhumerie de la place de la République s’ouvre au public l’après-midi. Créateur il y a 32 ans de l’établissement, le charismatique Gilles Jorant explique le cocktail de sa réussite, de nuit… comme de jour désormais.

Par Dominique Bruillot
Photos : Christophe Remondière

Le climat des îles a ce délicieux pouvoir de contaminer les esprits. Pour s’y être « pas mal baladé », Gilles Jorant avait même gardé l’intime conviction qu’il en ramènerait un peu à Dijon. C’est ainsi que naît en 1985 la Rhumerie, au rythme des ambiances festives promptes à sortir la population dijonnaise du brouillard de novembre et de ses rites convenus.
L’époque ne fait pas dans la demi-mesure. On boit les cocktails dans du bambou et des noix de coco. Chaque soir, des artistes à l’ondulation et la chaleur brésiliennes mettent le feu à l’établissement. Mais cela ne dure qu’un temps. Car telle est la loi de l’exercice du divertissement, qui condamne son pratiquant à un éternel renouveau.

« Patriiiccckkkk ! »

« Au bout de sept ans, la formule commençait à fléchir, on a reconditionné la cave et adopté des décors « pirates », fini les noix de coco et les grigris ! » Gilles est un créateur d’âmes. Le destin l’a cloué sur un fauteuil, peu importe, car cet ancien baroudeur du monde de la musique sait faire danser les autres. Accompagné de son épouse, il a su donner à sa Rhumerie la juste mesure entre la démarche artistique et le registre populaire.

« La programmation artistique (ndlr : plus de 200 rendez-vous par an), est l’âme du lieu, on y dérogera pas », se plaît-il à rappeler. Du coup, le tout Dijon, et bien au-delà, prend la file d’attente pour accéder à ce temple de la dance et de la fête. On y croise parfois des artistes, un Patrick Bruel ou un Benoît Poelvoorde passant par là. « Patriiiccckkkk ! »

Institution transgénérationnelle

Le Cercle Rhumerie Jamaïque est une institution transgénérationnelle qui réussit le tour de force de détendre des milliers de clients tout en évoluant dans un environnement hyper réglementé. « Tenir un bar de nuit ou un « BAM » (bar à ambiance musicale), est le seul métier pour lequel il faut reconduire une autorisation chaque année », regrette le maître des lieux, qui vient de procéder à une importante période de travaux.

« Cette fois, on a tout refait de l’intérieur ». Cosy et colorée, voire pop art dans sa cave rebaptisée 014, la nouvelle formule est calée pour vivre avec son époque. Et le cocktail a le vent en poupe comme le démontre Mike, « the » spécialiste maison, « un mixologue » qui doit assumer certains soirs la production de 300 à 400 mojitos. Chapeau bas l’artiste.

Thé ou café ?

« On a repositionné l’établissement dans un esprit fonctionnel, pour mieux accueillir nos clients », explique Gilles Jorant. Au premier plan, la terrasse, une soixantaine de places, fait par exemple le lien entre les mondes diurne et nocturne. À l’intérieur, un vestiaire et un petit bar d’entrée renforcent ce sentiment d’être là comme chez soi. Différents espaces privatifs ouvrent d’autres possibilités selon les attentes de chacun. Pendant ce temps, la musique, live la plupart du temps, est la signature maison.

La grande nouveauté, c’est qu’on peut aussi aller à la Rhumerie la journée. Ouvert les après-midis à 14 heures, le samedi à 17 heures, l’endroit prend un autre visage. Une abondante carte de cafés et de thés, de cocktails sans alcool élargit la proposition. La cave à vins prend aussi sa source dans les vignobles bourguignons, visant à conquérir un public en affaire ou en détente, lors d’un apéro-charcuterie. D’une manière générale, le vin est d’ailleurs de plus en plus demandé, y compris la nuit, où il n’est pas rare de voir certains touristes asiatiques déguster très tardivement quelques crus régionaux.

Gilles, quant à lui, garde sa posture de boss et reçoit rituellement ses innombrables amis avec lesquels il passe de longues heures à échanger. Par la force des choses, l’homme a un carnet d’adresses hors normes. Dans un métier difficile, qui demande beaucoup de psychologie, il lui permet de régler en douceur certaines situations délicates en passant simplement quelques coups de fil. « Je connais les papas et les mamans de toutes les terreurs du coin », plaisante-t-il, histoire de rappeler que son expertise ne date pas d’aujourd’hui. Une bonne chose, car dans cette belle affaire unique en son genre qu’est la « Jam », Gilles Jorant est assurément le plus fort des symboles.


 LE CERCLE RHUMERIE JAMAÏQUE 
14 place de la République à Dijon
03.80.73.52.19
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