Saint-Bernard notre sauveur

Une simple appli, un réseau de plus de 220 chauffeurs, 1,10 euro la minute : Saint-Bernard Services, à tout moment et en tout endroit de la Côte-d’Or, ramène votre voiture et vous dedans jusqu’à votre domicile. Une formule révolutionnaire dans son genre, en passe de devenir une franchise gagnante au plan national. Gaétan Frisa et Frank Diolot, ses deux concepteurs, en son légitimement convaincus.

Par Dominique Bruillot
Pour Dijon-Beaune Mag #70
Photos : Jonas Jacquel

En Bourgogne, Bernard n’est pas un saint de troisième zone. C’est à lui que nous devons Clairvaux. L’autre saint-bernard, dont le nom ne prend pas de capitales, est un brave toutou de montagne pouvant peser son quintal de gentillesse qui, dans l’imaginaire collectif, se promène avec un tonnelet d’eau de vie autour du cou. Là s’arrête la comparaison. Ce clin d’œil à l’animal sauveteur est cependant assez malin pour faire de Saint-Bernard Services la nouvelle étoile montante des petites idées qui nous feront éviter de grands soucis.
Piégé par une dégustation ? Un apéro dont vous n’aviez pas pris la (dé)mesure ? Incapable de reprendre le volant pour des raisons X ou Y ? Peu importe le jour ou l’heure, plus rapide et solidaire que Zorro et tous les super héros réunis, Saint-Bernard sera là pour ramener votre voiture à domicile, vous et vos passagers à bord.

Téléchargement immédiat

Le plus fort, c’est que vous saurez d’avance combien il vous en coûtera. Le prix du service, qui n’est en rien une course de taxi (là est toute la nuance), est de 1,10 euro la minute de déplacement, sur la base d’un temps d’itinéraire calculé par Google Maps, aller simple. Pour l’auteur de ces lignes par exemple, qui aime bien fréquenter la table du château du Clos de Vougeot et habite Fontaine-lès-Dijon, le voyage représente entre 27 et 34 minutes selon le parcours choisi. Soit une facture de 29,70 euros à 37,40 euros, réglable par CB, et dont la moitié ira (c’est transparent) dans la poche du chauffeur.
À lui alors de déclarer ces revenus complémentaires dans la colonne des bénéfices non commerciaux.
Comment cela est-il possible ? Gaétan Frisa et Frank Diolot ont trouvé la réponse. Patiemment, ils ont mis tous les atouts de leur côté. D’abord, avec la zone de démarrage de leur entreprise, qui est aussi leur département (quel heureux hasard !), la Côte-d’Or. On ne pouvait rêver d’un meilleur territoire pour tester grandeur nature un service à la personne aussi ciblé que celui-ci.

Une application pour tous les smartphones, quelques clics, et un saint-bernard vient sur place vous conduire en toute sécurité à votre domicile. Déjà plus d’un millier de personnes l’ont téléchargée.

Sobres volontaires

Ensuite, une bonne application. JPM, une agence de communication de Talant, s’en est occupée avec une remarquable efficacité. Avec son graphisme facilement identifiable, Saint-Bernard Services se télécharge en un rien de temps et propose un fonctionnement accessible même dans un état de fatigue avancé. D’un clic sur le téléphone, un premier choix de chauffeurs apparait. Il y en a déjà plus de 220 dans le 21, qui se rendent disponibles à leur gré sur la liste d’attente, et ont fait le serment d’une charte de bonne conduite et ont signé un contrat de service. Un coup de fil si besoin et hop, le voilà qu’il débarque, véhiculé par un autre saint-bernard qui le récupèrera ensuite.
« Nous avons établi un cahier des charges juridiques de plus d’une vingtaine de pages », prévient Gaétan Frisa, qui doit anticiper toute sorte de situation, du plus petit incident de parcours au plus gros. « Le team de chauffeurs peut accepter de travailler en solo ou en duo pour prendre des courses sur un territoire plus vaste, les chauffeurs sont libres d’effectuer des courses à tout moment de la journée et de la nuit, libres de leurs horaires », ne manque pas de préciser le concepteur.
La fluidité du système repose sur un recrutement large de sobres volontaires du volant (il en faudrait à terme 300 rien que pour la Côte-d’Or), mais aussi un mode de rémunération complémentaire recherché par des individus, ou plus encore des couples, qui peuvent déclarer jusqu’à 7 500 euros par personne et par année.

30 000 saint-bernard

D’aucuns évoqueront une nouvelle « ubérisation » du taxi de nuit. En réalité, le sérieux avec lequel Saint-Bernard Services a été conçu, permet enfin de donner une ambition beaucoup plus large et professionnelle à ce qui s’expérimente pour les jeunes avec les opérations « Sam » en boîte de nuits. On touche là un autre public, plus adulte, plus que jamais soucieux de conserver son permis et ne pas mettre la vie d’autrui en danger. Les saint-bernard savent conduire et ont de la conversation.
Il fut un temps où certains cafés et restaurants de la place dijonnaise, sous l’égide de l’Umih (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), firent des tentatives dans le genre, épuisées par les limites du volontariat. Saint-Bernard Services en a fait un business assumé, qui profite à des gens portés en même temps par l’envie de rendre service et la nécessité de gagner un peu plus leur vie, dédié à un public de plus en plus confronté à la réalité d’un (légitime) durcissement de la sécurité routière.
Le système fonctionne. Nous l’avons testé en direct pour vous au sein de la rédaction. Il a donc toute les chances de se développer à grande vitesse au cours des prochains mois. Gaétan Frisa et Frank Diolot veulent en faire une marque nationale franchisée. À raison de 300 inscrits par département, cela pourrait même donner naissance à une communauté de 30 000 saint-bernard sur l’ensemble de la France ! Vous imaginez la taille du tonneau ?


www.saint-bernard-services.com
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06.50.96.08.64