Fêtes de la vigne ou l’émouvant témoignage d’une longue amitié franco-polonaise

Derrière l’image réductrice d’un immense rassemblement folklorique, les Fêtes de la vigne, dont ce sera la 70ème édition en août prochain, ont scellé de nombreux destins. Comme en témoigne cette précieuse missive, qui fait le récit d’une amitié longue de 50 ans entre Cracovie et Dijon.

Par Michel Giraud pour Bourgogne Magazine
Illustrations: Trad’Culture

En 1965, lors des Fêtes de la vigne, le chanoine Kir en compagnie du groupe folklorique polonais auquel appartient Jozef.
En 1965, lors des Fêtes de la vigne, le chanoine Kir en compagnie du groupe folklorique polonais auquel appartient Jozef.

1945. Le chanoine Kir est en visite à Neufchâtel en Suisse, en pleine fête des vendanges. De retour à Dijon, il n’a qu’une idée en tête, dupliquer l’événement et offrir à sa ville un moment de distraction. « Les Fêtes de la vigne de Dijon naissent un an plus tard, en 1946″, souligne Charles Quénel, le président de l’associa­tion Trad’Culture, en charge désormais d’organiser un événement qui fête en 2016 ses 70 ans (voir plus loin). « Nous sommes au sortir de la guerre, et c’est Robert Levavasseur qui va mettre en musique cette grande fête populaire. Puis, dans les années 1950, le folklore s’impose comme un élément moteur de l’événement. Des groupes des pays de l’Est viennent se produire à Dijon. Compte tenu du contexte géopolitique, c’est déjà un symbole fort. »

Dans les années 1980, le festival devient mondial, des groupes d’Asie, d’Océanie, d’Amérique du Sud en sont les invités. L’histoire qui nous est contée ici est belle, elle est de ces grandes histoires d’amitié et de fraternité: « Nous sommes en 1965, poursuit Charles Quénel. À cette époque, les Fêtes de la vigne proposaient aux Dijonnais qui le souhaitaient d’accueillir des membres des groupes étrangers le temps d­’un repas, au nom de l’amitié entre les peuples, du partage des cultures. C’est comme ça que la famille Denis a accueilli chez elle un jeune danseur polonais d’un groupe des Tatras [ndlr : massif montagneux situé dans le sud de la Pologne]. Il faut se rappeler que nous sommes en pleine guerre froide. Le moment est symbolique. »

Ce repas est le point de départ d’une amitié à l’étonnante longévité. « En 2015, j’ai eu la surprise, mais surtout le plaisir de recevoir une lettre d’Yvette Denis-Prieur [voir notre document], la fille de la famille. Elle nous annonçait qu’elle partait à Cracovie pour fêter les 50 ans d’amitié qui la lient avec Jozef, le fameux danseur qui était venu manger dans sa famille ce jour-là! Quelques semaines plus tard, il nous a lui aussi envoyé une lettre. » La suite, c’est Yvette qui la raconte dans son courrier: « C’est grâce à cette heureuse initiative que ma vie s’est enrichie d’une famille d’adoption. Pendant ces 50 ans, ce furent de nombreux voyages en France et en Pologne, au cours desquels j’ai vécu tant de moments exceptionnels. » Yvette est même la marraine de la fille de Jozef! « Ils avaient envie de nous faire partager ce moment fort que fut la célébration des 50 ans de leur amitié, célébration qui a eu lieu dans un restaurant de Cracovie, conclut Charles Quénel. Envie de nous dire que c’est bien grâce aux Fêtes de la vigne que cette histoire d’amitié est née. N’est-ce pas émouvant?» 

Lettre d'Yvette Denis-Prieur
Lettre d’Yvette Denis-Prieur

Et de 70, pour les Fêtes de la vigne !

Les Fêtes de la vigne, festival international de folklore de Dijon, souffleront en 2016 leurs 70 bougies. Ce sera du 23 au 28 août, avec comme toujours des groupes du monde entier qui se produiront dans différents lieux de la cité des Ducs. Au-delà de Dijon, la fête essaimera partout en Côte-d’Or, notamment sur la côte viticole. Au programme: des spectacles, des concerts, des ateliers, des balades, des dégustations, des paulées, des conférences…

Plus d’infos sur www.fetesdelavigne.org