Villars-Fontaine: la grande popote de Vill’Art

Pierre Lignier a fait de son village un lieu où le terroir rencontre les arts et où les esprits sont libres, n’hésitant pas le transformer chaque année en une exposition grandeur nature pour des portraits sympathiquement mégalomaniaques. La 4ème édition de son festival Vill’Art, placée sous le signe des accords mets et vins, va encore faire causer d’elle, bien au-delà des Hautes-Côtes… 

Par Dominique Bruillot – Photos : Jean-Luc Petit

Pierre lignier

Le maire Pierre Lignier, fort de son passé d’artiste, ambitionne de rassembler à Villars, 140 habitants, le vin, la gastronomie et l’art.

Villars-Fontaine, c’est un peu le New York des Hautes-Côtes. On y parle de « street art », on y met des têtes en grand sur des panneaux, on fait bouger la rue, on navigue dans les couleurs saturées. Sauf que Villars-Fontaine c’est 140 habitants au compteur, un petit bourg hautement rural et bourguignon, avec des vignes autour, et un maire… un peu atypique, Pierre Lignier.

Quand Bacchus invite Lucullus 

Avant de faire dans le bleu-blanc-rouge de l’écharpe, l’homme a connu une carrière artistique. Ceci expliquant cela. Mais surtout, il considère, à juste titre, que le terroir n’est pas l’ennemi du créatif et que la ville n’a pas l’apanage des instincts événementiels. Il est vrai, que du terroir on en parle plus en ville qu’à la campagne, même si la campagne, les amis, c’est la définition même du terroir. Un « french paradox » de plus.
Vill’Art est ainsi né, sur un ton révolutionnaire mais avec des propos constructifs et rassembleurs qui, visez un peu les ambitions, veulent réunir le vin, la gastronomie et l’art. Rien que cela. « Quand Bacchus invite Lucullus » est même le titre ambitieux de la quatrième édition du festival, une grande popote joyeuse qui se tiendra du 22 au 31 août prochain. On s’y donnera rendez-vous pour entendre des conférenciers nous parler de chardonnay puis de pinot noir, mais aussi pour profiter de tout un tas d’animations. Les Puces de l’image (dimanche 24 août), annoncent ainsi une exposition-vente d’images et d’objets artistiques réalisés par des artistes de tous horizons, amateurs ou pas. La confrérie de Saint-Denis, née en ces lieux avec le concours de vignerons de Morey-Saint-Denis, y tiendra son quatrième chapitre le 30 août au soir. Le lendemain ce sera la Fête du village, avec repas et bal populaire. Comme chez Tati.

Arts plastique et gastronomique 

Pierre lignier 2Après avoir « portraitisé » et « colorisé » les défenseurs des climats de Bourgogne, Jean-Paul Gauthronnet s’attaquera cette année aux chantres de la table et de la vigne

Surtout, il sera possible de contempler les portraits grand format des cuisiniers et des vignerons encadrant la recette qui les a réunis. Jean-Paul Gauthronnet, qui fait partie des murs de Villars-Fontaine, va donc récidiver. Après avoir « portraitisé » et « colorisé » tout ce que la côte viticole compte de défenseurs des climats (l’auteur de ces lignes inclus en dernière minute), il va donc s’attaquer aux chantres de la table et de la vigne. Plus d’une centaine participeront à cette édition dont le souvenir se prolongera dans un livre témoin qui les réunira, et fonctionnera lui aussi comme un triptyque.

Voilà sans doute la plus grande performance de Vill’Art: comment impliquer autant d’acteurs en donnant à chacun la chance d’être vu en grand dans les rues et en tout beau dans un bouquin. La mégalomanie artistique, surtout quand elle est aussi sympathique, c’est culotté et ça marche. D’autant que Pierre Lignier a eu la bonne idée, en 2014, en conformité aussi avec le thème choisi, de lancer un grand concours de cuisine sur le thème de Tradition d’hier et d’aujourd’hui. 6 à 8 candidats seront retenus pour la finale du 7 juillet, afin de passer devant un jury présidé par le chef étoilé Stéphane Derbord et composé non seulement de cuisiniers, mais aussi de grands amateurs de cuisine, de professionnels du vin…
En vérité, on vous le dit, l’important n’est donc pas de savoir ce que l’on va y gagner matériellement (des repas gastronomiques pour les finalistes notamment), mais d’y participer, simplement pour l’estime de soi.