Vinexpo Bordeaux : ce qu’en pensent les Bourguignons

Vinexpo Bordeaux, le salon mondial du vin, vient de fermer ses portes. Malgré des stocks au plus bas, les Bourguignons s’y sont rendus en force. En quoi ce salon mondial du vin les intéresse-t-il ? Qu’apporte-t-il par rapport à concurrent allemand Prowein ? Éléments de réponses avec notre envoyé spécial.

Par Guillaume Baroin
Photos : Vinexpo

Les chaleurs caniculaires n’ont pas freiné les quelques 30 000 visiteurs quotidien de ce « mondial du vin » qu’est Vinexpo Bordeaux. Passé le trajet entre le parking bitumé et le grand hall, la fraîcheur de la climatisation donne envie de plonger dans le grand bain… bachique, cela va de soi.

Florent Rouve, vinificateur et gérant de Rijckaert, propriétaire et négociant en vins du Mâconnais, m’accueille avec un large sourire. Et encore mieux, un verre de blanc frais. Pour lui, le salon est avant tout l’occasion de faire « du relationnel, car 80% des contacts sont déjà de nos clients. Et cela permet d’équilibrer les ventes sur quelques clients à l’export qui composent l’essentiel de mon chiffre d’affaires« . Entendez : pas besoin de faire beaucoup de contacts, il faut juste qu’ils soient de qualité.

« Vitrine de la compagnie »

Autre point de vue avec Laure Guilloteau, une des « vinicultrices » de la grande maison Jean-Claude Boisset. « Bordeaux, c’est à la fois une vitrine de la compagnie, un moment de partage et de convivialité avec nos clients dans un bel endroit« , retient-elle. La maison organise pour l’occasion des événements « en off » comme avec la boutique Baccarat du centre de Bordeaux où l’on fait découvrir la marque JCB à la clientèle bordelaise. » Idem pour la maison Bichot, qui a entamé un partenariat avec le chic restaurant Côté Cuisine, mettant en valeur leurs vins tout le mois de juin. D’autres organisent des dîners-dégustation en ville ou dans des châteaux réputés du vignoble. Ce sont les fameux « offs » qui, à l’instar du festival Chalon dans la Rue, présentent une offre différente mais qui a toujours pour but la promotion du produit.

Pour Albéric Bichot, PDG de la maison éponyme, Vinexpo reste un salon incontournable. « On vient à Bordeaux car on respecte nos clients. Ils ont fait des milliers de kilomètres pour nous voir. Alors, même avec peu de vin à vendre, on doit être là pour eux ». Charles, son importateur québécois, acquiesce, un verre au bord des lèvres. Tabernacle !

« Salon glamour »

Franck Dubœuf, son homonyme de la maison Dubœuf en Saône-et-Loire, reconnaît des différences avec l’événement concurrent allemand de Düsseldorf qui a lieu en mars : « On n’a pas le même type de clients qu’à Prowein. Ici, c’est surtout pour l’image. Vinexpo, c’est un peu le Salon « glamour ». Nous recevons pour moitié les mêmes visiteurs mais avec plus de « petits » marchés. C’est aussi intéressant.« 

Grégory Barbet, de la maison de vins « Terroirs et Talents » dédiée aux vins du Mâconnais et Beaujolais, apprécie le temps pris sur le salon. S’il y a certes « moins de rendez-vous qu’à Prowein, ils sont plus qualitatifs. On prend le temps de vivre, c’est le côté “français“ de Bordeaux« .

« Deux événements très complémentaires »

Jean-François Joliette gère la maison nuitonne Louis Max. C’est assumé, il est un fervent défenseur de l’événement bordelais : « Le Vinexpo bashing m’agace ! Ceux qui critiquent Vinexpo ne travaillent pas sur le salon. On explique à nos clients que l’on a moins de vin à vendre. C’est dans ces moments-là que l’on doit être proches d’eux. On l’oppose à Prowein, mais il est en fait très complémentaire.« 

Pierre Jehan, directeur et œnologue de la maison Henri de Villamont enfonce le cep : « En étant présent à Vinexpo, on pense à l’avenir. On travaille le client aujourd’hui pour le marché de demain. Si on a trois millésimes « normaux », on aura sûrement besoin de ces nouveaux clients. On n’a pas les mêmes clients qu’à Prowein. On progresse fort sur l’Asie (ndlr, la Chine est le deuxième pays en nombre de visiteurs cette année) et le salon nous permet de cultiver notre client.« 

Voix dissonante 

Guillaume Deglise

Rare voix dissonante dans ce concert de louanges : Sophie Woillez, productrice au domaine de La Croix Montjoie en appellation bourgogne-vezelay, regrette à la fois « moins de commerces qu’à Prowein » et la date peu amène « car située juste avant les grandes vacances« . Cela tombe bien car Guillaume Deglise, directeur général du salon, vient d’annoncer que la date du prochain Vinexpo bordelais sera décalée « afin d’éviter les températures caniculaires du début d’été comme vécues lors de cette édition« . Un vigneron chablisien se confie : « Vinexpo est redevenu un salon important, mais il reste le plus cher… » Le même prix de stand qu’en 2015, avec un jour de soleil en moins, mais aussi un jour de vente…